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DSK, la fin de l’épreuve - Aux côtés de Myriam

Il peut passer autant de temps qu’il en a envie à Roland-Garros. Dominique Strauss-Kahn et Myriam L’Aouffir, le 30 mai, treize jours avant l’épilogue du procès pour proxénétisme.
Il peut passer autant de temps qu’il en a envie à Roland-Garros. Dominique Strauss-Kahn et Myriam L’Aouffir, le 30 mai, treize jours avant l’épilogue du procès pour proxénétisme. © Visual
Par Elisabeth Chavelet, Pauline Delassus et François Labrouillère

Relaxé dans l’affaire du Carlton, l’ancien patron du FMI a repris une vie normale auprès de Myriam, son nouvel amour.

Au prononcé de sa relaxe, vendredi dernier à Lille, Dominique Strauss-Kahn ­esquisse à peine un sourire. Il n’est pas surpris. Mais il est las de tout ce temps perdu en angoisse et en ­déballage sur la place publique. Il dirige son regard vers les trois femmes qui l’ont aidé à survivre : sa compagne, Myriam, sa deuxième fille, Marine, 29 ans, et sa fidèle des ­fidèles, la conseillère en communication Anne Hommel . Les trois ne peuvent retenir leurs larmes. Il leur fait signe de le rejoindre, avant de s’éclipser par une porte dérobée.
De retour à Paris, Myriam a préparé un buffet-goûter intime, chez eux, dans leur pied-à-terre du quartier Montparnasse. Avec une poignée de très, très proches. Et pas de politiques. Ces rares convives ne l’ont jamais lâché et se sont serré les coudes durant ces années noires. « Nous avons ressenti un soulagement triste », confie l’un d’eux. Alors, même blanchi, qu’il semble loin, pour l’ex-­ministre, le temps des mondanités polies et des rires obligés ! Sa conseillère et amie intime Anne Hommel, qui s’exprime ­rarement, ne peut réprimer un cri de ­colère : « Observez tous ces longs procès, DSK, Outreau ... qui finissent à blanc. Leur coût est choquant. Avec cet argent, on ­aurait pu construire un hôpital ou des centaines de logements. Ça me fait mal au cœur quand je sais, par ailleurs, la souffrance infligée à une famille et à un homme. »

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Après la décision du tribunal, Dominique Strauss-Kahn reçoit une avalanche de SMS de bravos de la part d’hommes et de femmes politiques de tous bords. Il y répond avec une extrême sobriété. Car, depuis quatre ans, l’ex-chouchou des ­médias, l’ex-star des sondages, l’ex-coqueluche de l’opinion a pris de la distance. « Il est désabusé », constate un ami politique qui lui a récemment rendu visite à Marrakech. Tous observent que c’est lui qui s’est éloigné d’eux, autant qu’eux lui ont tourné le dos. L’une de ses fidèles, la conseillère régionale d’Ile-de-France ­Michèle Sabban, résume : « Pour ne pas nous gêner, il s’est retiré en nous disant : “Vivez votre vie et moi la mienne.” »

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Devenu résident du Maroc, il s’est fait bâtir à Marrakech un havre de paix avec piscine

Une vie qui, depuis l’affaire du Sofitel de New York, en mai 2011, l’a démoli. Même son ami de longue date Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean-Jaurès, l’admet : « Il a vécu un truc de dingue. Il est vraiment costaud pour n’avoir jamais craqué. » Alors, ses proches le répètent en chœur : « Ne vous attendez pas à ce que Dominique ­retombe rapidement dans le chaudron médiatique. Il va lui falloir du temps pour redresser la tête, se redéployer. Mais il aura sûrement des mouvements de colère, d’envie ou de regret… » En clair, il va tenter de se ­reconstruire. Mais pour construire quoi de nouveau ?
Aujourd’hui, l’existence de Dominique Strauss-Kahn, 66 ans, a pour point d’ancrage le Maroc, ce pays où il a grandi. Avec Myriam L’Aouffir, sa compagne, ­native du Royaume, il s’est fait bâtir un havre de paix, à 10 kilomètres de Marrakech, sur la route de l’Atlas. Il vient s’y reposer après les milliers de kilomètres parcourus autour de la planète pour ­ ­honorer ses contrats de conseil, ses conférences et son business. Les invités sont tous ébahis par cette immense maison d’architecte à l’américaine, un cube de béton entouré d’une palmeraie, agrémentée d’une piscine géante aux dalles vert et gris. Une propriété où les marbres scintillent et où « tout est beau », s’émerveille un habitué. Il n’est pas rare que DSK lui-même vienne chercher ses invités dans leur hôtel, à Marrakech, au volant de sa Maserati noire dernier modèle. L’un deux raconte la scène : « Dans le hall, les petits Marocains crient à tue-tête : “Salut Dominique…” Ici, les gens l’adorent. » A commencer par le roi en personne, que Dominique, élevé à Agadir, conseille. Dans sa propriété, DSK reste comme à son habitude hyper-connecté au monde grâce à ses deux ou trois iPad. Il se détend avec les échecs et ses chers et indispensables jeux vidéo. « Ne manque qu’un peu de sport », déplore un proche.

30 mai 2015. L’après-midi, tennis ; le soir, champagne pour la finale de la Coupe de France au stade de France. Face à Auxerre, l’ex-ministre des Finances encouragera le PSG.
30 mai 2015. L’après-midi, tennis ; le soir, champagne pour la finale de la Coupe de France au stade de France. Face à Auxerre, l’ex-ministre des Finances encouragera le PSG. © Charles Platiau/Reuters

Le Maroc, où il bénéficie désormais du statut de résident, est aussi la nouvelle base arrière de Dominique Strauss-Kahn pour ses affaires. En janvier dernier, l’ancien patron du FMI a pris ses distances avec la France en liquidant sa société ­parisienne Parnasse, qu’il avait lancée fin 2012, après ses démêlés du Sofitel, pour vendre ses conseils à des grands groupes et gouvernements étrangers et facturer ses conférences. Une activité hautement rentable : en 2013, Parnasse affichait un chiffre d’affaires de 2,55 millions d’euros avec 766 300 euros de bénéfices. Immatriculée au Maroc, la société de « conseil ­juridique et de gestion » Parnasse International a pris le relais. C’est elle qui détenait 20 % du capital de la holding luxembourgeoise LSK (Leyne Strauss-Kahn & Partners), en faillite depuis le suicide, en octobre 2014, de son associé franco-israélien Thierry Leyne. Le passif de cette déconfiture avoisine les 100 millions d’euros, et des créanciers réclament leur dû devant la justice du Grand Duché. C’est l’ultime péripétie judiciaire que doit affronter Dominique Strauss-Kahn. « Il lui faut gérer au jour le jour les ardoises laissées par Thierry Leyne, explique un proche. Faux bilan, imitation de sa signature, il en ­découvre tous les jours. »

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Malgré ces aléas, l’hyperactif DSK ne songe pas à la retraite. Il a déjà un planning bien rempli de conférences pour les prochains mois. Conseiller des banques et des entreprises en Russie, Serbie ou Corée du Sud lui prend du temps. Et son carnet d’adresses reste très fourni, avec des relations personnelles au sein du FMI, de la Banque mondiale, en Allemagne ou en Chine. Mais ce sont des individus et pas des institutions. Et lorsqu’on a été grand argentier de Bercy et directeur du FMI, on aspire, bien sûr, à retrouver, comme dit son ami le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, « un statut international, à défaut de national ». Il ajoute : « Je pense que certaines institutions souhaitent faire appel à ses services. » ­Michèle Sabban, qui préside l’ONG verte R20, dont le fondateur est Arnold Schwar­zene­gger, confirme : « Dominique nous conseille. Et je crois qu’il est attendu, dans les prochaines semaines, pour parler économie, climat et environnement, par des présidents de grands pays africains comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Nigeria. » Cette aura internationale laisse-t-elle présager un retour sur la scène ­publique ? En politique, ­personne ne peut connaître l’avenir. Surtout pas concernant DSK. Mais aucun de ses proches ne lui voit un avenir politique en France. Même si « sa parole peut être entendue », estime Jean-Marie Le Guen.

Ici, les gens adorent DSK. Il conseille même le roi du Maroc

Pour se reconstruire, DSK peut compter sur le soutien de Myriam, la nouvelle femme de sa vie. Elle aussi vient d’ouvrir sa société au Maroc, une agence de communication. Blonde et élancée, silhouette élégante d’une parisienne BCBG, la quadragénaire apparaît pour la première fois à ses côtés en septembre 2012, dans les pages de « VSD ». Sur la photo, Dominique Strauss-Kahn la tient par la taille ; ils marchent dans une rue de Paris. Plus d’un an après avoir été accusé d’agression sexuelle à New York, l’ancien « maître du monde » semble, alors, avoir retrouvé une vie de couple. En mai 2013, ils montent ensemble les marches du Palais des festivals, à Cannes. Sous les flashs des photographes, leur liaison est officialisée. En septembre 2014, Dominique et Myriam s’affichent à nouveau lors du Festival du cinéma américain de Deauville, où apparaît également l’homme d’affaires Thierry Leyne, quelques semaines avant son suicide. Image glamour d’un couple qui dure, et signe apparent de stabilité dans la nouvelle vie de DSK. Le 30 mai, les deux amoureux assistent, dans les loges VIP du Stade de France, à la finale de la Coupe de France de football opposant le PSG à Auxerre. L’après-midi, ils sont dans les gradins de Roland-Garros.

Avec Aleksandar Vucic, vice-premier ministre serbe, le 17 septembre 2013.
Avec Aleksandar Vucic, vice-premier ministre serbe, le 17 septembre 2013. © Darko Vojinovic/AP/SIPA

Le couple aurait fait connaissance en 2007, lors d’une soirée organisée par l’ambassade du Maroc à Paris. « J’ai croisé Dominique Strauss-Kahn, il est très sympa », avait raconté Myriam à son mari en rentrant à la maison ce soir-là. Depuis, cette Marocaine de 46 ans a bouleversé une existence rangée de mère de famille pour rester au côté de l’homme politique déchu, reconverti dans la finance. En 2012, elle demande le divorce de son mari John Cloutier, ­patron d’une agence de communication, ruiné après leurs houleux démêlés judiciaires. Elle déménage du foyer familial des Hauts-de-Seine et demande la garde de leurs enfants de 15 et 5 ans. Myriam, souvent décrite comme « ambitieuse », a débuté comme attachée de presse à France Télévisions, avant de gravir les échelons pour devenir responsable de la communication numérique du groupe. Une belle performance pour cette diplômée en lettres modernes et communication, débarquée en France dans les années 1980, sans ressources ni carnet d’adresses. Comme son amie Ness Boubékry, présentatrice sur France 2, Myriam a fait ses armes dans le service public. « Mais cela ne lui suffit pas, confie une intime. Elle vise bien plus haut. » En mai 2014, elle a demandé un congé sabbatique à France Télévisions pour créer au Maroc sa propre entreprise, Daenerys’Com, au slogan évocateur : « Soyez maître de votre image. » Toujours en instance de divorce, Myriam L’Aouffir partage maintenant son temps entre Marrakech et Paris où, une semaine sur deux, elle s’occupe de ses deux fils. Tous, avec les quatre enfants de DSK, vont se retrouver bientôt dans son riad pour passer, dit l’un deux « le plus bel été de [leur] vie ».

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