JUSTICEMarseille: Le tueur en série Patrick Salameh nie être à l'origine de la disparition de Fatima

Marseille: Le tueur en série Patrick Salameh nie être à l'origine de la disparition de Fatima

JUSTICELes parents de la disparue soupçonnent un autre homme…
Zoulika et Mohamed Saiah, les parents de Fatima, une lycéenne de 20 ans disparue le 7 mai 2008 à Marseille, à l'ouverture du procès du tueur en série Patrick Salameh, le 12 octobre 2015 à Aix-en-Provence
Zoulika et Mohamed Saiah, les parents de Fatima, une lycéenne de 20 ans disparue le 7 mai 2008 à Marseille, à l'ouverture du procès du tueur en série Patrick Salameh, le 12 octobre 2015 à Aix-en-Provence - ANNE-CHRISTINE POUJOULAT AFP
Amandine Rancoule

A.R. avec AFP

Le tueur en série Patrick Salameh, qui comparaît depuis lundi devant les assises des Bouches-du-Rhône, accusé d’être à l’origine de la disparition d’une jeune fille, a nié toute implication et reçu le soutien des parents de la disparue qui soupçonnent un autre homme.

Patrick Salameh, 57 ans, condamné à la perpétuité pour trois autres disparitions et un viol, est poursuivi dans ce nouveau procès pour « l’enlèvement suivi de mort » de Fatima, une lycéenne de 20 ans disparue le 7 mai 2008 à Marseille.

Au président de la cour Jean-Luc Tournier qui lui demande s’il conteste les faits qui lui sont reprochés, l’accusé répond : « Totalement ».

« Pour moi ce n’est pas le bon coupable »

En début d’audience, devant un accusé stoïque, vêtu d’une chemise et d’un pantalon gris perle, Zoulika et Mohamed Saiah, les parents de la disparue, ont demandé à la cour de récuser la constitution comme partie civile de Meddy, petit ami de Fatima. C’est sur lui que pèsent leurs soupçons.

« Il n’y avait aucun lien entre eux, vous ne pouvez pas accepter cette partie civile là, c’est une usurpation », a fait valoir l’avocat des parents, Victor Gioa. « Meddy est à l’origine des recherches de Fatima, c’est grâce à lui que ce procès peut avoir lieu », a répondu Félix Allary, l’avocat de Meddy, insistant sur les liens sentimentaux qui unissaient Fatima et Meddy qui « s’étaient fiancés ». « Non », interrompt le père de la jeune fille. La cour a décidé d’attendre la fin des débats pour prendre une décision sur Meddy.

L’attitude des parents de Fatima envers le jeune homme a changé durant l’enquête. Zoulika Saiah avait d’abord expliqué que Fatima était une « fille studieuse » qui « avait une « liaison sérieuse » avec Meddy. Mais quelques semaines après la disparition, les parents faisaient part aux enquêteurs de leurs soupçons concernant Meddy.

« J’attends que la justice trouve le bon chemin, ils n’ont trouvé ni le cadavre ni ADN », a déclaré avant l’audience Zoulika Saiah qui espère toujours que sa fille soit en vie.

Pour Mohamed, le père de Fatima, « il n’y a aucun indice » que Salameh soit impliqué. « Pour moi ce n’est pas le bon coupable », a-t-il dit, également hors audience. Ils seront entendus plus tard dans la semaine.

Salameh lui avait demandé d’appeler des baby-sitters

La jeune fille a disparu alors qu’elle se rendait à un rendez-vous fixé depuis une cabine téléphonique par un homme qui lui avait proposé de faire du baby-sitting. Près de deux heures après l’heure de la rencontre, Meddy qui l’avait accompagnée jusqu’à une station de métro à proximité du lieu de rendez-vous, avait reçu un dernier texto : « J’ai rencontré une ancienne copine, je serai de retour ce week-end ». La jeune fille n’a plus jamais donné signe de vie.

Après plusieurs fausses pistes, les enquêteurs avaient fait le rapprochement avec les disparitions, en octobre 2008, de trois prostituées. Une quatrième, Soumia, avait réchappé à la mort in extremis. Son témoignage avait permis d’interpeller Patrick Salameh.

Dans les cinq cas, le mode opératoire pour attirer les victimes est identique : elles sont contactées par téléphone, soit depuis une cabine téléphonique, soit par l’intermédiaire d’un téléphone portable emprunté à un inconnu dans la rue.

L’un d’entre eux, Susy, a formellement reconnu Patrick Salameh après la disparition de Fatima. Salameh lui avait demandé d’appeler des baby-sitters pour leur fixer rendez-vous.

Patrick Salameh a été condamné en 2014 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 22 ans, pour la disparition des trois prostituées et le viol de Soumia. L’avocat général avait fait alors le portrait de l’un des plus grands tueurs en série français. Pour Emmanuel Molina, avocat de Salameh, « les éléments (contre lui) sont radicalement insuffisants » et « la démonstration n’est pas faite de la présence de Salameh à proximité du lieu » de la disparition de Fatima.

Le procès est prévu jusqu’au 23 octobre. Patrick Salameh encourt à nouveau la réclusion criminelle à perpétuité.

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