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Troubadour: Quelle Ineptie!

    Troubadour semble être le vocable à la mode utilisé par certains de nos artistes pour aujourd’hui justifier la cadence où le rythme”siwel” qu’excécutent, depuis longtemps plusieurs petits groupes musicaux de Port-Au-Prince et des villes de provinces.

      Il a existé dans le passé des troubadours francais, espagnols, haitiens et autres; il en existe encore. Il serait acceptale de ne pas pouvoir distinguer le rythme “siwel” de ses derivés qui furent baptisés par nos ainés de “Ti Jocelyne”, “Marengwen” et “bannan  pouyak” mais, confondre le concepte ‘troubadour’ avec les rythmes cités plus haut est une grave erreur ou une ineptie. Analysons la sgnification du mot par des exemples concrets et faisons ensemble quelques illustrations.

      Voici comment Le petit Larousse definit le mot Troubadour” Troubadour n.m(anc. Prov, trobador, trouveur). Poête lyrique des XI et XIII siècles  qui composait ses oeuvres en langue d’oc, adjectif, se dit d’une mode qui se manifeste dans les letters et les arts en France sous la restauration et qui se caractérise par une libre évocation du Moyen Age at du style gautique. Partant de cette définition, nous pouvons dire que le troubadour est quelqu’un qui chante ou déclame de la poesie romantique, réactionaire ou révolutionaire. La poesie serait elle donc l’un des critères éssentiels qui caractérisent ce mouvement?

    A Paris, pendant les années 1940, Georges Brassens, poête, écrivains, guitariste et journaliste de gauche, éprouvait un grand plaisir à chanter les poêmes d’Aragon, de Francois Villon et de Francis James. Autant que je me rappelle, ses plus célèbres interprétations furent “ Ballade des dames du temps de jadis”, Il n’y a pas d’amour heureux  et “La prière”( Phillips Stereo 6683 004).

     Dans l’unique entrevue que j’ai eu avec Georges Moustaki, il affirma que Brassens fut le troubadour de tous les temps. D’ailleurs me disat-il, Brassens fut son père spirituel aussi bien que celui de Jacques Brel , de Jean Ferrat et bien d’autres encore. 

    Du coté espagnol, des chansons romantiques inondèrent Port-Au_Prince et ses faubourgs . Guantanamera, poême de Jose Marti, Granada, une chanson écrite par Algustine Lara depuis 1932, Obsession et Perdon de Jose Flores demeurent jusqu’aujourdhui des joyaux pour plusieurs générations.

                        Perdon vida de mi vida
                        Perdon si el que te falta
                        Perdon carinito amado
                       Angel adorado
                       Dame tu perdon     (CD T-302 Los Panchos: Exito De Oro Oricon)

   Chez nous, en Haiti, les mouvements rythmiques des ballades françaises et espagnols engendraient la création de plusieurs trios  qui interprétaient non seulement la musique d’outre-mer mais aussi des inspirations où compositions locales. Ces cabotins, ces pleurnichards, à travers des textes bien écrits, portèrent plaintes contre leurs coeurs, dénoncèrent les inégalités, les abus et compréhensions de leurs sociétés( Elections Legislatives et L’huile De ricin de Linstant Despradines et de Théophile Salnave ( Zo).

   Les observations et témoignages de nos ainés suggèrent que les troubadours sont des artistes qui, pendant la nuit, donnent des sérénades, des concerts de voix et d’instruments seuls, sous les fenêtres de quelqu’un pour l’honorer. Citons, par examples, Les voix d’ or, Les gais Troubadours de Cabral et les Trouveres de Charles Paul. Toutes fois, c’est bien malheureux que les jeune de moins de soixante années ne peuvent s’identifier à ces mouvements d’innocence; d’autant plus les archives sont presqu’inexistantes.

   Qu’en est il de Jeunesse Sentimentale dont l’une des chansons fut imprimée par Nemour Jean Baptiste et Louis Lahens? Ce refrain y est inclu:

                               Je voudrais t’embrasser
                               Et mes yeux dans tes yeux
                                  Traverser l’infini
                                  Au delà des étoiles   ( Gracieuse Créature Composition de Wawah Fortere) 

   Rendons hommage au groupe “Confidents de Jacmel” qui, par leurs chansons poétiques  notamment Petite Marie) avaient rendu facile la vie romantique de la jeunesse de Jacmel( mélodie de Michel Desgrottes, texte d’Ansy Desrose).

                           C’est si beau l’amour
                          Que je lise dans tes yeux
                          Petite Marie adorée
                         Quand viendras tu dans mes bras
                         Petite chérie
                         Pour l’instant des baisers

   Comment oublier Les Charmeurs du Cap, un groupe qui a popularisé “ Désespoir” que les mélomanes connaissent sous le nom de “ Que de larmes j’ai versé”:

                        Que de larmes j’ai versé
                        Lorsque tu m’as quitté
                        Jour et nuit j’ai pleuré
                        Comme un fou j’ai crié
                        Comme un loup j’ai hurlé

    En 1994, Dadou Durocher imprima un CD titre” Sérénade Amba Fenet/ Les Romantiques RJ 810).  Aux dires d’Edgard Gousse, ce disque audio-numérique fait jaillir de la fière cité , Jacmel, le cri, la déchirure …. Voila aussi la voie: celle des romantiques dans une sérénade hors lieu. Confidence pour confidence , dirions-nous!

    Anilus Cadet, Achille Paris (ti Paris), Gesner Henry, Rodolphe Legros furent tous des troubadours. Ils ont tous chanté de la poesie, donné des sérénades aux personnes de leurs choix, tandis qu’ils passèrent d’un status de musicien à un autre. Pikan Kwenna de Anilus Cadet  demeurt un énigme pour les collectioneurs de musiques, Lina de ti Paris est un joyau à cause de ses images frappantes; les chamsons de Molin interprétées par Coupe Cloue l’ont valu ses premiers lauriers et Manman Nanotte de Dodophe Legros fait partie des chansons immortelles que les coeurs qui s’aiment ne peuvent oublier. 

   Toutesfois, en ce début de siècle, Bethova Obas est le troubadour haitien des temps modernes. Affirmer que cette forme d’impression musicale que represente ‘Troubadour” émanne du Compas Direct est réelement une ineptie. Jusques à quand, jeunes musiciens de mon pays, abuserez vous l’ignorance et l’innocence de mon peuple?



Adrien B. Berthaud

 Publié sur L’expression, 30 Mai 2003-page 16.
 Publié sur Mercure- Magazine de la Haitel, Haiti- Mai 2003