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Patricia San Martin,
61 ans

Patricia San Martin avait fui la dictature de Pinochet. Loin du Chili, son rêve d’un monde meilleur s’est brisé un soir de novembre au Bataclan. « Aller au concert avec sa fille et son petit-fils, je pense que ce fut un dernier bel instant pour elle », veut croire son fils, Fabien Delplace. Ce vendredi 13 a aussi emporté Elsa, la fille de Patricia et sœur de Fabien, mais il ­a épargné Louis, le petit-fils.

Très proche de sa mère, son fils se souvient : « Elle m’appelait bébé, poursuit celui qui est désormais trentenaire. Elle me disait qu’elle m’appellerait comme ça toute la vie. »

Patricia San Martin, 61 ans, vivait en France depuis 1976. Lors de son arrivée, la jeune femme s’installe dans le Val-de-Marne avec ses parents. Ses deux sœurs et son frère, tous plus âgés, restent au Chili. Première destination : Fontenay-sous-Bois, lieu d’accueil privilégié pour les réfugiés politiques chiliens.

Le père de Patricia milite alors au Parti communiste. Elle hérite de son goût pour l’engagement politique, et plus encore, pour le syndicalisme. Pour la bibliothécaire de Sevran (Seine-Saint-Denis), un seul syndicat possible : la Confédération générale du travail. A partir des années 2000, la fonctionnaire devient même permanente de la CGT en tant que responsable des agents communaux de la mairie.

« J’en garde le souvenir d’une militante qui allait au bout de ses convictions, capable d’affrontements très durs, dit son ami Baptiste Talbot, secrétaire général de la fédération CGT des services publics, un ancien de Sevran. L’un de nos camarades l’avait surnommée la Pasionaria. »

On imagine les discussions avec son oncle socialiste, Ricardo Nunez, actuel ambassadeur du Chili au Mexique. Patricia San Martin retournait de plus en plus dans son pays natal. Une fois l’an. « A la retraite, précise son fils, elle aurait même aimé vivre la moitié de l’année là-bas. » Son corps y repose désormais.

Adrien Pécout

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