C’est un homme au physique passe-partout que la justice présente comme un grand tueur en série dissimulé sous un vernis d’hypernormalité. Patrick Salameh retrouve, lundi 12 octobre, le box de la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, où il a déjà été condamné, en avril 2014, à la réclusion criminelle à perpétuité. Ce Marseillais de 57 ans a été reconnu coupable de « l’enlèvement suivi de mort » de trois prostituées étrangères travaillant sur les trottoirs de Marseille, à l’automne 2008. Leurs corps n’ont jamais été retrouvés. Il répondait aussi de la séquestration et du viol d’une quatrième femme qui, elle, a eu la vie sauve.
Cette fois, Patrick Salameh est accusé d’avoir enlevé et tué une lycéenne marseillaise. En mai 2008, Fatima Saiah était allée à la rencontre d’un homme qui l’avait sollicité en l’appelant depuis une cabine téléphonique pour garder ses deux enfants, dans les quartiers nord de Marseille. Elle n’a plus jamais donné signe de vie. Plusieurs mois plus tard, les enquêteurs avaient fait le rapprochement avec les disparitions, en octobre 2008, des trois prostituées, elles aussi contactées depuis des cabines publiques.
Pour Gilles Rognoni, l’avocat général qui avait requis contre lui en 2014, son arrestation a entraîné « l’extinction d’un des plus grands souffles criminels du début du XXIe siècle ». Le parcours de Patrick Salameh est jalonné de violences explosives. En mai 1993, dans le box de la cour d’assises du Var, se souvient un avocat, il avait décoché un violent coup de poing à un coaccusé pour une déclaration qui n’était pas à son goût. Il était alors jugé pour une série de vols à domicile, mais dans cette équipe de braqueurs, Salameh se singularisait par ses débordements, tuant le chien de la maison ou commettant une agression sexuelle sur une jeune femme séquestrée. Cela lui avait valu vingt ans de réclusion.
« Viol psychologique »
Tous ceux qui l’ont croisé décrivent un personnage à double visage. Une religieuse d’un centre d’hébergement du Puy-en-Velay (Haute-Loire), où Patrick Salameh, en liberté conditionnelle, passait, en 2006, pour l’exemple parfait d’une réinsertion réussie, a témoigné de sa volte-face : « Il me faisait des avances, ne comprenait pas mon vœu de chasteté. Jusqu’au jour où il a glissé sous ma porte une lettre que je considère comme un viol psychologique. » Selon elle, « son regard se vidait parfois comme s’il s’égarait dans une double personnalité, à la Dr Jekyll et Mister Hyde ».
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