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France / COP21

Les dix acteurs majeurs de la COP21

Symboles de la diversité du monde, ces dix personnalités vont se retrouver à la COP21 autour d’un objectif commun mais avec des priorités différentes, voire antagonistes. De leur détermination à trouver un accord et de leur sens des responsabilités dépendra le succès de ce sommet auquel participent 195 nations.

Qui sont les dix acteurs majeurs de la COP 21 ?
Qui sont les dix acteurs majeurs de la COP 21 ? Montage RFI
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AFP PHOTO / MIGUEL MEDINA

Laurence TUBIANA (France)
Nommée représentante spéciale du gouvernement français par le Quai d’Orsay en juillet 2014, cette scientifique sera le bras droit du président de la COP21 Laurent Fabius durant la durée de l’événement et c’est un peu sur elle que repose la réussite de la conférence, une obligation pour la France et son gouvernement. Née à Oran en 1951, Laurence Tubiana a fait une grande partie de sa carrière à l’Inra (Institut national de recherche agronomique) où elle a été chargée de recherche puis directrice de recherche avant de devenir conseillère environnement du Premier ministre Lionel Jospin de 1998 à 2002. Rompue aux négociations sur le climat et aux sommets internationaux, elle était déjà à Copenhague en 2009 et fait partie du Conseil consultatif scientifique de 26 membres créé à l’ONU par Ban Ki-moon. Depuis sa prise de fonction, elle est déterminée à soutenir « un agenda positif » à la COP21 et à démontrer que la lutte contre le dérèglement climatique peut apporter des bénéfices majeurs en termes de croissance. « Je n’emploierais pas le terme "dernière chance", je dirais plutôt que Paris est "la meilleure chance" », dit-elle à propos de cette Conférence sur le climat. « Pour beaucoup de pays, dont la Chine et le Brésil, mettre en place une politique climatique n’appartenait pas à leur horizon. Cela a changé aujourd’hui », faisait-elle aussi remarquer en août dernier dans une interview au Journal du Dimanche.  

AFP PHOTO/ERNESTO BENAVIDES

Manuel PULGAR-VIDAL (Chili)
En tant que ministre péruvien de l’Environnement, poste qu’il occupe depuis décembre 2011, Manuel Pulgar-Vidal avait piloté la COP20 au Pérou en décembre de l’année dernière. Cet avocat de formation, spécialisé d’abord dans le droit des entreprises puis dans celui de l’environnement, s’était démené pour arracher un accord, il y a un an. Un accord a minima certes, conclu après avoir prolongé de 30 heures ce Sommet de Lima qui s’était étiré jusqu’au dimanche. Manuel Pulgar-Vidal avait obtenu que l’ensemble des pays conviennent d’une baisse globale des émissions de 40 à 70 % d’ici 2050 et qu’ils adoptent un format sous la forme de contributions nationales (les fameuses INDC), ce qui n’était jamais arrivé jusque-là. Sa ténacité et son expérience ont fait de lui un allié précieux de son successeur Laurent Fabius pour préparer cette Conférence sur le climat. « Le monde entier nous regarde », avait-il lancé à Bratislava le mois dernier quand les préparations à la COP21 commençaient à se gripper. « Nous avons mis cinq ans pour négocier, il est temps de prendre des décisions », a-t-il poursuivi quelques semaines plus tard en faisant référence à la conférence de Cancun en 2010. Parallèlement, le ministre vient d’annoncer la création dans son pays d’un parc naturel de 1,5 million d’hectares près de la frontière avec le Brésil : le Sierra Del Divisor National Park, un signe fort dans un pays où le principal problème environnemental est la déforestation. De quoi aussi faire oublier la polémique de cet été quand il avait fait un selfie sur le perron du Palais présidentiel au sortir d’un Conseil des ministres, une faute de goût guère apprécie du côté de Lima.

Photo : Anne-Cécile Bras

Seyni NAFO (Mali)
Fils d’un banquier international, ce Malien âgé de seulement 34 ans représentera l’Afrique à la COP21 mais c’est un citoyen du monde : enfance au Tchad et en Arabie saoudite, études secondaires en France près de Pontoise puis « business school » aux Etats-Unis et débuts dans la finance comme trader à Chicago et ensuite à Montréal. Persuadé que l’on peut transformer le « fardeau » de la lutte contre les changements climatiques en « solutions » pour un monde plus juste, il voudrait que les pays riches financent l’adaptation des pays les plus menacés au quotidien. « Nous ne sommes pas dans la même logique que la Chine et l’Inde où il faut décarboniser l’économie car dans la plupart des pays africains, le système énergétique est embryonnaire », rappelle-t-il. Seyni Nafo souligne souvent que son continent est responsable d’à peine 3 % des émissions mondiales mais qu’il risque d’être la principale victime des changements climatiques. « Non seulement l’Afrique est la région qui a le moins d’émissions de gaz à effet de serre et qui est la plus vulnérable, insiste-t-il, mais elle est aussi la région avec le plus grand potentiel d’énergies renouvelables et qui a le taux d’accès à l’énergie le plus bas ». Négociateur hors-pair, Seyni Nafo avait joué son rôle en rejetant le document qui devait servir de base aux négociations début octobre à Bonn car « trop déséquilibré et ne reflétant pas les positions du groupe des Etats d’Afrique ». Il prône aussi un projet plus ambitieux que les 10 milliards de dollars annuels promis jusqu’en 2018 par le Fonds vert aux pays les plus vulnérables.

Photo : WWF United Kingdom

Nozipho MXAKATO-DISEKO (Afrique du Sud)
La représentante de l’Afrique du Sud à la COP21 et porte-parole du G77 (la coalition des pays en développement), Nozipho Mxakato-Disepho, n’a pas sa langue dans sa poche, c’est le moins que l’on puisse dire. Lors des discussions de Bonn en octobre, elle a ni plus ni moins assimilé la position des pays riches à de l’ « apartheid » à l’égard des pays en voie de développement quand elle s’est rendu compte que les demandes du G77 avaient été occultées du texte préparatoire de vingt pages pour le Sommet de Paris. « Nous sommes dans une situation où nous sommes ni plus ni moins privés de nos droits et nous devons renégocier notre place dans le processus », avait-elle poursuivi. Cette diplômée d’Oxford, au curriculum vitae long comme le bras d’un basketteur, sait de quoi elle parle, elle qui fut activiste au sein de l’ANC à Soweto du temps où la ségrégation avait toujours court dans son pays. Toute sa carrière semblait la destiner au rôle qu’elle tient aujourd’hui, comme par exemple sa thèse de maîtrise en philosophie, intitulée « le Rôle des Nations unies dans la décolonisation de l’Afrique », un mémoire d’études qui l’a conduite à rejoindre naturellement l’ONU où elle œuvre depuis vingt ans désormais. Malgré sa sortie sur l’apartheid qui n’est pas passée inaperçue, Mme Mxakato-Diseko est considérée par ses collègues comme une personne constructive. Il faut dire qu’elle a eu de la pratique à la tête du G77, ce groupe hétérogène où l’on retrouve aussi bien des géants comme la Chine et l’Inde que des pays producteurs de pétrole, des petits Etats insulaires ainsi que tous les pays africains, le continent dont elle est issue.

AFP PHOTO / ATTILA KISBENEDEK

Todd STERN (Etats-Unis)
Si les Etats-Unis se montrent désormais un peu moins réfractaires à lutter contre le réchauffement climatique, combat longtemps synonyme pour eux de contraintes inacceptables et d'atteinte à l'American way of life, ils le doivent à des hommes comme Todd Stern, nommé dans ses fonctions d’envoyé spécial sur le changement climatique en janvier 2009 par Hillary Clinton, alors en charge de la diplomatie américaine. Todd Stern est lui aussi un habitué de ces sommets sur le climat. Il était d’ailleurs déjà en poste sous l’administration Bill Clinton lors de la signature du protocole de Kyoto en 1997, protocole que le Congrès américain s’est toujours refusé à accepter, au grand dam de cet avocat de longue date pour une économie plus verte. Dix-huit ans après Kyoto, le représentant américain à la COP21 se montre raisonnablement optimiste quant au succès du Sommet du Bourget, au point qu’il prend depuis plusieurs mois des cours de français, peut-être pour être sûr d’être en phase avec ses hôtes. « Si on avait dit,  il y a ne serait-ce qu’un an, que 195 pays viendraient à Paris avec des propositions concrètes, personne ne l’aurait cru », déclarait-il récemment à la radio publique NPR. Conscient de son poids dans les négociations mais aussi de la valeur d’exemple des Etats-Unis, Washington a dévoilé l’été dernier un ambitieux Plan pour une énergie propre (Clean power plan) qui vise à limiter de 32% les émissions de carbone en 2030 par rapport à 2005, dans la lignée de mesures coercitives envers les pollueurs dont Volkswagen, par exemple, a fait les frais en septembre dernier. Reste néanmoins à convaincre un Congrès à majorité républicaine qui n’a jamais fait de l’écologie son cheval de bataille et qui ne voudra pas d'un accord juridiquement contraignant.

Stefen Chow/Fortune Global Forum

Zhenhua XIE (Chine)
Preuve de son statut assez unique au sein de l’appareil politique chinois, Zhenhua Xie, qui sera le négociateur de la Chine à la COP21, est revenu aux affaires au printemps dernier alors qu’il avait officiellement pris sa retraite en février, à l’âge de 65 ans. Ce retour, motivé par l’imminence du Sommet du Bourget, marque l’importance que revêtent désormais les questions environnementales pour Pékin. Si les Chinois, responsables d’un quart des émissions polluantes sur la planète, sont depuis assez longtemps conscients des enjeux, ils se sont souvent distingués par le refus des contraintes, des contraintes assimilées chez eux comme une nouvelle forme d’impérialisme imposée par les Occidentaux. C’est beaucoup moins le cas aujourd’hui, pour preuve leur engagement de réduire de 60 à 65% leurs émissions de gaz d’ici 2030 à comparer avec leur promesse de les réduire de 40 à 45% en 2020 par rapport à 2005. Membre du Parti Communiste depuis 1969 (il avait 20 ans à l’époque) Zhenhua Xie est l’un des grands artisans de cette nouvelle approche, lui qui s’est toujours fait le promoteur des causes environnementales dans son pays, ce qui lui valu d’ailleurs d’être récompensé en 2003 du prix Sasakawa décerné par le Programme des Nations unies pour l’environnement. On retiendra particulièrement à son actif le dialogue positif engagé avec les Etats-Unis de Todd Stern en vue d’un plan conjoint sino-américain pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Pékin compte ainsi investir 6,7 milliards de dollars dans les industries sobres en carbone d’ici 2030, l’année qui devrait marquer son pic d’émission de CO2.

AFP PHOTO / SAJJAD HUSSAIN

Prakash JAVADEKAR (Inde)
Autre « poids lourd » mondial en termes de pollution, l’Inde se sait dans le collimateur de nombreux participants à la COP21 mais elle n’entend pas se laisser faire. C’est en gros le message qu’a voulu faire passer son ministre de l’Environnement et des Forêts, Prakash Javadekar, quand il s’est entretenu avec RFI début novembre. Bien que consciente du problème du réchauffement climatique, l’Inde ne veut pas pour l’instant sacrifier sa croissance. Contrairement aux Chinois qui ont fixé à 2030 la date de leur « pic », autrement la date à partir de laquelle la courbe de leurs émissions devrait s'inverser, l’Inde s’y refuse pour le moment. Très ferme sur ses positions, Prakash Javadekar met en avant les efforts consentis par son pays sur le plan de la reforestation, de l’aide aux ménages pour consommer moins de charbon, de la promotion des véhicules électriques ou encore le lancement d’une « Alliance solaire » à laquelle pourraient participer une centaine de pays. Et il a des mots assez durs en direction des pays riches qui « n’en font pas assez », selon lui, notamment en termes de lutte contre le gaspillage. Même s’il s’agit peut-être d’une posture, il faudra se montrer très persuasif au Bourget pour obtenir des concessions de la part d’un négociateur qui a d’abord fait carrière dans la banque et qui ne se prive jamais de rappeler que plus de 300 millions de ses compatriotes ne disposent toujours pas de l'électricité à leur domicile.

AFP PHOTO / PATRIK STOLLARZ

Christiana FIGUERES (Costa Rica)
Elle le reconnaissait elle-même récemment dans Libération, Christina Figueres est affublée d’un titre « horriblement compliqué ». Il est vrai que, même en n’utilisant que l’acronyme, on fait plus simple que « secrétaire exécutive de la CCNUCC », la CCNUCC étant la Convention cadre des Nations unies pour les changements climatiques. Issue d’un pays modèle en termes de protection de l’environnement, la Costaricienne Christina Figueres est avec les COP comme l’équipe du Brésil avec les Coupes du monde de foot : elle n’en a jamais loupé une seule, en vingt-et-une éditions. Fille de l’ancien président du Costa Rica José Figueres Ferrer, Christiana Figueres est devenue la « Madame Climat » de l’ONU en mai 2010, le couronnement d’une carrière très riche qui l’a vue entre autres fonder le Centre pour le développement durable des Amériques en 1995 à Washington. En ce qui concerne la COP21, Christiana Figueres est à ranger dans le camp des optimistes car elle sait le chemin parcouru depuis l’échec de Copenhague en 2009. « La situation a changé, souligne-t-elle d’abord parce que tous les pays expérimentent aujourd’hui les conséquences du changement climatique ». Même si elle sait que, en l’état actuel des discussions, on est encore plus près des 3 °C que des 2°C d’augmentation de température à l’horizon 2100, elle ne désespère pas que l’on y parvienne un jour. « L’Accord de Paris, indique-t-elle, a toujours été pensé comme un texte évolutif qui guidera l’économie mondiale pendant les deux ou trois prochaines décennies ». Plus important encore, elle estime qu’il y a désormais « un consensus » en faveur d’un mécanisme de révisions des objectifs tous les cinq ans.

AFP PHOTO/STR

Sultan Ahmed AL JABER (Emirats arabes unis)
Outre l’urgence de la lutte contre le réchauffement climatique, les Etats du golfe sont confrontés à une autre date butoir : celle de l’épuisement de leurs ressources en gaz et en hydrocarbures d’ici 150 ans, conjuguée à leur manque d’eau. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles les Emirats arabes unis sont à la pointe de la recherche en matière d’énergies renouvelables, et en particulier leur ministre de l’Energie et du changement climatique, Sultan Ahmed Al Jaber. Figure bien connue dans les arcanes de l’ONU, cet Emirati titulaire de doctorats en économie et en ingénierie chimique après des études menées en Grande-Bretagne puis en Californie voudrait doubler la part des énergies renouvelables dans le monde d’ici 2030. Pour montrer l’exemple, il s’appuiera sur la contribution présentée par son pays au Bourget : une INDC qui prévoit entre autres de faire passer la part des énergies propres dans les Emirats de 0,2% en 2014 à 24% en 2021. En plus de son portefeuille de ministre, M. Al Jaber supervise l’avancée des travaux de Masdar City, la première ville au monde construite pour une vie zéro carbone, zéro déchet, un projet futuriste qui connaît pour le moment du retard à l'allumage. Déterminé à ce que la COP21 marque un tournant, le ministre estime que chaque nation participante se trouve face à une opportunité formidable « de saisir les retombées économiques et sociales positives de l’action climatique et de permettre la transition vers un avenir économique durable et pérenne ».

Photo : International Open Data Conference

James FLETCHER (Sainte-Lucie)
Ils sont ceux qui ont le moins de poids à l’international et ceux qui sont en même temps les plus menacés à court terme par les effets du réchauffement climatique, ceux dont l’existence même dépend du succès ou non de la COP21 : les petits Etats insulaires en développement. C’est le cas de Sainte-Lucie dont James Fletcher sera le représentant au Bourget à partir du 30 novembre. Ministre des Services publics, du Développement durable, de l’Energie, des Sciences et Technologie de ce petit état de 170 000 habitants, ce docteur en Philosophie et en Physiologie des cultures sera aussi la voix de l’Organisation des Etats de la Caraïbe orientale, organe qui regroupe neuf îles caribéennes, dont les départements d’Outre-mer français de la Guadeloupe et de la Martinique. Dans sa lettre de contribution à la COP21, Sainte-Lucie (selement 0,0015% des émissions mondiale) prône, comme beaucoup d’autres Etats insulaires, de limiter à 1,5° C  (et non à 2° C) le réchauffement d’ici 2100, un objectif en forme de vœu pieux car il semble hors d’atteinte en l’état actuel des négociations. De plus en plus malmenée par les ouragans à répétition qui se succèdent dans la zone Caraïbes, l’île située entre Saint Vincent et la Martinique craint pour sa survie et son économie qui dépend pour une très grande part du tourisme. James Fletcher en appelle donc aux Etats voisin comme aux pays riches pour de l’assistance technique et pour la création d’un système d’alerte précoce. « Chaque dollar dépensé en matière de prévention équivaut à 20 ou 30 dollars dépensés après une catastrophe », soulignait-il récemment en insistant sur la très grande vulnérabilité de pays comme le sien face aux variations du climat.

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