Le défi que lance Oracle à Amazon dans le cloud a tout du coup de bluff

Plus connu dans le cloud pour ses logiciels à la demande, le géant américain de l’informatique Oracle s’attaque à Amazon Web Services, roi du cloud d’infrastructure. S’agit-il d’une manœuvre de communication ou d’une réelle capacité à chambouler le marché ? Eléments d’analyse.
 
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Le défi que lance Oracle à Amazon dans le cloud a tout du coup de bluff
"Nous sommes prêts à concurrencer Amazon Web Services en prix", a lancé un Larry Ellison, qui n’a décidement pas froid aux yeux. Le cofondateur, président exécutif et CTO d’Oracle a en effet décidé de déclarer la guerre à Amazon dans le cloud. Fin juin, il a lui-même présenté une vingtaine de nouveaux services d’informatique à la demande dans les segments de plateforme (PaaS pour Platform as service) et d’infrastructure (IaaS pour Infrastructure as a service), largement dominés aujourd’hui par Amazon Web Services, le bras armé d’Amazon dans le cloud computing. Objectif: tailler des croupières au leader du marché en cassant les prix comme le fait Google depuis mars 2014. C‘est du moins ce qu‘il espère. "Notre service d’archivage de données offre les mêmes fonctionnalités que le service Glacier d’Amazon Web Services pour un prix 10 fois inférieur", vante t-il.
 
Jusqu’ici, l’homme fort d’Oracle réservait ses attaques contre Salesforces, son ennemi juré dans le segment du logiciel à la demande (SaaS pour Software as a service). Un positionnement logique compte tenu de sa place de numéro deux mondial du logiciel, derrière Microsoft. En visant maintenant Amazon Web Services, il s’en prend à l’autre icône du cloud computing. Mais s’agit-il d’une simple manœuvre marketing comme il en a le secret ou d’une réelle volonté de conquête de marché?
 
Des chiffres dans le cloud gonflés
 
Depuis deux ans, Larry Ellison axe toute sa communication envers les analystes, les investisseurs et les média sur le cloud computing. Après avoir été un farouche opposant à ce modèle, allant jusqu’à le qualifier de "non-sens", il en fait aujourd’hui son principal cheval de bataille, avec un slogan: faire d’Oracle la "cloud company" numéro un dans le monde. Un objectif encore loin, très loin, de la réalité aujourd’hui.
 
Sur le dernier exercice fiscal clos le 31 mai 2015, Oracle déclare un revenu de 2,3 milliards de dollars, dont 1,5 milliard de dollars sur les segments SaaS et PaaS, et 600 millions de dollars sur celui de l’IaaS. "Des chiffres à prendre avec beaucoup de prudence, avertit John Dinsdale, analyste en chef au cabinet Synergy Research. Oracle, comme d’autres acteurs informatiques en retard dans le cloud, tend à gonfler ses résultats dans le cloud pour apparaître comme un acteur qui compte sur le marché. Pour cela, il inclut dans ses chiffres des services qui ne relèvent pas vraiment du cloud."
 
Pas de vrai cloud chez Oracle, selon Forrester
 
Une analyse partagée par Heny Peyret, chez Forrester. "Ce que Oracle fait n’est pas du vrai cloud, estime-t-il. Il fait des services managés, et non des services standardisés, disponibles sur étagère et simples à utiliser. Il tend à transposer dans une sorte de pseudo cloud ses pratiques dans le modèle traditionnel avec toujours l’objectif de piéger le client pour qu’il n’aille pas voir ailleurs. Toute la communication qu’il fait autour du cloud n’est qu’un écran de fumées destiné à masquer une réalité peu réjouissante: Oracle est mal parti dans sa transition vers le cloud."
 
Selon Synergy Research, Oracle se classe douzième sur les segments IaaS et Paas. Autant dire qu’il reste un acteur insignifiant sur ce marché. D’ailleurs, il ne figure même pas dans le dernier quadrant magique de Gartner sur l’IaaS publié en mai 2015. Les déclarations fracassantes de Larry Ellison laissent John Dinsdale pour le moins septique. "Oracle reste avant tout un acteur du SaaS. Ce segment constitue l’essentiel de ses activités dans le cloud. On le voit mal devenir un acteur majeur sur les segments PaaS et IaaS. Même s’il progresse vite dans le cloud, il ne joue pas dans la même cour que les cinq ténors que sont Amazon Web Services, Microsoft, IBM, Google et Salesforces."
 
Que Jeff Bezos, le patron d’Amazon, se rassure. Les piques que Larry Ellison a choisi de lui adresser ont peu de chance de lui faire mal. Mais sur le plan de la communication, c’est une autre histoire.

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