Jean Accart

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 Jean Accart
Commandant Bernard[1]
Jean Accart
Le capitaine Jean Accart dans le PC de l'escadrille SPA 67, qu'il commande, à Saint-Dizier en 1940.

Naissance
Fécamp
Décès (à 80 ans)
La Gaude
Origine Drapeau de la France France
Arme Armée de l'air
Grade Général de corps aérien
Années de service 19321973
Commandement Escadrille SPA 67 durant la bataille de France (1940)
Groupe de chasse II/2 « Berry » (345th Squadron dans la RAF) (1944)
Base aérienne 112 Reims-Champagne (1952-1955)
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes 12 victoires en combat aérien confirmées et 4 probables.
Distinctions Grand croix de la Légion d'honneur
Croix de guerre 1939-1945 avec 11 citations
Médaille de l'Aéronautique
Hommages Une rue de Reims porte son nom

Jean Accart, de son vrai nom Jean-Mary Julien Accart, né à Fécamp (Seine-Inférieure) le et mort à La Gaude (Alpes-Maritimes) le , est un général français et un As de la Seconde Guerre mondiale, crédité de douze victoires confirmées et de quatre probables.

Biographie[modifier | modifier le code]

Début de carrière[modifier | modifier le code]

D'abord élève officier dans la marine marchande, il effectue son service militaire dans la marine nationale en embarquant, en , à bord du cuirassé Bretagne. Au bout de trois mois, il demande à être affecté à l'aviation maritime. Il passe par le centre de formation d'Hourtin puis par la base d'Avord où il obtient le brevet de pilote le , et celui de pilote d’hydravion le suivant, assorti du grade d'enseigne de vaisseau de deuxième classe. Il est affecté au centre d'aviation maritime d'Hyères dans l'escadrille 3SI équipée d'hydravions CAMS 37.

Promu enseigne de vaisseau de première classe, il se porte volontaire, en , pour rejoindre l'armée de l'air avec le grade équivalent de lieutenant. En , il est affecté à la première escadrille du groupe de chasse (GC)[2] I/5 (SPA 67). Du au , il participe au quatrième meeting aérien de Zurich, qui se déroule sur l'aérodrome militaire de Dübendorf. En , il totalise déjà 1 315 heures de vol. En , il conduit les essais des nouveaux chasseurs américains Curtiss H.75 qui équipent les escadres basées à Reims.

Le , au moment où éclate la Seconde Guerre mondiale, il commande depuis , avec le grade de capitaine, la SPA 67, première escadrille du GC I/5 basée à Suippes, dont l'emblème est « Fanion taillé de tanné et de gueules, bordé de sable, à une cigogne au naturel brochant la partition. »[3]. Son second est le lieutenant Edmond Marin la Meslée qu'il a pris sous son aile et avec lequel il est très lié. L'escadrille est alors déployée sur le terrain de Suippes.

La bataille de France[modifier | modifier le code]

Dès le , pendant la drôle de guerre qui prélude à l'offensive allemande, Jean Accart attaque, en tandem avec le sergent Gérard Muselli, un Dornier Do 17 allemand qui longe la frontière. La victoire est seulement considérée comme probable[4]. Le , au premier jour de la bataille de France, le capitaine Accart obtient quatre victoires confirmées, puis deux le lendemain et trois le , deux encore le avant une dernière le 1er juin, sans compter les 3 victoires probables des 11, 12 et .

Palmarès du capitaine Accart à bord de son H75 A-2 no 151 :

  1. le , il abat un Dornier Do 17 au-dessus de Minaucourt
  2. le , il abat un Dornier Do 17 au-dessus de Suippes
  3. le , il abat un Dornier Do 17 au-dessus de Dun-sur-Meuse
  4. le , il abat un Dornier Do 17 au-dessus de Dun-sur-Meuse
  5. le , il abat un Heinkel He 111 au-dessus de Souilly
  6. le , il abat un Heinkel He 111 au-dessus de Saint-Mihiel
  7. le , il abat un Heinkel He 111 au-dessus de Fismes
  8. le , il abat un Heinkel He 111 au-dessus de Soissons
  9. le , il abat un Heinkel He 111 au-dessus de Braine
  10. le , il abat un Heinkel He 111 au-dessus de Tannay
  11. le , il abat un Heinkel He 111 au-dessus de Châtillon-sur-Bar
  12. le , il abat un Heinkel He 111 entre Pontarlier et Vesoul

Le , il attaque un groupe de Heinkel He 111 en compagnie des sous-lieutenants Frantisek Périna et Le Calvez. Un des Heinkel est touché et tombe en fumant, mais le mitrailleur arrière a le temps de toucher le Curtiss du capitaine Accart qui reçoit une balle de mitrailleuse entre les deux yeux. Celle-ci s'arrête miraculeusement à quelques millimètres du cerveau. Il parvient à s'extraire de son appareil avant qu'il ne s'écrase sur le territoire de la commune de Dompierre-les-Tilleuls[5], mais heurte en sortant l'empennage, et ouvre de justesse son parachute avant de perdre connaissance. Sa chute a lieu dans les bois de la commune de Frasne[6]. Outre sa blessure à la tête, il souffre d'une fracture ouverte à la jambe gauche provoquée par sa mauvaise réception au sol, d'une blessure au bras, de plusieurs dents cassées et de contusions multiples. Il est aussitôt évacué sur l'hôpital Grange-Blanche de Lyon où il refuse de se faire extraire la balle reçue, de peur de perdre la vue. Encore convalescent, il s'enfuit à Nice avec sa famille le .

Sur environ cinquante-trois escadrilles ayant participé à la bataille de France, la SPA 67, première escadrille du groupe de chasse I/5, fut celle qui obtint le plus de victoires en combat aérien. En ajoutant les victoires acquises par la SPA 75, seconde escadrille du Groupe, le I/5 affichera un palmarès de 83 victoires confirmées et 26 autres probables. Le Groupe de chasse I/5 prendra le nom de « Champagne » en 1943 avant de devenir l'Escadron de chasse 2/3 Champagne le [7]. L'escadrille comptait parmi ses pilotes le lieutenant Edmond Marin la Meslée, le plus grand As français de cette période[8], qui prit le commandement de l'escadrille SPA 67 le , à la suite de l'accident du capitaine Accart.

Poursuite de la guerre[modifier | modifier le code]

Le , il est affecté à l'état-major du secteur de défense aérienne sud, basé à Aix-en-Provence, où il reprend son entrainement et entreprend de rédiger son premier ouvrage « Chasseur du ciel ». En , il reçoit la direction de la section « chasse » de l’École de l'air de Salon-de-Provence. À la suite de l'invasion de la zone libre, le , Jean Accart est démobilisé et placé en congé d’armistice. En , il est détaché au service des archives du musée de l’air de Toulouse. Il décide alors de s’échapper pour reprendre le combat. Le , il franchit clandestinement les Pyrénées pour rejoindre l’Espagne, où il est emprisonné jusqu’à fin novembre, avant de réussir à rejoindre l’Afrique du Nord.

En , il est nommé commandant et est chargé de créer le groupe de chasse 2/2 « Berry ». Le groupe, officiellement formé le , équipé de Spitfire V. Arrivé en Angleterre en février, Accart prend le pseudonyme de « Bernard » pour éviter d'éventuelles représailles allemandes envers sa famille. Son groupe intègre la Royal Air Force et reçoit la désignation de « 345th Squadron ». À partir d', il effectue des missions d'appui des troupes au sol au cours du débarquement de Normandie, ainsi que pendant la bataille de Normandie sans avoir l'occasion d'engager à nouveau le combat contre des adversaires. En septembre, l'escadron est équipé des nouveaux Spitfire IX[9]. Le commandant Accart, alias « Bernard », quitte le groupe le et rejoint l'état-major général de l'armée, à Paris, le .

Suite de sa carrière militaire[modifier | modifier le code]

Début 1945, Jean Accart effectue un stage de 3 mois aux États-Unis pour suivre les cours du Command and General Staff College à Fort Leavenworth, Kansas. En juillet, il est affecté à l'inspection générale de l'Armée de l'air, puis devient professeur à l'école de guerre aérienne en et est promu lieutenant-colonel en décembre. En , il est nommé chef de cabinet du chef d'état-major de l'Armée de l'air, le général de division aérienne Jean-Ludy Piollet. Il occupe ensuite le poste de directeur-adjoint du Centre d'essais en vol de Brétigny-sur-Orge en , puis celui d'inspecteur de l'aviation de chasse. Promu colonel en , il prend le commandement de la base aérienne 112 Reims-Champagne de 1952 à 1955[10], base où son groupe de chasse était stationné avant guerre. Le , il préside, en compagnie du général Martial Valin, inspecteur général de l’armée de l’air, la cérémonie durant laquelle la B.A. 112 prend, à son initiative, le nom de « Commandant Marin la Meslée », l'As de la bataille de France qui lui succéda à la tête de la SPA 67 en 1940.

En il devient second sous-chef de l'état-major de l'Armée de l'Air et, en , il est chargé de mission auprès du chef d'état-major. Promu général de brigade aérienne, il est nommé chef d’état-major du 1er Commandement aérien tactique (Catac), basé à Lahr en République fédérale d'Allemagne, le . Il est également adjoint au Général Major général à compte du et, notamment en 1960 adjoint au GMG et chargé du plan et des questions interalliées.

Promu général de division aérienne en , puis général de corps aérien le , il prend les fonctions d'inspecteur des programmes et fabrication d'armement. C'est dans cette fonction qu'il démissionne de l'Armée de l'air le , à la suite du choix du président de la République Charles de Gaulle de privilégier l'installation de missiles stratégiques S2, vecteurs de l'arme nucléaire, sur le site du plateau d'Albion, plutôt que d'augmenter le programme des bombardiers stratégiques Mirage IV. À son départ, le général Accart totalise 3 845 heures de vol, essentiellement effectuées aux commandes d'avions de chasse.

À partir de 1966, et jusqu'en 1973, il dirige le projet NADGE[11] de l'OTAN qui consiste à installer une suite continue de radars intégrés, allant de la Norvège à la Turquie, pour surveiller l'espace aérien de la frontière est du Monde libre.

Distinctions et hommages[modifier | modifier le code]

Décorations
Hommages
  • La salle V du musée de la base aérienne 112 et de l'aéronautique locale porte le nom de « Capitaine Accart ».
  • Une rue de Reims porte le nom de « Général Jean Accart ».
  • Une stèle, située dans les bois de la commune de Frasne, commémore le lieu de son accident de 1940 et une rue du lotissement de la Chapelle porte le nom de « Capitaine Accart ».
  • Jules Roy lui a dédié son Métier des armes, publié chez Gallimard en 1948.

Ouvrages[modifier | modifier le code]

On s'est battu dans le ciel, version parue en 1944 à Alger.
  • Chasseurs du ciel, B. Arthaud, Paris, 1941.
  • On s'est battu dans le ciel, Arthaud, Paris, 1942 (Préface de Roland Dorgelès).
  • Le Pilote solitaire, Arthaud, Paris, 1944 (roman)
  • Evadés de France, prisons d'Espagne, Arthaud, Paris, 1944.
  • Silence on vole!, Arthaud, Paris, 1946.
  • Car la terre est ronde, Arthaud, Paris, 1947.

Souvenir[modifier | modifier le code]

Les restes du moteur du Curtiss H-75 à bord duquel le capitaine Accart fut abattu le – un Wright Cyclone à quatorze cylindres disposés en double étoile développant 1 200 chevaux – furent longtemps présentés à Reims, dans l’une des salles du Musée de la base aérienne 112 et de l'aéronautique locale. L’objet y rappelait la violence des combats aériens de 1939-1940 ainsi que le Curtiss H-75, chasseur d’exception qui permit à douze pilotes de cette base aérienne de se classer parmi les quinze meilleurs as de la campagne de France (le meilleur d’entre eux ayant été le lieutenant Edmond Marin la Meslée).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Pseudonyme pris à son arrivée en Angleterre en 1944 pour éviter d'éventuelles représailles allemandes envers sa famille.
  2. Un « groupe de chasse », GC en abrégé, regroupe de vingt-quatre à trente-quatre avions séparés en deux escadrilles. Au 10 mai 1940, le G.C. I/5 possédait trente-deux avions Curtiss H-75 construits aux États-Unis et montés en France à Bourges.
  3. Description sur le site du service historique de la défense
  4. « MUSELLI Gérard ».
  5. Depuis septembre 2003, on peut voir les restes du moteur de son appareil exposés dans une des salles du musée de la Base aérienne 112
  6. Le , une stèle commémorant cet événement a été inaugurée dans les bois de la commune
  7. L'escadron de chasse 2/3 Champagne sur le site de la défense nationale
  8. Avec 16 victoires confirmées et 4 probables, Pierre Clostermann étant le plus grand As français sur l'ensemble de la Seconde Guerre mondiale avec 33 victoires homologuées.
  9. (en) Son Spitfire IX PT766 a été retrouvé, enfouis au Pays de Galles, en 1975 et 2009
  10. Où il dispose d'un avion personnel (un Republic F-84G Thunderjet de l'escadron de chasse 02.003 « Champagne »), sur le fuselage duquel est peinte, aux côtés de l'insigne de l'escadrille SPA 67, la bande tricolore des as de guerre. D'après « Mon avion personnel », article paru dans : Jean-Pierre Calka et Frédéric Lafarge, BA 112 de Reims, côté coulisses, Toulouse, Éditions Dominique Guéniot, , 176 p. (ISBN 978-2-7089-9233-7, présentation en ligne).
  11. Projet initié par l’Alliance Atlantique le 15 décembre 1955

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Bernard ACCART, Gardien du ciel : biographie du général Jean-Mary Accart, Le Luc-en-Provence, Vario, , 230 p. (ISBN 978-2-913663-15-2 et 2-913663-15-X, présentation en ligne)
  • Capitaine Jean-Mary ACCART, Chasseur du ciel, Bataille de France : mai-juin 1940 (Réédition), Le Luc-en-Provence, Vario, , 176 p. (ISBN 978-2-913663-14-5 et 2-913663-14-1, présentation en ligne)
  • Christophe CONY et Alain COSTE, Les As français de 1393-1940, Avions Hors-série no 20, 2007, pp. 17-20 (ISSN 1258-2700)
  • Olivier LAPRAY, Curtiss H-75 au combat : histoire du Groupe de Chasse 1-5 dans la campagne de France, Paris, Histoire & Collections, , 143 p. (ISBN 978-2-35250-157-2).
  • Daniel PORRET et Franck THEVENET, Les as de la guerre, 1939-1945, t. 1 : A à K, Vincennes, Service historique de l'Armée de l'air, , 292 p. (ISBN 2-904521-12-7).

Liens externes[modifier | modifier le code]