Le Jardin extraordinaire du collège Saintex : apprendre avec plaisir

Claire : «C’est nous qui avons tout fait »

Loïck : « C’est génial. J’aime planter des tomates, des fraises, des navets, des radis »

L'inauguration du Jardin extraordinaire

L’inauguration du Jardin extraordinaire

Chose promise, chose due. Lorsque le Jardin extraordinaire du collège Saint-Exupéry d’Ermont a reçu un prix Truffaut fin mai au Grand Palais, j’avais promis d’assister à l’inauguration officielle du jardin prévue à la fin juin. Mardi dernier, j’ai donc pris le train pour Ermont (Val d’Oise). Sortie de la gare, je n’avais aucune idée du chemin à suivre pour aller au collège. Mais à ce moment-là, deux jeunes filles passent devant la gare et miracle, elles font partie des jardiniers du Jardin extraordinaire. Elles me prennent sous leur aile et on discute en route. Elles sont très fières de leur jardin, des repas qu’elles préparent. Elèves de 4e, elles se projettent dans l’avenir et me parlent de leurs projets après le collège.

Ce jardin est un outil pour motiver des élèves qui sont en difficulté scolaire. Concrètement, ils sont en Segpa – section d’enseignement général et professionnel adapté. Collégiens à part entière, ils suivent certains cours avec les autres élèves de leur collège et se retrouvent ensemble pour les matières fondamentales avec des profs spécialisés. Le jardin est devenu un fil rouge reliant toutes les matières avec une réflexion qui a eu lieu en classe avant d’aller au jardin. Pour la réalisation, toutes les matières sont mises en œuvre : les maths pour faire un plan à l’échelle ou pour concevoir la spirale aromatique, le français pour créer des fiches explicatives, l’histoire pour étudier la structure des jardins, les arts plastiques avec le jardin comme inspiration,…

Les élèves ont dessiné des parterres en forme de S et de E en hommage à leur collège.

Les élèves ont dessiné des parterres en forme de S et de E en hommage à leur collège.

« Il a d’abord fallu clôturer la parcelle pour protéger le jardin », explique Jean-François Jézéquel, le directeur de la section. « Le conseil général nous a donné 12 000 euros et le travail a été fait pendant les grandes vacances l’année dernière. Le travail en classe est très important pour apprendre aux élèves à s’abstraire. Comme ils ont du mal à rentrer dans le travail en classe, le jardin donne du sens à leur présence. Nous avons été freinés par la météo. Souvent il pleuvait des cordes au moment où ils auraient dû aller au jardin. Mais c’était une occasion de gérer le rapport au temps et la frustration. » La section propose des ateliers hygiène, alimentation, service qui peuvent aussi être liés au jardin. Ce projet commun est devenu un formidable lien entre les élèves, entre les profs, entre les élèves et les profs.

Cabane de jardin, jardinières, plantations en carré.

Cabane de jardin, jardinières, plantations en carré.

Aujourd’hui, c’est la fête sur le thème « Le garden, c’est parti ». A Saintex, on a de l’humour. C’est le dernier jour de l’école, mais les élèves restent extrêmement motivés. Ce soir, ils accueillent dans leur jardin des parents, des profs, le directeur de l’établissement et de nombreuses personnalités locales qui ont apporté une aide au jardin. Avant l’arrivée des invités, c’est l’heure du briefing pour ceux qui seront accueillants, journalistes ou serveurs au buffet prévu après les discours auxquels certains élèves vont participer en lisant des textes. D’autres élèves sont postés dans le jardin pour fournir des explications. Par exemple, pourquoi a-t-on planté des rosiers à côté des pieds de vigne ? Parce qu’ils attrapent les maladies en premier et servent de détecteurs!

Comme l’explique Olivier Roggeri, documentaliste et co-initiateur du projet, « le jardin permet une respiration. Etre prêts pour l’inauguration ce soir nous a servi de moteur. » A l’issue des discours, il remet avec humour des prix aux partenaires qui ont aidé à la réalisation du jardin (Conseil général, mairie, collègues dans l’établissement, la Fondation Truffaut et un employé local de Truffaut, la MJC,…). Pendant les discours, on en apprendra plus sur la spirale aromatique, un projet mené avec l’aide d’une intervenante allemande de la MJC. L’idée vient d’Angleterre. En haut, les plantes qui ont besoin de moins d’eau et en bas où l’eau ruisselle, les plantes qui demandent plus d’irrigation. Les pierres emmagasinent la chaleur. Même Daniel Joseph, le directeur de la Fondation Truffaut, a appris quelque chose !

La fameuse spirale aromatique

La fameuse spirale aromatique

Le Jardin extraordinaire n’en est qu’aux débuts. Des bacs à compost vont être installés bientôt. Un élève a suggéré de planter du blé, prétexte à suivre la chaine du blé à la fabrication du pain. L’objectif est aussi que le jardin soit un lieu ouvert sur l’extérieur : les professeurs de sciences du collège qui pourraient amener leurs élèves pour étudier les plantes, des primaires alentour à qui on songe à donner leur propre parcelle, histoire de les acclimater au collège le plus tôt possible. Le jardin fourmille de possibilités…

Sur ce, je vous laisse pour l’été. Une pause qui va me permettre de me ressourcer et de revenir à l’automne avec pleins de nouvelles histoires de jardins qui aident leurs jardiniers à vivre mieux. Je vous souhaite un bon été.

Avec quelques images des jardiniers de Saintex en action au cours de ces derniers mois.

Le jardin, c'est aussi de la construction.

Le jardin, c’est aussi de la construction.

Les collégiens en action

Les collégiens en action

La spirale aromatique en construction.

La spirale aromatique en construction.