Horaires d’été 2019…

Mi-Fugue Mi-Raisin allège ses horaires en juillet et marque une petite pause en août.

Jusqu’au 04 août inclus:

Lundi: fermé

Du mardi au samedi: 10h30  – 13h   puis   17h – 20h

Dimanche: 10h30 – 13h

 

Mi-Fugue sera fermé du 5 au 25 août inclus. 

 

Nous vous souhaitons une période estivale douce, sereine, pas trop chaude et espérons vous revoir dès le 26 août.

 

                         BONNES VACANCES!

 

 

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Les Beaujolais de la famille Betrand

Yann Bertrand

 

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En ce moment le Beaujolais a le vent en poupe. La réputation de la région ne date pas d’hier. Les « vieux » buveurs de vins naturels s’en souviennent: il y a une trentaine d’années, pour boire nature, on buvait surtout des vins de Jules Chauvet, Marcel Lapierre, Foillard, Thévenet, Métras… A la différence d’autres régions, les jeunes vignerons (Alex Foillard, Pierre Cotton, Julie Balagny, Victor Blondin et Les Bertrand…) n’arrivent pas en éclaireurs mais héritent du savoir-faire des anciens.

Le « Beaujo » a entamé sa révolution avant d’autres régions car Jules Chauvet avait compris qu’une vinification particulière, la macération carbonique convenait particulièrement au Gamay et au terroir. Tout en exaltant le fruit, cette méthode permet de vinifier avec moins d’intrants. Ce constat a été confirmé par des « théoriciens » de la vinification naturelle, tels que Max Léglise (lire notamment son ouvrage « Méthodes biologiques appliquées à la vinification et à l’œnologie », éditions Courrier du Livre).

Il y a des détracteurs de la macération carbonique. Leur principal argument: la « carbo » exalte le fruit au dépens du terroir et de la complexité du vin. Là encore, cet argument n’est pas valable pour tous les cépage et tous les terroirs. Nous avons fait l’expérience à plusieurs reprises en servant un Fleurie  « Ultime » d’Yvon Métras (à l’époque où on en trouvait facilement!) à des amateurs et à des vignerons « anti-carbo ». Non seulement ils partaient  sur une vinification traditionnelle, mais sur une grande Côte Rôtie, joli compliment pour un « modeste » Fleurie!

Tout ce long détour pour dire que le Beaujolais a une vraie longueur d’avance sur d’autres régions en termes de vinification naturelle. Nous pensons même chez Mi-Fugue Mi-Raisin que les crus du Beaujolais  attireront (malheureusement)  l’attention des spéculateurs, après la Bourgogne et le Jura. Tous les ingrédients sont réunis: un superbe cépage, de très beaux terroirs et des vignerons talentueux.

Nous disions que la relève était déjà là et la famille Betrand en faisait partie. Le domaine de 7 hectares est basé à Fleurie et dès son premier millésime – 2012 – Guy, Annick et Yann ont montré qu’ils savaient faire du vin. Les Betrand sont jeunes mais avec une tête bien faite: ils avancent avec prudence. Sur les vins du domaine la vinification est entièrement naturelle sans ajout de sulfites, mais Les Betrand n’excluent pas la possibilité d’en mettre en cas de millésime problématique. Il en va de même sur leur micro-négoce démarré en parallèle en 2016, avec des doses infimes de SO2 (1 gramme par hectolitre, dose extrêmement faible), car même s’ils connaissent les vignes, ils ne maîtrisent pas le passé du vignoble et préfèrent être prudents.

Le domaine couvre plusieurs appellations: Fleurie, Morgon, Saint-Amour et Juliénas et possède plusieurs terroirs: granitique, schisteux et argilo-sableux. Les amateurs de bons canons sauront donc résoudre l’équation suivante: beaux terroirs + grand cépage + maîtrise = vins d’une pureté et d’une gourmandise rares.

Mi-Fugue Mi-Raisin propose les vins du domaine depuis 2015, mais nous connaissions et buvions les vins avant. Les vins sont d’une incroyable régularité d’un millésime à l’autre. Les 2015 possédaient une très belle fraîcheur malgré les fortes chaleurs du millésime, les 2016 étaient superbes (grand millésime dans le Beaujolais!), 2017- pourtant réputé inférieur à 2016- est d’une remarquable finesse et 2018 s’annonce magnifique. Nous avons craqué sur toute la gamme, du simple Beaujolais Pure Oh!Rigine (pas si simple que ça…) au Fleurie Chaos, un immense Gamay qu’on pourra placer sans problème à l’aveugle dans un dégustation de Bourgognes. Chaque vin a sa spécificité et reflète les différents  terroirs du domaine avec cette même trame fine et une gourmandise telle, qu’on a du mal à ne pas terminer la bouteille.

Que serait le monde du vin sans un coup de Beaujo?!

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Les nouveautés du mois de novembre…

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La fin d’année est l’occasion de refaire les stocks. Nous ne dérogerons pas à la règle en 2018, malgré quelques millésimes difficiles pour les vignerons.

Dans le Jura, zone de pénurie, nous avons reçu les vins d’Etienne Thiébaud (Domaine des Cavarodes, Cramans) qui sont toujours aussi rares que bons, et notamment son Chardonnay Les Lumachelles 2016 au rapport qualité-prix étonnant, son Vin de Pays de Franche Comté banc 2015, le Poulsard de Chemenot 2016, Le Trousseau de Lumachelles 2016, et sur les belles cuvées l’Arbois Guille Bouton (Chardonnay), l’Ostrea Virgula (Savagnin ouillé)2016  et un magnifique vin jaune 2011.

L’Alsace est à l’honneur ce mois-ci avec deux très beaux domaines. Patrick Meyer (domaine Julien Meyer, Nothalten) a sorti de superbes 2017: Muscat Petite Fleur de macération, Le Pinot Noir Pierres Chaudes toujours aussi élégant, un Pinot Gris de macération  cuvée Fanny Elisabeth et leur Riesling grand cru Muenchberg 2016. Inutile de dire que les quantités sont très limitées…

Toujours en Alsace, une belle découverte: les vins de Jérôme François (La Grange de l’Oncle Charles) un coup de cœur de la cave. Il s’agit d’un petit domaine en biodynamie qui élabore des vins sans SO2 ajouté. Les vins sont d’une grande pureté et remarquablement stables. Jérôme privilégie la notion de terroir. Les parcelles sont complantées et chaque cuvée un assemblage de plusieurs cépages exprimant un seul terroir. Des vins profonds et complexes. Superbe!

Période festive oblige, nous avons reçu les dégorgements 2017 de Bertrand et Hélène Gautherot, Vouette & Sorbée, notamment l’emblématique cuvée Fidèle, un blanc de noirs à la fois puissant et complexe, le Blanc d’Argile et le rosé, Saignée de Sorbée. Les vins sont toujours aussi purs et élégants.

Chez Mi-fugue, nous attendons toujours fébrilement les vins de Métras, père et fils. Les 2017 sont arrivés! Nous avons reçu d’Yvon Métras le Beaujolais, le  Fleurie Le printemps et  le Fleurie Vieilles Vignes. De chez Jules Métras: le Beaujolais-Villages Bijou et le Chiroubles.

Autre arrivage attendu du Beaujolais: les vins des Bertrand. Yann Bertrand et sa famille nous surprennent depuis deux ans avec des vins vibrants  d’une grande finesse. Nous avons reçu plusieurs cuvées, en bouteilles et en Magnums: le Juliénas pur ju…, le Fleurie Coup de Foudre, le Fleurie Cuvée du Chaos et le Saint Amour Les Bambins.

Et pour finir en beauté, une jolie cuvée de Patrick Meffre (domaine Bois Moisset, Gaillac): une Syrah qui ressemble à s’ y méprendre à une « petite Côte Rôtie ». Un vin tout en délicatesse, et à ce prix, on en boirait tous les jours!

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Les nouveautés de la rentrée….

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Mi-Fugue Mi-Raisin a décidé de lancer une nouvelle rubrique: les dernières bouteilles reçues. Nous continuerons bien sûr à vous relater nos derniers coups de cœur et nos expéditions dans le vignoble.

Certains clients qui nous suivent depuis les débuts de ce blog (2012!) nous ont fait part de leur frustration (certes relative)  car les cuvées faisant l’objet d’un billet étaient en rupture au bout de quelques jours…

Nous vous tiendrons donc occasionnellement (une à deux fois par mois) au courant des derniers arrivages.

Vous pouvez aussi nous suivre sur Instagram ( mi_fugue_mi_raisin) et sur Facebook.

Les Côtes du Jura de Valentin Morel (Les Pieds sur Terre) sont de retour. Un Chardonnay 2016, un Savagnin ouillé 2016 et un assemblage de Trousseau, Pinot Noir et Poulsard en 2017. Des vins fins, délicats, sur le fruit…

Le millésime 2017 d’Hervé Souhaut est marqué par la matière, le fruit et un bel équilibre. des Syrah d’une rare complexité et un Gamay (La Souteronne) fin et gourmand.

Toujours autant de finesse chez René-Jean Dard et  François Ribo. Leurs 2015 sont élégants et complexes.

Les vins des Thévenet père et fils sont toujours aussi réussis. Le Régnié de Charly est taillé pour la garde avec un magnifique fruit.

Place aux jeunes dans le Beaujolais: Pierre Cotton signe un magnifique Côtes-de-Brouilly 2016, dense, fruité et long en bouche.

Les Malbec de  Fabien Jouves (Mas del Périé) sont toujours aussi fins et élégants, reflétant des terroirs exceptionnels. Oui, le Malbec est buvable, fin et complexe!

Nouveau domaine d’Alsace chez Mi-Fugue: Valentin Zusslin, avec un incroyable Pinot Noir qui se boit comme de l’eau et un Riesling Grand Cru Pfingstberg 2014, minéral, ciselé et complexe.

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Photos de vacances…

Ça y est, c’est la rentrée, le temps de revoir les amis et de raconter ses vacances autour d’un bon verre de vin (of course!), photos à l’appui, même si de nos jours tout se partage instantanément.

Un constat: ces vacances sont passées très vite, trop vite au goût de certains. De notre côté, nous avons abandonné les pavés brûlants de Paname pendant dix jours et fait un petit crochet côté vignoble jurassien. On ne se refait pas: même en vacances nous sentons l’attrait du vignoble et avons plaisir à flâner et aller à la rencontre des amis-vignerons sur un mode plus « cool » que les salons bondés (il faut avouer aussi qu’on ne voit pas beaucoup de vignes dans les salons…)

Le Jura nous a permis de prendre la température du millésime 2018 en France: un millésime chaud et sec, après un printemps et un début d’été diluviens. Résultat: il y a du raisin (avec des exceptions qui confirment la règle, comme à Châteauneuf-du Pape), mais la vigne qui a été en stress hydrique s’est « bloquée » et il y aura certainement des problèmes de maturité phénolique.

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Revenons à notre périple. Nous avons été voir Loreline Laborde – Domaine des Granges Paquenesses à Tourmont –  qui nous a montré son vignoble (et ses chevaux). Bonne nouvelle: il y aura du vin et les raisins sont très beaux, même si un peu de pluie aurait bien arrangé les choses. Nous avons fini par déguster ses vins au frais (au chai!): il y aura de très belles cuvées et notamment un vin jaune 2010 à couper le souffle. Mi-Fugue Mi-Raisin recevra ces très belles cuvées d’ici novembre.

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Chez Jean-Baptiste Menigoz – Les Bottes Rouges à Abergement-le-Petit – nous avons vu un coin de vigne, mais la chaleur nous a forcés à rebrousser chemin et à déguster quelques cuvées dans son chai climatisé, et notamment son Savagnin « Album » 2012 une pure merveille pour un premier millésime qui augurait un bel avenir. En 2016, toute la série est superbe, avec un « Gibus » (Trousseau), une « Pépée » (Pinot Noir) et une « Face b » (Savagnin) inoubliables. Bonne nouvelle: Mi-Fugue recevra une deuxième salve du millésime 2016 en octobre. Avis aux jurassophiles!

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Chez Bruno Bienaimé, nous avons bu les deux cuvées mises en bouteilles il y a quelques semaines. Bruno vient juste de s’installer dans le Jura et les passionnés de vin le connaissent: il a oeuvré au domaine Georges Laval à Cumières (Champagne) et la réputation du domaine l’a précédé. Résultat: sur une minuscule récolte en 2017, il n’a déjà plus une bouteille à vendre. Mi-Fugue les recevra en novembre. Les deux cuvées valent largement le détour: grande finesse, complexité de folie, et énorme potentiel de garde. Bref, de très grands vins et un coup de maître pour un premier millésime.

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L’équipe de Mi-Fugue Mi-Raisin vous souhaite une belle rentrée…

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Mi-Fugue mi-Raisin en août….

            

 

Comme chaque été Mi-Fugue Mi-Raisin passe en mode estival.

Du 1er au 11 août le magasin sera ouvert comme suit:

Lundi: Fermé

Du mardi au samedi: 10h30 -13h00   puis   de 17h00 à 20h30

Dimanche: de 10h30 à 13h00

 

MI-FUGUE MI-RAISIN SERA FERME DU 12 AU 20 AOÛT INCLUS

 

Nous reprendrons nos horaires habituels à partir du 21 août.

 

Nous souhaitons un mois d’août agréable et ensoleillé à tous (toutes) nos client(e)s…

 

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La vente de vins du domaine Henri Jayer… chic et chère

Nous tenions à écrire un billet sur une vente aux enchères qui s’est tenue il y a trois semaines à Genève, pour alerter les lecteurs qui ne seraient pas au courant que le monde du vin n’est pas un monde à deux vitesses… mais plutôt à cinq, voire six.

D’un côté vous avez deux vignerons japonais qui rament pour ne pas se faire expulser de France (cliquer ici pour lire notre billet)… et de l’autre une « belle » vente de mille soixante-quatre bouteilles de Bourgognes d’Henri Jayer, vigneron mythique de Vosne-Romanée décédé en 2006. Rapportant la bagatelle de trente millions d’euros, la vente a dépassé toutes les espérances du monde bachique (surtout celles des filles d’Henri). Trente millions d’euros pour mille bouteilles, ça fait quasiment trois mille euros le verre de vin. Ou si vous préférez les 1064 bouteilles vendues vous permettraient d’acheter cinq immeubles de cinq étages à Paris. Certains objets d’Henri Jayer ont aussi été vendus, notamment sa pipette, une bonde et une barrique (vide of course!), adjugés à plusieurs milliers d’euros l’objet, fétichisme oblige.

Il faut dire qu’Henri Jayer a remarquablement bien géré son domaine, non seulement au niveau de la conduite des vignes et de la vinification, mais aussi de son image. De son vivant il était un mythe et il a su l’entretenir. De nos jours, peu de bouteilles sont bues et on retrouve les mêmes lots qui circulent et qui finissent pour la plupart en Asie. D’ailleurs un richissime hongkongais a raflé 30 pour-cent des bouteilles vendues.

Tout ça pour dire que le vin peut aussi être synonyme de démesure, et cette démesure a commencé à atteindre les vins naturels que nous aimons et défendons, puisqu’une bouteille de vin jaune du domaine Overnoy-Houillon dépasse allègrement les 1500 euros. Quand on lit le commentaire des filles Jayer qui espèrent que les bouteilles vendues iront « rejoindre la cave d’amateurs qui sauront ouvrir et boire ces vins », à 28 000 euros en moyenne la bouteille, on y croit moyennement.

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Un appel à la solidarité pour Rié et Hirofumi SHOJI, menacés d’expulsion…

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Une fois n’est pas coutume, Mi-Fugue Mi-Raisin lance un appel contre l’avis d’expulsion de deux  vignerons japonais, Rié et Hirofumi Shoji, récemment  installés à Banyuls. Nous comptions écrire un billet sur ce vin en septembre  car l’unique et première cuvée de ce domaine – Pedres Blanques – nous avait enchantés en février au salon des Anonymes (lire ici). Pour nous, c’était LE vin du salon, et pour un premier millésime, un coup de cœur que nous nous sommes empressés de partager avec les confrères-amis, et plus récemment avec les clients.

L’histoire de Rié et Hirofumi Shoji est ubuesque à plus d’un titre. Nous avons été alertés par un journaliste de La Revue du Vin de France qui avait besoin d’une photo pour son article (cliquer ici pour lire l’article de la RVF) car ces vignerons risquent à tout moment de se faire expulser. L’article explique en détail le parcours de Rié et Hirofumi, leur engagement pour produire des vins les plus aboutis et leur investissement initial de 150 000 euros. Seulement Rié et Hirofumi ne s’attendaient pas à la réponse surréaliste de la Préfecture qui a refusé de leur octroyer des papiers sous prétexte que leurs revenus futurs seraient trop faibles et que l’exploitation ne serait pas viable… C’est sûr qu’après avoir mis 150 000 euros de mise dont 70 pour-cent en fonds propres, l’investissement n’est pas rentable… si on est reconduit à la frontière.

On se retrouve donc dans une situation inimaginable: un couple de passionnés, produisant un vin de rêve sur un terroir pour le moins ardu, avec une administration qui ne comprend pas grand-chose à la logique d’un petit domaine de 3.5 hectares en « nature ».

Chez Mi-Fugue Mi-Raisin nous sommes atterrés et attristés par une telle mesure. Nous avons du mal à imaginer le monde du vin actuel sans les Kenjiro Kagami, Mai et Kenji Hodgson, Hirotake Ooka et autres vignerons étrangers.

Et le vin dans tout ça? Le Pedres Blanques 2017 est un Grenache d’une rare finesse. Rié et Hiromi ont passé du temps chez des vignerons en Bourgogne (Fred Cossard, Dominique Derain…) ont été voir Pierre Overnoy et d’autres vignerons avec une idée en tête: élaborer le vin le plus fin et le plus abouti. Ils ont réussi leur pari dès le premier millésime: le vin fait penser à un grand Pinot Noir avec des notes « kirschées », une texture soyeuse et une très belle longueur en bouche. On est loin de certains Grenaches lourds et sucrés.

Nous lançons donc un appel à tous les passionnés de vins. Sauvez des jeunes vignerons talentueux de l’expulsion: signez la pétition en cliquant ici… ou à partir du site de la RVF. Et si vous arrivez à mettre la main sur une de leurs bouteilles, buvez-la et vous comprendrez pourquoi Rié et Hirofumi Shoji doivent rester à Banyuls.

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Le « Côte de Feule » 2016 de Patrice Béguet… un des plus grands vins de la planète??

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Les habitués de ce blog connaissent notre amour immodéré pour le Jura. Cette bouteille de Côte de Feule fait partie des vins qui donnent envie d’être bus (il y en a beaucoup d’autres me direz-vous) et partagés… du moins sur la toile, car en face d’un tel vin on n’a pas forcément envie d’être légion.

Cette bouteille est aussi une énigme à plus d’un égard. Déjà l’étiquette « Côte de Feule » ne parle pas à grand-monde,  à part une poignée de  Jurassophiles. Feule et Côte de Feule sont deux lieu-dits situés entre le village de Pupillin et Arbois. Dans son excellent ouvrage « Terroirs viticoles du Jura » le géologue Michel Campy chante les louanges de ces deux crus renommés. Il s’agit d’un mamelon exposé sud-ouest qui a subi une érosion et dont les couches de calcaire et de marnes alternent sur une pente propice à la vigne. La côte de Feule sied particulièrement au Ploussard, donnant des vins à la fois légers, élégants, complexes et gourmands.

Patrice Béguet nous a habitués à de très beaux vins de Trousseau, des blancs de plus en plus fin et ciselés. Disons-le sans ambages,  sa cuvée de Côte de Feule 2016 fait partie des plus grands vins rouges du Jura… et comme le Jura fait partie des plus belles régions de France, nous vous laissons deviner la suite.

Si on nous avait dit il y dix ans que le Ploussard (vinifié dans les règles de l’art, of course!) faisait partie des plus grands cépages, nous aurions hésité entre rire et incrédulité. A l’époque où personne ne s’intéressait au Jura, des domaines réputés comme Overnoy/Houillon  devaient se battre pour promouvoir leurs vins rouges réputés légers et tout juste bons pour une saucissonnade. Depuis, les vins de ce domaine se négocient à plus de 300 euros en salles des ventes.

La deuxième énigme du Côte de Feule de Patrice Béguet est son rapport qualité-prix et sa (relative) disponibilité. Pour un vin qui titille l’introuvable Ploussard d’Overnoy/Houillon, nous avouons ne pas comprendre… Enfin si, nous comprenons: le Jura est fort à la mode en ce moment, mais comme dans tout phénomène de mode, il y a des gens qui consomment et qui n’y comprennent goutte (!). Alors oui, c’est chic et tendance de boire un « Plou » à New York… et de le payer 600 dollars, mais le Côte de Feule de Patrice reste le secret le mieux gardé du moment car les foules ne connaissent pas (encore) Patrice Béguet. Mais à ce niveau de vin, le succès ne saurait tarder.

Pour nous ce Ploussard redéfinit la notion de « grand vin ». On peut arguer que de ce point de vue un grand Pinot Noir de Bourgogne est imbattable. Un Bonnes Mares ou un Chambertin 2005 de tartempion est certes considéré comme le graal des vins rouges par certains journalistes et amateurs, car le terroir est reconnu et le vin peut traverser sans ciller plusieurs décennies. Chez Mi-Fugue Mi-Raisin, nous clamons haut et fort qu’un grand vin est un vin d’émotion qui vous bouscule dans vos idées reçues, monopolise la discussion de la soirée et crée une frustration quand la dernière goutte est bue. D’ailleurs beaucoup d’amateurs ont compris que les sacro-saints classements ne sont pas parole d’évangile et que Pupillin, Noëls de Montbenault ou Ayze sont des grands terroirs à blancs.

La conjonction d’un grand cépage, d’un grand terroir, d’un grand vigneron et d’un grand millésime donnent lieu à une véritable splendeur. Les arômes délicats de rose, avec une texture soyeuse et une structure minérale  qui procure au vin une belle vivacité nous a laissés sans voix.

Peu importe que ce vin ne puisse pas vieillir plusieurs décennies, il procure une émotion telle qu’en le buvant nous n’hésitons pas à le placer au Panthéon des très grandes bouteilles.

 

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Le Régnié « Grain et Granit » 2016 de Charly Thévenet

Tous les passionnés, qu’ils soient cavistes, bistrots ou simplement œnophiles ont leur chouchou du moment. Il s’agit rarement d’un vin d’exception, même si certains peuvent se targuer de boire régulièrement une Romanée Conti. Le chouchou du moment est en général un vin simple et complexe à la fois. Simple, car il se boit facilement et avec plaisir et possède tout de même une complexité qui le met à l’abri de la lassitude qui guette pas mal de breuvages au bout de quelques gorgées. Le chouchou a même un goût de « reviens-y », et c’est le vin qu’on a envie d’acheter par caisse pour passer une période de l’année sans en manquer.

Notre chouchou du moment est un Gamay du Beaujolais, ce qui n’a rien d’étonnant quand on sait ce que ce cépage et cette région peuvent produire dans des beaux millésimes. Il s’agit du Régnié « Grain et Granit » 2016 de Charly Thévenet, jeune et sympathique vigneron à Villié-Morgon. Charly est le fils de Jean-Paul Thévenet, alias « Polpo », vigneron bien connu des amateurs puisqu’il fait partie de la génération des premiers « natures »: Foillard, Métras, Lapierre, Chamonard…

Mais on sait que le gène de vigneron talentueux ne se transmet pas nécessairement de père en fils. Charly a roulé sa bosse, y compris en Italie avant d’acquérir une parcelle à Régnié, à quelques encablures de Villié-Morgon. Son domaine d’environ trois hectares produit une seule cuvée. La plupart des cavistes qui aiment les vins du père (nous!) travaillent aussi avec le fils depuis plusieurs années. Mais chez Mi-Fugue Mi-Raisin nous n’avons jamais acquis les vins de Charly Thévenet juste pour compléter la commande du père, histoire d’acquérir une appellation supplémentaire en Beaujolais. Les vins possèdent depuis le début (2007) un caractère et un tempérament à part, et le granit confère le corps et la puissance typiques de cette roche. Jusqu’en 2012, les vins avaient besoin d’un peu de temps pour s’arrondir et au bout d’une paire d’années les vins étaient magnifiques. En attendant on pouvait boire les vins du père. Aujourd’hui l’affaire se complique car dès la mise en bouteilles on peut boire les vins du père et du fils. Charly a en effet changé de vinification et recherche davantage de finesse et de « buvabilité » dans la jeunesse grâce à une extraction moindre.

Que dire du 2016? Les amateurs le savent, 2016 est un superbe millésime en Beaujolais (comme dans pas mal d’autres régions), avec en plus des rendements plutôt « confortables ». Bref, le millésime rêvé pour un vigneron. Les vins possèdent ce touché de velours et un grain d’une finesse à se damner, car le Gamay (tout comme le Pinot Noir) s’accommode mal de millésimes trop chauds et tanniques.

A l’ouverture le vin s’exprime immédiatement sur des notes de cassis, avec une trame légèrement anisée. Une petite réduction présente au début s’estompe rapidement. Des notes florales de rose prennent le relai et le nez devient assez rapidement addictif. Pendant toute la dégustation nous n’avons décelé aucune « fatigue » du nez (ou de la bouche) laissant présager un vieillissement prématuré. Paradoxalement, le vin est d’une grande finesse avec un couleur rubis, mais on sent derrière cette apparente fragilité un potentiel de garde dû au terroir granitique qui lui confère d’incroyables notes minérales réglissées. Le vin possède donc cette double dimension de fruit et de minéralité qui le rend si fascinant et si buvable. Le terroir granitique gagne encore en présence à l’aération, toujours soutenu par les arômes de cerise proches d’un beau Pinot Noir.

Nous avouons n’avoir pas pu prolonger l’expérience de prise d’air du vin car la fin de bouteille arrive plus rapidement que prévu, à tel point qu’on se demande si elle fait vraiment 75 centilitres… Les stocks descendent aussi rapidement, et chez Mi-Fugue Mi-Raisin on craint ne pas pouvoir s’en garder pour le retour des beaux jours. Vivement le 2017!

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Les salons de vins de Loire…Edition 2018

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Comme chaque année, Mi-Fugue Mi-Raisin s’est rendu dans la Loire pour un marathon de trois jours à l’occasion de la 19ème édition de la Dive Bouteille, Le salon St Jean, Les Pénitentes et, last but not least, les Anonymes. Nous aurions pu transformer le marathon en triathlon en incluant la levée de la Loire, mais nos pieds enflés et nos papilles saturées ne nous l’ont pas permis…

Le millésime 2018 des salons de Loire est marqué par une forte solidarité entre vignerons. Quand on partage la même éthique et le même respect de l’environnement, on a plus facilement tendance à partager ses raisins. Cette « gestion de la pénurie » a permis à de nombreux vignerons du nord de s’en sortir et de proposer des cuvées originales de Syrah, Grenache ou Marsanne vinifiées à plusieurs centaines de kilomètres.

Deuxième constat: année après année on note une plus grande maîtrise dans l’élaboration des vins « naturels ». Au niveau du choix on ne sait plus où donner de la tête et la dégustation de vins étrangers époustouflants nous confirme dans l’idée que la France se fait âprement disputer son titre de reine des vins naturels…

Voici, en vrac, quelques belles émotions gustatives.

Le Salon St Jean. Julien Guillot du domaine des Vignes du Maynes nous a habitués à des vins d’une grande pureté. Le Mâcon Cruzille Aragonite 2017 ne déroge pas à la règle: un vin pur, fin élégant, ciselé. Sa cuvée de Gamay à petits grains, Manganite, est à la fois profond, minéral avec des notes épicées. Bref, un grand rouge du Mâconnais. Chez Alice et Olivier de Moor (Courgis), même combat: les vins ont atteint une incroyable pureté et  élégance. Notre chouchou: l’Aligoté Vieilles Vignes 2015, d’une grande complexité mais qui se boit comme de l’eau. Les Champagnes de Benoît Marguet (Ambonnay) sans dosage et sans SO2 d’une (très!) grande buvabilité révèlent toute la complexité du terroir. Mention spéciale pour l’Ambonnay 2011, un Chardonnay- Pinot noir minéral et pur. Dans le Jura (notre talon d’Achille) Stéphane Tissot a créé l’émeute en faisant déguster cinq vins jaunes 2011 issus de terroirs différents… De quoi convaincre les plus sceptiques que le terroir est omniprésent dans un vin jaune et que l’on n’a pas que le « goût de noix ». Julien Mareschal (domaine de la Borde) faisait déguster (entre autres) un Ploussard (Plou Plou pour les intimes) 2016 aussi gourmand et fruité qu’une grenadine. Plus au sud, Fabien Jouves (cahors) nous démontre encore et toujours que le Cahors, ce n’est pas que du bois et des tannins. Sa cuvée Amphores 2016 est tout simplement grandissime, avec une minéralité et une fraîcheur à couper le souffle.

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Aux Pénitentes, on a retrouvé à peu de choses près la même équipe gagnante. Dominique Belluard continue sur sa lancée: des vins (sans SO2 ajouté) d’une pureté et d’une complexité qui hissent le Gringet au sommet des grands blancs (normal quand on est au pied du Mont Blanc!). Le Feu 2016, puissant, pur, minéral est une des grandes émotions de ce week-end. Nous nous demandons toujours comment Jean-François Nicq (les Foulards Rouges) arrive à emmagasiner autant de fruit dans sa cuvée de Grenache Les Glaneuses 2017. Idem pour Nicolas Renaud (Les Grillons) avec sa cuvée Les Calcaires, une macération carbonique de Grenache à boire (presque) sans modération. Les dégustateurs oublient parfois que Benoît Courault (Faye d’Anjou) est un des plus grands vinificateurs de Chenin. Sa cuvée Les Guinechiens 2013 nous le rappelle: un très grand Chenin, minéral avec des notes fumées. En Alsace, les vins de Patrick Meyer nous émerveillent à chaque fois, avec notamment un Sylvaner de voile 2000, fin et puissant (oui, c’est possible!), long, complexe… bref, un vin de voile qui ferait pâlir pas mal de « jaunes ». Côté vins étrangers nous avons eu deux coups de cœur: le domaine Juan Mathias Torres aux Canaries (Las Palmas), avec des vins de haute volée vinifiés par sa fille, Victoria. Mettez un Malvasia Aromatica N°3 dans une dégustation à l’aveugle et vous risquez de créer la surprise. Un vin d’une grande complexité sur un terroir volcanique. Chez Escoda-Sanhuja (Tarragone), la cuvée Els Bassots 2016, un  Chenin de macération vous emmène directement chez les meilleurs angevins au niveau de la pureté et de la complexité.

 

Les vignerons présents aux Anonymes ne sont finalement plus si anonymes que ça… Julie Balagny, vigneronne engagée et (hyper) talentueuse nous a fait goûter un Fleurie En Rémont 2016 d’une grande finesse avec un fruit envoûtant. Oui, le Gamay est un des plus grands cépages du monde! Aldo Viola, notre vigneron préféré de Sicile, nous a servi un Krimiso 2016 à base de Catarratto , un vin que nous connaissons bien mais que nous buvons et rebuvons avec plaisir tellement il est fin, minéral et pur. Très belle découverte sur ce salon, un jeune couple récemment installé dans le Roussillon à Banyuls-sur-mer, Hiromi et Rié Shoji. Leur cuvée de Grenache sur schistes est d’une complexité et d’une profondeur sidérantes! Une des très grandes bouteilles de ce week-end. Chapeau pour un premier millésime!

Il faudrait (au moins) trois jours pour arpenter la Dive Bouteille, sans compter qu’on se perd facilement dans le labyrinthe des caves Ackerman. Commençons (au hasard…) par le Jura . Les derniers millésimes de Loreline Laborde des Granges Paquenesses nous laissent sans voix: des vins d’une complexité et d’une pureté dignes des plus grand vins de cette belle région, à commencer par un Crémant de Chardonnay 2015 pris sur fût d’une tension et d’une énergie de folie. Son Chardonnay 2016 La Mamette ainsi que son Savagnin La Pierre 2015 possèdent une fraîcheur et une tension qui vous font oublier  la cohue environnante de la Dive. Jean-Baptiste Menigoz (Les Bottes Rouges) joue sur tous les tableaux: certaines cuvées d’une gourmandise à se damner (son Pinot Noir La Pépée 2016!) et d’autres d’une grande profondeur (Gibus, un Trousseau soyeux, épicé). Un de nos chouchous du Jura. Anne Ganevat (SAS Anne et Fanfan Ganevat)  proposait des Chardonnay de leur négoce qui redéfinissent la notion de négoce! Des vins purs, fins, précis, reflétant les terroirs du coin. Le Chardonnay La Clavière nous a bluffés, avec ses notes d’agrumes et sa longueur (quasi) infinie.  En Alsace Jean-Pierre Rietsch prouve, s’il en était besoin, que l’on peut faire des vins sans SO2 ajouté minéraux, vifs et précis. Sa cuvée Les Demoiselles 2017, un Gewurtzraminer macéré pendant trois semaines est un très bel exemple de fruit, de finesse et de fraîcheur. En Champagne Ruppert-Leroy persistent et signent…de superbes cuvées, notamment Les Cognaux 2014, un Pinot Noir sur marnes grises d’une grande élégance. Dans la Loire, les vins d’Alexandre Bain (Pouilly Fumé) sortent du lot des vins de l’appellation… qui le lui a fait sentir! Peu importe, les vins sont toujours aussi géniaux, avec une sublime Pierre Précieuse 2015. Les Cheverny de Christian Venier sont toujours aussi gourmands et fruités. Christian reste pour nous l’exemple du domaine au rapport qualité-prix-plaisir imbattable. En Ardèche Béatrice et Hervé Souhaut remportent certainement la palme de la constance: si vous voulez savoir comment on fait d’aussi grands vins depuis si longtemps, allez les voir! Leurs 2017 ne font pas exception: un Gamay (La Souteronne), fin et épicé et des Syrah d’une profondeur et d’un soyeux inoubliables (Ah la cuvée Sainte Epine 2017!!) .

 

La liste et longue mais afin de na pas lasser nos lecteurs(-trices) nous évoquerons brièvement nos autres coups de cœur (liste non exhaustive!): Champagne Val Frison (cuvée Portlandia); Didier Barral (Valinière);  Saillard (cuvée Lucky You), Champagne Laval (Les Longues Violes 2012); Champagne Benoît Lahaye (cuvée Pinot Noir); Thomas Pico (Chablis 1er cru Les Vaillons 2015); Julien Peyras (Lo Tarral 2016); Pierrre Cotton (Côte de Brouilly 2016)…

On sort rassuré de l’édition 2018 des salons de Loire: il y aura largement de quoi boire… et du très bon!

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Ledaig LMDW Cellar Book 2005…une bonne façon de commencer 2018.

L’équipe de Mi-Fugue Mi-Raisin vous souhaite une bien belle année 2018, remplie de moments de partage autour d’une bonne bouteille et de découvertes bachiques qui pimentent la vie.

De notre côté l’année commence plutôt fort, non pas au niveau de l’activité car après les agapes de fin d’année, les cavistes sont plutôt contents de souffler. Elle commence fort au niveau degré alcoolique, car la première boisson à l’honneur en 2018 ne titre pas moins de 56.6 degrés. Une fois n’est pas coutume, nous voulions partager notre coup de foudre pour un whisky dont le tempérament ne cède en rien au degré alcoolique. A sa sortie, ce Ledaig LMDW Cellar Book 2005 a mis pas mal de « spiritophiles » en émoi.

Résumons rapidement la situation du whisky aux lecteurs. Le marché, plutôt discret jusqu’en 2010 a connu un bon spéculatif impressionnant. La demande a flambé et le marché des spiritueux a démarré au quart de tour. Il faut dire que la structure de ce marché est idéale pour cela car la plupart des mises n’excède pas les 1000 bouteilles. En plus de la rareté, ajoutez les très longs élevages ne permettant aucune réactivité des distilleries à une demande accrue et vous aurez un cocktail explosif: une bouteille à plus de 500 euros est monnaie courante et les enchères s’envolent à plus de quinze mille euros pour des bouteilles rares des années 40 ou 50.

Du coup les vrais passionnés – ceux qui boivent et qui ne regardent pas leurs bouteilles – sont à l’affut de bouteilles plus abordables (qui se négocieront certainement au triple dans dix ans).  C’est le cas de ce Ledaig 2005 vendu (normalement) 150 euros, soit l’équivalent d’une demi-gorgée d’un  Glenlivet 1943 vendu récemment à… 35 000 euros.

Il ne s’agit pas d’un Ledaig « officiel » (c’est-à-dire issu directement de la distillerie) mais d’un fût sélectionné par l’embouteilleur écossais Signatory Vintage pour La Maison du Whisky (LMDW pour les intimes). Vous avez donc pour ce whisky un double filtre: le premier de l’embouteilleur écossais qui choisit un fût d’exception et le second de La Maison du Whisky qui choisit une cuvée chez l’embouteilleur. Inutile de vous dire qu’avec une telle démarche il n’y a aucun risque d’inonder le marché: cette merveille a été produite à 634 exemplaires.

Ledaig est en fait le nom donné aux versions tourbées de la distillerie Tobermory située sur l’île de Mull. Si le côté fumé-tourbé d’un whisky vous rebute… essayez quand même celui-ci, car il ne s’agit pas d’un whisky tourbé dans le style Lagavulin ou Laphroaig, mais d’un whisky aux délicates notes fumées.

L’élevage en fûts de Sherry lui confère une superbe couleur ambrée. Au nez, ce Ledaig exhale des arômes de cake aux fruits confits, contrebalancé par des notes fumées d’une grande délicatesse ainsi qu’une touche d’agrumes (orange et clémentine). Bref, le nez, d’une grande finesse et complexité, est simplement envoûtant. On pourrait y passer des heures, et on se demande même si l’on ne risque pas d’être déçu par la bouche. Que nenni: elle est à la fois puissante (normal à 56.6 degrés!) mais d’une ampleur et d’un soyeux sidérants. Bien évidemment on ne ressent aucune agressivité ni aucun côté « alcooleux », mais plutôt une chaleur agréable, relayée par les épices. Ici le clou de girofle et le poivre dominent sur un fond de fruits confits que l’on retrouvait au nez et de camphre. La bouche est grasse, sans aucune lourdeur. La longueur est impressionnante, avec un retour d’arômes fumés-tourbés.

Du premier nez à la dernière gorgée les mots d’équilibre, fraîcheur  et harmonie viennent à l’esprit. On est finalement proche d’un grand vin. Vous pouvez avoir 15 degrés d’alcool dans un vin et ne pas sentir de déséquilibre… que vous ressentirez dans une piquette à 12.5 degrés.

Nous comprenons pourquoi la toile s’est emballée pour ce whisky, à la fois puissant et subtil, fruité et fumé, d’une rare complexité. Un whisky qui vous fera passer un moment mémorable cet hiver au coin du feu…

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Le Nez dans le Vert à paris… édition 2017

     

Mi-Fugue Mi-Raisin ne pouvait pas passer sous silence la cinquième édition du Nez dans le Vert, qui s’est tenue le lundi 6 novembre à Paris. Même si la version parisienne de ce salon est plus « light » que la jurassienne du mois d’avril, la situation est tellement tendue (au moins autant que les blancs du coin…) qu’un petit tour s’imposait. Maintenant que les new-yorkais raffolent du Poulsard, la bataille est rude, surtout depuis la catastrophe du gel de 2017. Certains vignerons (Loreline Laborde, Julien Mareschal, les Houillon, J. F. Ganevat, Kenjiro Kagami…) produiront dans le meilleur cas 25% d’une récolte normale, tendance qui ne calmera pas le délire spéculatif actuel, comme en témoigne une mise à prix sur la toile d’un Vieux Savagnin Ouillé 2000 du domaine Overnoy/Houillon à… 972 euros les 50 cl, soit 20 euros le centilitre.

L’ambiance était toujours aussi gaie et joviale, même si certains vignerons ont préféré passer leur tour, afin d’éviter l’exercice pénible du refus de vente, car il est bien connu que l’on ne peut vendre ce que l’on ne possède pas (sauf en finance…)

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Certains vignerons ont joué le jeu et ont même accepté de remplacer leurs confrères absents. Résultat des courses: il y avait quand même du vin à goûter et du très bon…

 Voici un bref aperçu de nos coups de coeur: Chez Patrice Hugues Beguet, un Poulsard (pardon…Ploussard!) Côte de Feule 2016 alliant complexité, minéralité et finesse. Un vin rouge magnifique! Le Trousseau à la dame 2016 (une des trois variétés de Trousseau) de Jean-Michel Petit, vigneron à Pupillin, est ample, gourmand épicé et fin. Chez Céline et Steve Gormally (Les Dolomies, Passenans), le Savagnin ouillé La Croix  Sarrant 2016, issu d’une vigne à Château-Chalon, est un parafait exemple du style de plus en plus fin, précis et aérien du domaine, avec une concentration digne des plus grands blancs. Le Chardonnay Terre du Lias 2016 de Julien Mareschal (domaine de la Borde, Pupillin) d’une grande pureté, est un peu sur la réserve après la mise récente, mais laisse présager un superbe blanc minéral et pur. Le Pinot Noir La Pépée 2016 de Jean-Baptiste Menigoz (Les Bottes Rouges) présente l’inconvénient d’être hautement addictif, avec une explosion de fruits en bouche suivie par l’habituel délicatesse du Pinot Noir bien vinifié. Le Poulsard de Valentin Morel 2016 (Les Pieds sur Terre) n’est pas moins dangereux que le précédent, avec ses 10.5 degrés d’alcool, ses notes de cerise et ses tanins soyeux.

Last but not least, Lorine Laborde (Les Granges Paquenesses) a accepté de présenter ses vins à Paris, même si elle n’avait pas une goutte à vendre. Elle présentait ses superbes 2015, et notamment son Savagnin ouillé La Pierre 2015, un vin riche, complexe, salin qui confirme que même sur un millésime réputé riche et gras on peut faire des grands vins tendus, précis et purs…

 La plupart des vins mentionnés sont (ou seront) disponibles chez Mi-Fugue Mi-Raisin… mais pas pour longtemps!

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La Plante d’à Côté 2016… par « Binaume »

Pour notre premier billet de la rentrée nous avons choisi un vin particulier, « La Plante d’à Côté 2016 ».

En général les cavistes ont leur vin d’été de prédilection, le vin qu’ils aiment proposer, boire et emporter en vacances, histoire de ne pas perdre le pli. Mi-Fugue a choisi « La Plante d’à Côté » car en plus d’être bon, le vin est emblématique du travail de certains vignerons dans les années difficiles, quand la matière première (le raisin!) fait cruellement défaut.

Même les jansénistes qui ne picolent pas le savent, la France viticole (et agricole) a été chahutée ces dernières années. Entre le gel, la grêle, le mildiou, le stress hydrique et autres joyeusetés, certaines régions ont du mal à s’en sortir. C’est là que le concept de négoce prend tout son sens. Bien entendu nous ne parlons pas des grandes maisons bourguignonnes ou champenoises…celles qui ont fait du tort à la notion de négoce, mais bien de négoce « haute couture », l’achat de raisins biologiques et la vinification dans les règles de l’art.

L’idée de négoce fait donc son chemin. Certains vignerons critiquent (à raison) la double activité de leurs confrères, car on peut difficilement être à la fois au four (à la vigne) et au moulin (à l’achat de raisins). Cela dit, le négoce pourrait bien  sauver pas mal de buveurs ces prochaines années, car ceux qui s’imaginent pouvoir  boire des seaux de Chablis ou des hectolitres d’Arbois-Pupillin devront se rabattre sur d’autres vins…

Vous l’aurez deviné, La Plante d’à Côte est un vin  de négoce, élaboré par « Binaume ». Qui diable se cache derrière ce nom ?

Deux vignerons bourguignons, mari et femme, possédant chacun son domaine : Jean-Yves Bizot (à Vosne-Romanée) et Claire Naudin (domaine Henri Naudin Ferrand). L’équation BIzot + NAUdin = Binaume fonctionne à merveille. En général si vous mettez deux grands artistes de jazz ou de classique ensemble, vous n’êtes pas sûrs d’obtenir un duo à la hauteur. En goûtant la plante d’à Côté, on n’a aucun souci à se faire. Claire Naudin et Jean-Yves Bizot ont été chercher des raisins de Pinot Noir à 200 kilomètres au sud-ouest de Nuits-Saint-Georges pour remplacer la jolie cuvée « La Plante » du domaine Henri Naudin-Ferrand.

A la dégustation, on sent que le Pinot Noir n’est pas bourguignon… un peu comme quand vous  buvez un Pinot Noir d’Alsace à l’aveugle. Vous connaissez la fameuse phrase : « ça pinote, mais c’est pas du Pinot de Bourgogne »… D’emblée ce vin séduira les amateurs de douceur : avec 11 degrés d’alcools, la bouteille donne l’impression de contenir (beaucoup) moins que 75 cl… Si le vin « descend tout seul », c’est qu’il est diablement gourmand. La vinification est faite en grappes entières sans ajout de SO2. En plus d’un fruit croquant, il y a  ce petit côté vif apporté par le terroir volcanique. Ce vin est à la fois, rond fruité, doux, avec des légères notes fumées… et une belle fraîcheur.

Les clients qui l’ont goûté ont vite compris pourquoi Mi-Fugue Mi-Raisin en a fait son rouge de l’été…

Le rapport prix-plaisir est aussi au rendez-vous car pour moins de deux bouteilles de Mouton Cadet, vous aurez certes moins de vin, moins de degrés alcooliques mais infiniment plus de plaisir.

A l’heure où nous publions ces lignes, le stock a été bien entamé par les amateurs, mais le 2017 est en cuve et devrait arriver début 2018…

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Horaires d’été – 2017

Comme chaque année, Mi-Fugue Mi-Raisin allège ses horaires d’été. Nous restons ouverts une bonne partie du mois d’août pour abreuver les parisiens travailleurs ainsi que les flâneurs.

Du 1er au 22 août inclus:

Lundi: fermé

Mardi – samedi:   10h30 – 13h15   et    16h30 à 20h30

Dimanche:    10h30 – 13h00

 

ATTENTION!   Mi-Fugue Mi-Raisin sera fermé du 11 au 16 août inclus.

 

Nous souhaitons à tous nos clients d’excellentes vacances d’été….

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Aurélien Lurquin et Thomas Perseval: la relève champenoise

    

Avec ses 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, on a souvent du mal à imaginer en Champagne les notions de « petit récoltant » ou « d’identité du terroir ». Une proportion vous aidera à comprendre les enjeux du vignoble champenois: 80-20. Les maisons de Champagne constituent 20% de l’effectif et produisent 80% du volume alors que le vignerons-récoltants  constituent 80% de la masse et ne produisent que 20% de l’or liquide.

C’est cette proportion qui a assuré le succès mondial du Champagne et qui a permis d’atteindre une telle qualité. En effet, il vaut mieux être un géant pour financer l’image de la boisson gazeuse la plus prestigieuse de la planète. Une fois que cet objectif est atteint, il n’y a plus qu’à en profiter et c’est là que les vagues de vignerons talentueux se sont engoufrés et ont permis grâce à leur travail de hisser le Champagne au niveau des meilleurs vins blancs. Les amateurs se souviennent des premières stars: Selosse, Agrappart suivis par Lassaigne, laval, Léclapart et bien d’autres… Aujourd’hui de jeunes vignerons poussent aux portes et on ne sait plus où donner de la tête, entre Bourgeois-Diaz, Barrat-Masson, Olivier Horiot, Aurélien Laherte… Mi-Fugue Mi-Raisin a décidé de rendre visite à deux jeunes vignerons situés dans le parc régional de la montagne de Reims: Aurélien Lurquin à Romery et Thomas Perseval à Chamery. Une fois n’est pas coutume, nous présenterons deux vignerons dans un même billet car Aurélien et Thomas sont mus par le même souci de perfection, font tous deux partie de l’association Des Pieds et des Vignes, s’entraident à la vigne et au chai… et, last but not least, élaborent des vins exceptionnels.

    

Comme tout vigneron qui se respecte Aurélien et Thomas vous emmènent visiter leur vignoble avant de commencer une dégustation. On oublie trop souvent que le Champagne est aussi une affaire de terroir. Ce dernier est souvent gommé par les bidouillages des marques qui cherchent un goût « typique » et ce, quel que soit le millésime. Obtenir un goût standard est chose aisée: il suffit de sélectionner les levures et le sucre qui seront responsables de la prise de mousse. Chaque maison a sa recette et s’enorgueillit d’avoir un goût reconnaissable. La priorité de ces deux domaines est bien différente: rechercher l’expression la plus juste du terroir à travers un travail acharné à la vigne. Bizarrement on reconnaît là le discours qui prévaut dans le monde du vin, mais tout aussi bizarrement on oublie parfois que le Champagne est aussi un vin!

Aurélien Lurquin est récemment passé de 1.8 à 2.3 hectares, une surface a priori « honnête » pour abreuver les passionnés de Champagne… sauf qu’il ne commercialise à titre personnel que 20% de la production, soit 2000 bouteilles par an (dont la moitié pour la France), le reste étant destiné au négoce. Les vins d’Aurélien sont donc aussi confidentiels qu’exceptionnels. Après la visite du vignoble, direction la cave pour déguster. Le contraste est pour le moins saisissant entre les centaines de barriques alignées dans les grandes maisons et une dizaine de barriques chez Aurélien. Bien évidemment Aurélien n’a pas l’intention d’en rester là. Il compte garder à terme une bonne partie des raisins qu’il donne au négoce. D’ici là il faudra malheureusement se contenter de quelques bouteilles.

Aurélien partage sa production entre coteaux champenois (donc sans bulles!) blancs et rouges et Champagne. Tous les jus dégustés possèdent une maturité et une rondeur inouïes donnant l’impression que la totalité de sa production pourrait se faire en coteaux champenois… ce qui est plutôt rare: goûtez les vins tranquilles en Champagne et vous verrez qu’en termes d’acidité et de « verdeur » la dégustation tient plutôt lieu de détartrage. Nous avons commencé la dégustation des barriques du millésime 2016 par son Chardonnay-Petit Meslier, un vin qui sera champagnisé. Le jus est d’une grande finesse. Aurélien nous fait goûter la même barrique sans SO2 et sans débourbage. Les lies permettent de « nourrir » le vin sans le dépouiller et le résultat est à la hauteur: on obtient encore plus de profondeur et d’intensité aromatique. Nous avons ensuite goûté les deux barriques destinées au coteaux champenois rouge. La barrique de Pinot Meunier (sur un sol crayeux) est simplement splendide avec une fraîcheur et un fruit digne d’un grand Bourgogne. Quant au Pinot Noir, il est plus fermé, mais d’une grande puissance avec une matière soyeuse. L’assemblage des deux promet… et sera disponible dans deux ans.

Nous avons fini la dégustation par une bouteille de Champagne 2013, un pur Meunier d’une complexité et d’une finesse à se damner. Le Champagne est à la fois ample, profond, long en bouche, racé, fin… Vous l’aurez deviné, nous en sommes fans, mais avec 12 bouteilles pour l’année la rupture n’est pas loin… Nous avons aussi reçu le Coteaux Champenois 100% Meunier de 2014, un blanc complexe, fin et minéral qui pourrait créer la surprise lors de dégustations (idem: 12 bouteilles..; sur un total de 267).

Chez Thomas Perseval, le même souci de perfection anime ce jeune vigneron. Thomas et Aurélien se connaissent bien, s’entraident et échangent souvent leurs expériences. Bref, c’est le genre d’amitié qu’on imagine bien en Anjou, dans le Beaujolais ou dans le Jura, mais curieusement moins en Champagne. Thomas Perseval possède environ 2.5 hectares, avec une production annuelle de 10 à 15000 bouteilles, ce qui semble colossal par rapport à Aurélien, mais reste minuscule par rapport aux mastodontes de la région. Thomas préfère parler de ses six parcelles car en véritable amoureux du terroir il vinifie des cuvées parcellaires capables d’exprimer les différences de terroir.

La dégustation des 2016 en barriques est éloquente car la différenciation par parcelle vous permet de comprendre le rôle des sols dans la complexité aromatique d’un vin. La cuvée Les Sablons (85% Pinot Meunier, 15% Pinot Noir) tire sa vivacité et sa fraîcheur d’un sol sablo-limoneux. La cuvée La Masure, située en bas de coteau (80% Pinot Noir, 20% Chardonnay) est un vin plus puissant, plus affirmé avec une belle fraîcheur finale. Le Village est un 100% Chardonnay aux notes fumées qui possède la délicatesse d’un beau blanc de blancs. Quant au coteau champenois Sous le Cerisier (60% Chardonnay, 30% Petit Meslier, 10% Arbane), il s’agit d’un blanc puissant avec une très belle amertume ramenant de la fraîcheur.

La dégustation s’est terminée avec quelques bouteilles de 2012 (millésime disponible chez Mi-Fugue), dont le Tradition 2012,  la cuvée emblématique du domaine (45% Pinot Noir, 45% Pinot Meunier et 10% Chardonnay), d’une belle ampleur, vif (0 dosage…) et surtout d’une grande facilité à boire.

Que les fans de bulles se rassurent donc: Aurélien Lurquin et Thomas Perseval font partie de la jeune génération qui apporte du sang neuf au vignoble champenois.

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Une journée chez Haridimos Hatzidakis à Santorin…

Séjourner à Santorin sans rendre visite à Haridimos Hatzidakis reviendrait à visiter Paris sans voir le Louvre. C’est possible… mais dommage, d’autant plus que le vigneron et ses vins valent largement le détour.

L’histoire de cette magnifique île est marquée par deux événements, pour le moins distants: l’irruption d’une rare violence d’un volcan qui a bouleversé la région en 1646 avant J.C. et un tremblement de terre en 1956 (…après J.C.!) qui a marqué les esprits. L’île a mis un certain temps à s’en remettre et a bénéficié d’une migration crétoise dont Hatzidakis fait partie. Ce vigneron s’est installé en 1996 et a patiemment développé son domaine. Aujourd’hui la superficie du vignoble atteint 14 hectares, complétée par de l’achat de raisins biologiques, avec un total de 120 000 bouteilles par an. Ce qui impressionne chez Hatzidakis, c’est le rapport qualité/quantité, avec des vins d’une pureté et d’une définition aromatique à couper le souffle. Bref, il est plus facile de faire du bon vin sur 20 ares que sur 14 hectares…

La dégustation des vins du domaine Hatzidakis s’est faites en deux fois. Le premier jour, Haridimos présentait ses vins sur un salon de vignerons santoriniens au restaurant Selene. Nous y sommes allés, histoire de goûter d’autres vignerons de l’île. Le constat est sans appel: le domaine Hatzidakis fait la course en tête, suivi par d’autres domaines intéressants tels que Vassaltis et Sigalas.

        

Le lendemain Haridimos nous invite sur son domaine, à Pyrgos, pour nous montrer son dernier chai construit sous la roche volcanique. Quand on aime on ne compte pas: il a commencé l’excavation en 2004 et l’a inauguré en 2016. Un travail titanesque pour creuser plus de 150 mètres de galeries sous la roche volcanique. Aujourd’hui il bénéficie de conditions idéales de vinification et de stockage, avec une température fraîche en plein été.

     

Les plus perspicaces l’auront deviné, la nature du sol est volcanique, produisant des vins d’une grande salinité. Les précipitations étant plutôt rares, les vignerons n’ont pas à lutter contre le mildiou (Hatzidakis raconte l’unique attaque de mildiou il y a plusieurs décennies qui a mis tous les agriculteurs de l’île en émoi…). En revanche, le vent souffle une bonne partie de l’année, obligeant les vignerons à cultiver leurs vignes en « couronne », en tressant les sarments au ras du sol. Les raisins poussent donc dans des « niches » à l’abri du vent et du soleil. Dernier détail qui a son importance: Santorin n’a jamais connu le phylloxéra.

Le vignoble du domaine est jonché de pierres ponce, des « pierres-éponges » qui libèrent l’eau pendant la période sèche, garantissant ainsi une hydratation de la vigne.

Tous les éléments sont donc réunis pour faire de très beaux blancs, avec le cépage-roi de la région, l’Assyrtiko, qui donne des vins d’une une incroyable pureté et  salinité. Cette salinité constitue la « colonne vertébrale » du vin et permet d’obtenir des vins d’une puissance et d’une ampleur dignes d’un Montrachet mais avec un équilibre souverain et ce côté « reviens-y ». Nous pensons en particulier au fleuron du domaine, un Assyrtiko de Louros 2015, un vin qui titre 15.7 degrés d’alcool, mais qui se boit comme de l’eau. Les rendements sont ridiculement bas sur cette cuvée, comme sur le reste du domaine. La longueur est (presque) infinie, avec une complexité digne des plus grands blancs de Bourgogne ou de Loire.

Nous nous emballons en vous parlant de la « Rolls » du domaine. Si nous commençons par le début, la cuvée Aidani 2016, du nom du cépage, est un pur bonheur à l’apéritif, avec des notes florales et une touche d’agrumes d’une belle fraîcheur. Une petite macération de 12 heures donne plus de matière au vin sans pour autant l’alourdir.

La cuvée Santorini 2016,  est l’Assyrtiko emblématique du domaine. Ce vin issu d’un pressurage direct, vous fera découvrir la richesse aromatique de ce cépage ainsi que sa grande buvabilité. Il s’agit d’un vin étonnamment versatile, pouvant se boire à l’apéritif, avec un poisson ou une viande blanche. L’Assyrtiko de Mylos 2016, est une cuvée parcellaire de vieilles vignes, plus puissant et complexe que le précédent. Sans atteindre la richesse de l’Assyrtiko de Louros, ce vin pourra accompagner des viandes blanches aux morilles. Le vin est dense, salin, complexe. Bref, une blanc envoûtant. Finalement, la cuvée Nykteri 2014 est un Assyrtiko récolté en surmaturité et vinifié en sec avec un élevage de 12 mois dans des barriques de plusieurs vins, produisant un vin ample et salin, proche de l’Assyrtiko de Louros.

Le tour du domaine ne serait pas complet si on omettait deux curiosités du domaine, un rouge à base de Mavrotragano et le fameux liquoreux Vinsanto. Hatzidakis a décidé de remettre à l’honneur un cépage peu répandu sur l’île (2% de la surface totale). Le Mavrotragano 2015 est un  rouge chaleureux et épicé, avec une belle fraîcheur qui le rend digeste. Quant au Vinsanto, il est composé d’Assyrtiko à 80% et de 20% d’Aidani. Les raisins sont récoltés en surmaturité et mis à sécher au soleil pendant une quinzaine de jours. L’élevage en barriques de 7 ans lui confère des notes intenses d’abricots secs et de raisins de Corinthe. On retrouve l’acidité de l’Assyrtiko qui évite toute lourdeur et donne au Vinsanto un côté limite dangereux…

Après cette belle dégustation, nous sommes allés déjeuner dans une taverne en compagnie d’Haridimos Hatzidakis et quelques amis grecs, un déjeuner copieusement arrosé de vins du domaine et qui n’a duré que 5 heures…

L’hospitalité grecque n’est pas un mythe…

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Le Nez dans le Vert à Arbois: Jura for ever!…

Mi-Fugue Mi-Raisin n’a pas pu résister à la édition jurassienne du Nez dans le Vert au domaine de la Pinte à Arbois. Certains diront que notre jurassophilie vire à la jurassopathie, ce en quoi ils n’auront pas tort… Mais il faut noter que nous sommes de plus en plus nombreux dans ce cas de figure: 1500 personnes atteints de la même pathologie ont arpenté le domaine de la Pinte dimanche pour déguster le gratin des vignerons jurassiens.

Le millésime 2015 était à l’honneur, un millésime solaire qui plaira aux amateurs de vins opulents, mais dans le Jura la fraîcheur est toujours au rendez-vous. Les blancs sont amples avec une belle trame acide et les rouges sont généreux avec un joli fruit. Les poulsards (pardon: ploussards!) sont fluides et gourmands et les Trousseau riches et épicés.

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Voici, en vrac, les vins qui nous ont marqués.  Les blancs de Julien Mareschal (domaine de la Borde) sont toujours aussi fins et purs, avec une mention spéciale pour  le Chardonnay Terre de Lias est fin et  minéral. Le Chardonnay La Chaux de Céline et Steve Gormally (Les Dolomies), ample et floral. Les vins de Loreline Laborde (Les Granges Pâquenesses), tous géniaux avec notamment un Ploussard 2015 souple et racé. Le Pinot Noir La Pépée 2015 de Jean-Baptiste Menigoz (Les Bottes Rouges), épicés, profond et juste buvable…Le Savagnin Préssé 2016 d’Etienne Thiebaud (Les Cavarodes) d’une (très) grande finesse; Le Mizuiro 2013 de Kenjiro Kagami (domaine des Miroirs), un superbe Chardonnay qui vous fait regretter la confidentialité des vins de ce domaine; Le Chalasse 2015 de Julien, Charline et Romain Labet, un blanc d’une grande puissance et complexité qui mérite un beau homard; un Savagnin 2010 du domaine Overnoy – Houillon, un vin profondément marqué par son terroir marneux, avec des notes d’argile et une sapidité de folie, bref un grand vin comme sait faire ce domaine; un Trousseau 2015 Plein sud de Jean-François Ganevat d’une pureté et d’une buvabilité sidérantes; et last but not least un Ploussard Côte de feule de Patrice Hugues-Béguet, dense, profond mais souple et étonnamment gourmand.

Bref, vous l’aurez compris le Juramour n’est pas prêt de finir chez Mi-Fugue.

Nous sommes revenus du Nez dans le Vert bien chargés. Nous avons en ce moment les Vins de Loreline Laborde (Ploussard, Chardo et Savagnin de Voile), Patrice Hugues-Béguet (Ploussard, Chardo, Savagnin), Julien Mareschal (Chardo, Savagnin), Jean-Baptiste Menigoz (Pinot Noir et Chardonnay)… et d’autres!

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Le salon des Pieds et des Vins à Paris: « small is beautiful…. »

L’équipe de Mi-Fugue s’est rendue au premier salon parisien des Pieds et des Vins qui s’est tenu chez Les Tantes Jeanne dans le 18ème arrondissement le lundi 6 mars.

Des Pieds et des Vins, kézako? Il s’agit d’une association de 12 jeunes vignerons champenois qui ont envie de faire bouger les vins de  Champagne. Souvenez-vous, il y a eu la première vague de champenois avec (l’inaccessible !) Selosse, suivi par la bande de vignerons que nous connaissons : Lassaigne, Laval, Lahaye, Léclapart, Gautherot… Ces vignerons ont renouvelé le paysage champenois il y a une décennie. Il fallait donc du sang neuf et un salon en marge des prestigieux « Bulles Bio » et « Terre et Vins de Champagne ». Aujourd’hui nous pouvons le dire: la relève est assurée ! Nous avons goûté des champagnes que vous ne connaissez pas forcément : Aurélien Lurquin, Guillaume Sergent, Thomas Perseval. Des inconnus au bataillon aujourd’hui… et les futures stars de demain.

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Aurélie Barrat présentait les vins du domaine Barrat-Masson, que les clients de Mi-Fugue connaissent bien. Ce vignoble de 7 hectares dans l’Aube produit des vins d’une grande finesse et précision, notamment la cuvée Grain d’Argile (63% Chardonnay 37% Pinot Noir) d’une belle fraîcheur et La Fleur de Craie, un Chardonnay d’une grande finesse. Sur le même registre de finesse, nous avons craqué pour les vins de Thomas Perseval, sympathique vigneron à la tête d’un domaine de 2.5 hectares à Chamery (Montagne de Reims). Sa cuvée tradition 2013 (43% Pinot Meinier, 40% Pinot Noir et 17% Chardonnay) non dosée possède une rondeur et un fruit incroyables, et sa Grande Cuvée 2012 (Chamery premier cru : un tiers de chaque cépage) est d’une délicatesse digne des plus grandes bouteilles de Champ’. Les vins de ce domaine seront disponibles chez Mi-Fugue en septembre. L’autre surprise de ce salon : les deux cuvées de Guillaume Sergent, un vigneron qui bichonne ses 1.7 hectares à Vrigny (Montagne de Reims). Entre  Les Prés de Dieu, un Chardonnay fin et élégant et Le Chemin des Chappes, un Pinot Noir – Pinot Meunier d’une grande pureté, nous préférons choisir… les deux! Autre inconnu au bataillon des beaux champagnes, Sébastien Mouzon du domaine Mouzon-Leroux, à Verzy qui nous a charmés avec la cuvée Atavique, un Pinot Noir (60%) – Chardonnay à la fois nerveux, ample  et subtil. Etienne Calsac , jeune vigneron aussi sympathique que talentueux (2.8 hectares à Avize) présentait l’Echappée Belle, un joli Chardonnay désaltérant au rapport qualité-prix imbattable.

Last but not least nous avons regoûté la belle gamme de Rémi Leroy, vigneron à Meurville, dans l’Aube, disponible chez Mi-Fugue Mi-Raisin.

 

Ce salon a tout pour plaire : une taille humaine, des jeunes vignerons attachés à leur terroir et une incroyable qualité de vins. Le dynamisme de cette région nous fait penser à deux autres régions que nous affectionnons, le Jura et l’Anjou.

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Les Salons d’Angers et de Saumur… millésime 2017

       

L’équipe de Mi-Fugue Mi-Raisin revient de son pèlerinage annuel à Angers, haut lieu du vin bio, biodynamique et naturel. L’ambiance était plutôt à la fête sur fonds de pénurie (2016…). Mais que les amateurs se rassurent: il y aura quand même du vin à siroter… et du bon. Les quatre salons que nous avons arpentés rappellent la Tour de Babel, avec des professionnels du monde entier. L’ambiance était plutôt sympathique… à condition d’aimer les bains de foule et les dégustations-marathon.

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Il y en avait pour tous les goûts, entre Les Anonymes (pour les « purs et durs »), Les Pénitentes (le salon à taille humaine), et les deux mastodontes, le Salon St Jean et, of course, La Dive Bouteille à Saumur. Une chose est sûre: si les vins bios, biodynamiques et naturels sont l’affaire de bobos, force est de constater qu’il y en a de plus en plus dans le monde. Les salons de Loire concentrent un millier de vignerons qui font goûter plusieurs milliers de soiffards.

Comme chaque année, nous vous livrons nos coups de cœurs, sachant qu’à deux nous n’avons pas le temps de tout goûter…loin de là!

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Les hostilités ont commencé avec le salon St Jean. Florent Bejon, vigneron à St Germain sur Vienne, était présent pour la première fois avec deux très belles cuvées de Cabernet Franc: Picrochole et St Germain, des vins précis et purs, pleins de fruit et à des prix défiant toute concurrence. A ses côtés, Michel Autran, notre vigneron chouchou de Vouvray faisait goûter ses « Enfers Tranquilles », un très joli Chenin à la fois vif et fruité. Athenaïs de Béru (Chablis) nous a étonnés avec un Vaucoupin 2015 incroyablement salin, complexe, fin et long. Les jurassiens étaient présents en force, avec Alexis Porteret qui présentait un Pinot Noir 2015 d’une gourmandise addictive. Quant à Julien Mareschal (domaine de la Borde, Pupillin), ses vins sont de plus en plus précis et purs, comme en témoigne son Chardonnay Terre du Lias 2015 d’une grande pureté, un vin qui donne l’impression de ne pas saouler! En Champagne, Benoît Marguet (Ambonnay) vinifie des champagnes d’une rare finesse, notamment « Le Parc », un blanc de blancs sur tuf d’une incroyable élégance.

Le très sympathique Julien Guillot (les Vignes du Maynes, Mâconnais) est pour nous un des plus grands vignerons de Bourgogne. Il faisait goûter son Mâcon Cruzille « Aragonite », d’une très belle pureté et une superbe cuvée « Auguste » 2016, un Pinot Noir d’une rare finesse. Kenji Hodgson (Anjou) présentait la cuvée Faïa 2015 (disponible ce printemps) qui comptera sûrement  parmi les plus beaux Chenins d’Anjou. Bruno Rochard nous a rappelé que l’on pouvait faire de très beaux Cabernet Franc en Anjou (le P’tit Clou et Pièce de la Barrière)…sans oublier sa très belle cuvée de Chenin, « Moque Souris » 2015.

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Aux Pénitentes, les bande habituelle était présente, avec quelques nouvelles têtes… Julien Labet présentait les vins du domaine Labet (Rotalier, Jura), notamment des rouges ahurissants de finesse: la cuvée « Métis » (2014 Pinot, Gamay, Ploussard, Trousseau) que nous rêvons de boire plus souvent et un Trousseau (Pré du Bief), à se damner. Nathalie Gaubicher (Les Mortiers, à Marçon) confirme son statut de « reine du Pineau d’Aunis », avec une cuvée Lucky 2014 épicée et gourmande à souhait et le Cuvée « Mortiers » d’une grande profondeur. Nous avons été séduits par un très beau Cour Cheverny 2015 du domaine Pierre-Olivier Bonhomme. Quant à Manu Lassaigne que nous ne présentons plus, il nous a offert une dégustation « de toute beauté » marquée par son millésimé 2008 qui ne devrait exister qu’en magnums… Mireille et Patrick Meyer (Nothalten, Alsace) toujours aussi accueillants nous ont donné le vertige avec un Riesling Grand Cru Muenchberg 1997 de voile, un vin de voile étonnant dévoilant (!)  toute la subtilité du riesling: du grand art! Quant à Dominique Belluard (Bellu pour les intimes), il n’a plus à démontrer la noblesse du cépage  Gringet, avec la Cuvée « Le Feu » 2015 qui restera gravé dans notre mémoire comme un des plus grands blancs de ce périple. La cuvée « Gilbourg » de Benoît Courault, fait partie (comme chaque année) de nos blancs préférés de Loire: un Chenin, complexe et long, d’une grande élégance.

Les vins de Jean-François Nicq (les Foulards Rouges, Roussillon) nous rappellent que le vin est avant toute chose une histoire de fruit, avec des vins (mention spéciale pour Frida) explosifs sans être écœurants.

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Nous avons fait un tour rapide aux Anonymes, histoire de goûter les vins de  Baptiste Cousin et en particulier sa cuvée « Dynamitage » 2016, un Gamay pur jus… que du bonheur en perspective!

Last but not least La Dive Bouteille fait partie des salons que nous arpentons en un jour et qu’il faudrait faire en quatre (… un peu comme une visite au Louvre). Ici aussi on ne sait plus où donner de la tête, entre les Bourgognes de Jean-Jacques Morel (St Aubin, Le ban 2014) d’une belle élégance, Le Côtes de Beaune rouge épicé et fin de la maison AMI, le négoce « haute couture » de deux copains Willy et Paul, Le Pommard 2015 de Fanny Sabre, une bombe de fruit en devenir. Côté Champagne, les quelques vignerons représentaient la fine fleur du Champ: Vincent Laval, (ah… ce rosé brut nature!!)  Bénédicte et Emannuel Rupert Leroy (une solera de 4 millésimes de folie) et Valérie et Benoît Lahaye (Une cuvée Violaine, un chardo-pinot noir de grande facture)… sans oublier les Gautherot (Vouette et Sorbée). Le tonneau de Loreline Laborde (les Granges Pâquenesses, Jura) était noir de monde, car le bruit court que Loreline vivifie des  blanc et rouges du Jura d’une rare précision et élégance. Nous avons succombé à son Chardonnay 2015, pur comme de l’eau de roche. Jean-Baptiste Ménigoz nous a régalés avec sa « Pépée » 2015, un Pinot Noir fruité, dense et gourmand. Le Cabernet Franc 2015 « Carbone » de Stéphane Erissé (Domaine Andrée, Anjou) est plus que prometteur et pourra rivaliser avec pas mal de « grands vins » d’autres régions, de même que l’incroyable Saumur « Les Cormiers » 2014 de Sylvain Dittière (Porte Saint Jean), profond et complexe. Reynaud Héaulé continuera toujours à nous étonner  car oui, on peut faire des très grands vins dans l’Orléanais comme en témoignent ses cuvées Terre de Silice, un (grand!) blanc à base de Pinot Gris, Chardonnay, Sauvignon Romorantin et Menu Pineau et son rouge « Rive Droite », un Pinot Noir Pinot Meunier délicat, complexe et long. Les vins d’Hervé Souhaut sont sans surprise: fins, élégants, gourmands, longs en bouche… Bref, tout simplement grands. Côté Frioul,  Paolo Vodopivec vinifie le cépage Vitovska en amphores avec une macération… de superbes vins de gastronomie, purs et salins…

A l’heure où nous écrivons ces lignes, la fête continue avec Les salons Demeter et la Levée de la Loire, mais l’équipe de Mi-Fugue a déclaré forfait et a dû rentrer à Paname avec des envies et des idées plein la tête…

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Aldo Viola, un vigneron à part…

Les français aiment croire que leur beau pays est le centre du monde des vins naturels. Après avoir dominé le monde du vin classique grâce à Bordeaux et à la Bourgogne, il était naturel et légitime que la France devienne le fleuron du vin naturel. Parlez-en à Pierre Overnoy, qui vous dira… le contraire! Il cite dans l’ouvrage « La Parole de Pierre » les italiens qui ont pris le train bien avant nous et qui sont loin devant dans le domaine de l’agriculture biologique.

Cela fait donc quelques années que les professionnels français du vin se prennent des claques sur les salons en goûtant des vins autrichiens, serbes, espagnols ou italiens. Mi-Fugue Mi-Raisin en a justement pris une  en goûtant les vins du sicilien Aldo Viola, un vigneron exigeant et passionné qui évolue en marge des grands noms italiens.

L’exploitation d’Aldo Viola est basée à Marsala, sur la côte ouest de l’île, avec des vignes situées essentiellement autour d’Erice et de Trapani, pour ceux qui connaissent le coin. Le domaine s’étend sur 11 hectares, preuve qu’on peut élaborer des vins bluffants sur une superficie « honorable ».

Lorsque nous avons rencontré le vigneron, nous avons immédiatement deviné qu’il ne passait pas son temps cloitré  dans un bureau. Cela dit, il ne suffit pas d’être dans la vigne pour faire des grands vins. Le discours d’Aldo est celui d’un passionné ayant les pieds sur terre. Il possède une grande compréhension du monde végétal qu’il met au service de sa vision du vin. Pour Aldo le vin est une boisson complexe et vibrante et chaque cuvée doit raconter une histoire et susciter une émotion uniques. Aldo Viola ne fait pas du vin pour étancher la soif  de ses clients ou procurer une légère (ou lourde!) sensation d’euphorie, mais plutôt pour éprouver une émotion. Il cite Richard Leroy et Thierry Allemand comme modèles de grands blancs et de grandes Syrah.

La dégustation des quatre cuvées qu’il propose nous a fait le même effet: des grands vins à forte personnalité qui ne peuvent laisser indifférent. On peut ne pas aimer les vins de Richard Leroy, Thierry Allemand ou Aldo Viola, mais dire qu’ils sont quelconques ou fades relèverait de la mauvaise foi absolue.

Aldo vinifie quatre cuvées. Deux blancs à base de Catarato et de Grillo  et deux rouges à base de Syrah.

Commençons par les blancs. La cuvée Krimiso 2015 est un vin macéré à base de Catarratto. Les raisins sont éraflés puis macérés pendant cinq mois sans pressurage. Cette méthode permet de limiter l’oxydation du vin et d’éviter le côté « orange » du vin qui a ses détracteurs. Les raisins sont écrasés sous leur propre poids et seul 40% du jus est gardé.

La cuvée Krimiso possède à la fois une rondeur et une vivacité surprenantes, avec une finale légèrement saline. Il s’agit d’un vin d’une incroyable ampleur mais qui ne présente aucun caractère de « mollesse ». La légère amertume du cépage lui donne un surcroît d’énergie. Il s’agit d’un superbe vin de gastronomie pouvant accompagner aussi bien un foie gras qu’une viande blanche ou un poisson.

La cuvée Egesta 2015 est composée de Grillo, un cépage connu pour sa salinité et ses notes empyreumatiques (ou « de brûlé » si vous préférez). Les grappes entières sont laissées dix jours puis la fermentation a lieu en cuves pendant 6 mois. La  mise en bouteilles a lieu après un soutirage… et sans adjonction de SO2. Aldo privilégie les méthodes ancestrales de vinification en amphores, mais préfère utiliser des cuves en inox car selon lui on n’altère pas le goût du raisin. A la dégustation le vin possède la salinité d’un vin du Jura, avec une incroyable  tension combinée à une richesse aromatique hors du commun. Comme tous les grands vins, Egesta réconcilie les contraires: le vin est à la fois salin, vif et riche, sans lourdeur. Il est d’une grande finesse aromatique tout en ayant une incroyable présence.

Les deux cuvées de rouge, Guarini et Guarani Plus, à base de Syrah prouvent qu’on peut vinifier des vins rouges frais et digestes dans un climat chaud.

La cuvée Guarini 2015 provient d’un sol argilo-calcaire. 95% du vin est vinifié en cuve et 5% en en demi-muids de 800 litres. Le millésime 2015 étant exceptionnel et relativement plus chaud, Aldo a choisi de décuver au bout d’une semaine, plutôt que 3 ou 4. Le résultat: un vin possédant à la fois de la matière, une tension et une grande finesse. Le fruit est présent sans ce côté parfois écoeurant de la Syrah. Quant à la cuvée Guarini plus, il s’agit de raisins issus de marnes blanches. Le vin est élevé en demi-muids pendant onze mois sans adjonction de SO2, avec 50% de bois neuf et 50% issu de deux vins. Comme à Cornas, Aldo Viola laisse 15% des raisins avec la rafle. Les rendements sont infimes: une bouteille par pied de vigne!… A la dégustation le vin oscille entre un Cornas et une Côte Rôtie, avec des notes de cuir et de suie. Bref, il s’agit d’une très belle Syrah de (longue) garde.

A l’issue de cette dégustation aussi étonnante qu’édifiante, on se demande comment il est possible d’obtenir autant de fraîcheur et de buvabilité dans des vins provenant d’un climat aussi chaud et aride. Selon Aldo Viola, l’humidité de l’air et le vent modifient le « ressenti » de chaleur de la vigne et l’aident à mieux gérer l’aridité.

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Une dégustation avec Emmanuel Lassaigne…

Comme il ne faut jamais déroger aux traditions, nous avons  invité le vendredi 16 décembre le vigneron champenois Emmanuel Lassaigne pour fêter la fin d’année… et les dix ans de Mi-Fugue Mi-Raisin. Nous en profitons d’ailleurs pour remercier nos clients, amis, lecteurs assidus du blog  et plus généralement tous les passionnés de vin qui nous ont permis de passer le cap symbolique et fatidique de la décennie… et nous leur souhaitons de belles fêtes de fin d’année.

     

Une dégustation avec Emanuel Lassaigne est un moment privilégié car outre sa bonne humeur et sa générosité, il nous réserve toujours quelques (bonnes) surprises.

Les hostilités ont débuté par Les Vignes de Montgueux, le « classique » de la maison, un  Chardonnay frais, élégant qui titille les papilles à l’apéritif. La cuvée La Colline Inspirée (le seul Champagne du domaine élevé sous bois) ample et racée goûtait particulièrement bien, ainsi que Le Cottet, une sélection parcellaire de vignes sur un sol crayeux, d’une finesse et d’une minéralité sidérantes. Emmanuel a tenu à millésimer le 2007, et nous comprenons pourquoi: il s’agit d’un vin d’une incroyable pureté et complexité.

En fin de soirée Emmanuel Lassaigne nous a ouvert des cuvées confidentielles, et notamment sa nouvelle édition d’Autour de Minuit qui n’est autre que la cuvée Le Cottet élevé dans des fûts de Vieux Savagnin Houillé de Jean-François Ganevat. Il s’agit d’un Champgne hors norme, d’une rare finesse. L’élevage lui confère d’incroyables notes de cumin, de curry. Un grand Champagne malheureusement confidentiel, limité à 300 bouteilles.

Autre curiosité, un coteaux champenois rouge baptisé Aparté, d’un fruit et d’une gourmandise à vous rendre accro. Cette cuvée est destinée à une consommation familiale et ne sera pas commercialisée.

Merci Manu pour cette dégustation… de toute beauté!

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Nez dans le Vert et Levée de la Loire 2016…

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Le lundi 7 novembre était LA journée des salons de vins à Paris. Mi-Fugue Mi-Raisin a choisi le Jura et la Loire à la fois par passion et par paresse: les deux salons étaient réunis comme chaque année au même endroit. Pratique, quand on sait à quel point le lever du coude est un exercice épuisant. Le salon a permis de confirmer la qualité des 2015 dans les deux régions, avec de magnifiques rouges du Jura (amateurs de Ploussard et de Trousseau, à vos portefeuilles!), des blancs opulents mais frais, et pour la Loire des rouges pleins de fruit et des blancs vifs et charnus.

En revanche le millésime 2016 sera plus contrasté avec des jolis vins en Loire mais des quantités de misère, et  globalement un beau millésime pour le Jura qui renoue enfin avec de jolis millésimes. Dans une ambiance de morosité générale (gel, grêle, mildiou, oïdium, stress hydrique…) le Jura peut s’enorgueillir d’un joli millésime (avec bien sûr quelques bémols et exceptions). Pour une fois que le Jura a un peu de vin, Mi-Fugue n’ira pas s’en plaindre, bien au contraire.

Sans prétendre à l’exhaustivité, voici en vrac, quelques jolis vins dégustés.

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Julien Mareschal (Domaine Laborde) vinifie des vins de plus en plus précis et purs, avec une mention spéciale pour son Chardonnay La Marcette 2015, vif et fin. Patrice Hugues-Béguet signe avec son Ploussard Côte de Feule, un des plus jolis « Plou » du salon et son Savagnin-Chardonnay « Straight no Chaser » sur le fruit et la gourmandise est un bel hommage à Thelonius Monk. Chez Peggy et Jean-Pascal Buronfosse, le Chardonnay « Pré du Bief »  (disponible en janvier)  est un vin équilibré, fin et cd’une belle complexité. La Ratapoil rouge de Raphaël Monnier (domaine Ratapoil), savant mélange de 22 cépages (si vous pouvez en citer plus de quatre… bravo!) est un beau rouge sur le fruit à siroter entre amis. Quant au Pinot Noir d’Alexis Porteret (domaine des Bodines), fin élégant et d’une belle longueur, l’équipe de Mi-Fugue se damnerait pour en faire son ordinaire. Le Ploussard de Jean-Baptiste Menigoz (les Bottes Rouges), ample et épicé sera le parfait compagnon automnal de vos plats de gibier. Etienne Thiébaud (Les Cavarodes) présenté un Savagnin pressé 2015, un vin élégant au fruit éclatant.

 

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Côté Loire, lepetit Pineau d’Aunis 2015 d’Elisabeth et Benoît Jardin (les Maison Rouges) nous a emballés avec son fruit, sa finesse et sa gourmandise. Il faudra en profiter car il n’y aura pas de 2016… La cuvée Hurluberlu 2015 de Sébastien David, sympathique vigneron de St-Nicolas-de-Bourgeuil est est un Cabernet Franc d’une belle rondeur avec un joli fruit… Stéphane Orieux (domaine  de la Bergeronnette, dans le Muscadet) présentait un « petit » blanc à base de folle blanche, un vin léger et vif à boire à l’apéro ou sur des fruits de mer. Le domaine  Pierre Luneau-Papin présentait plusieurs belles cuvées dont Terres Blanches, un Muscadet sur Gneiss d’une pureté et d’une finesse à convertir les Muscadophobes. La cuvée 29 de Geneviève Delatte et Nicolas Bertin (Rablay-sur-Layon, Anjou) est un superbe Chenin issu de vignes plantées en 1929, d’une belle complexité. Last but not least, Michel Autran, vigneron talentueux de Vouvray nous a régalés avec ses « Enfers Tranquilles » 2015, un Chenin minéral, pur, d’une belle ampleur.

L’édition 2016 nous rassure, car malgré les condition pour le moins compliquées, les amateurs pourront boire en 2017 de jolis vins de ces deux régions.

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Les vins d’Imanol Garay…

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Voici un nom peu connu mais facilement reconnaissable: Imanol Garay. Retenez-le car pour l’instant ce vigneron fait couler très peu de vin mais risque de faire couler beaucoup d’encre.

L’histoire du vin naturel peut aussi être abordée sous l’angle de préjugés qui tombent. Certains amateurs se rappelleront l’époque de la découverte des  Gamays de Jules Chauvet, Foillard ou Yvon Métras. On était pour le moins perplexes devant ces incroyables breuvages. Nous savons aujourd’hui qu’il s’agit d’un des plus grands cépages et depuis, une horde de jeunes vignerons nous a appris que le Cabernet Franc, le Pineau d’Aunis, le Malbec, le Fer Servadou  ou Merlot pouvaient être de grands cépages. La liste n’est pas exhaustive et les amateurs ont compris qu’il ne fallait jamais dénigrer un cépage, que c’était une question de temps avant qu’un vigneron comprenne l’adéquation entre le cépage et le sol, expérimente d’autres types de vinification et finisse par élargir l’éventail de nos plaisirs.

Prenons (au hasard!) le Tannat. Vous savez, ce cépage rustique et tannique servant à vinifier le Madiran. Les amateurs cyniques disent qu’il faut trois bras quand on boit un Madiran: un pour tenir le verre et deux pour s’agripper au bord de la table…  Sauf que lorsqu’on boit un Madiran d’Imanol Garay, on comprend le sens des mots finesse, élégance, gourmandise et buvabilité.

                                   

Qui dit Madiran dit Pacherenc-du-vic-bilh, le blanc de la région produit à base de Gros (ou Petit) Manseng et de (Petit) Courbu. Là non plus vous ne ferez pas sensation en apportant une bouteille de Pacherenc-du-vic-bilh dans une soirée entre copains…

Imanol Garay produit une cuvée de blanc à base de Petit Courbu et de Petit Manseng, un vin improbable d’une finesse, complexité et élégance à bluffer tout amateur de grands blancs.

Sa production est plus que confidentielle : 50 ares de rouge et 40 ares de blanc sur des sols de sables et de gravettes (petits galets). Avec moins d’un hectare, vous ne risquez pas d’en trouver dans les foires aux vins…

Deuxième précision: Imanol est négociant et achète donc son raisin. Jusqu’à présent il travaillait à la tonnellerie d’Adour (et vendait des tonneaux à Richard Leroy entre autres). Depuis, il compte s’occuper lui-même des vignes et vient d’acquérir 75 ares  d’Irouléguy. Imanol est insatiable car il est aussi tombé amoureux de terroir de Navarre produisant des Grenaches exceptionnels et vinifie depuis peu une cuvée baptisée « Calndestinus ».

Mi-Fugue Mi-Raisin a été conquis par ses vins dès le premier millésime (l’année dernière). A l’époque les choses étaient simples car  il y avait deux cuvées: le Madiran « Abiatu » 2012, à la fois riche, puissant mais possédant une trame d’une incroyable élégance… et le blanc « Ixilune » 2013 (prononcer: « Itchi Louné »), un blanc du sud-ouest d’une minéralité, d’une puissance et d’une finesse à vous couper le souffle. Bref, un vin que vous pourriez allègrement placer dans une dégustation de grands Chenins.

Imanol est mu par une curiosité sans limites. Il faut le suivre, mais nous pensons que cela vaut largement la peine ! Après avoir goûté ses nouvelles cuvées d’Abiatu 2014 (le plus beau Madiran qu’il nous fût donné de goûter) et l’Ixilune plus large que le millésime précédent mais avec un équilibre et une fraîcheur dignes des plus grands vins blanc de Loire, nous sommes passés à ses cuvées plus « originales », notamment le même Madiran Abiatu 2014 élevé cinq mois supplémentaires en amphores en grès… et qui sera mis en amphores d’une contenance d’un litre et demi! L’idée est d’offrir au client la possibilité de continuer l’élevage lui-même car l’amphore est beaucoup plus poreuse qu’un bouchon, permettant au vin de respirer et selon lui de s’affiner. Le vin dégusté après quelques mois d’élevage en amphores (et donc avant sa « mise en amphores ») possède une finesse et une élégance encore plus marquées que la cuvée « normale ». Bref, un très grand Madiran qui possède une personnalité et une classe folles… Mais – c’était prévisible –  il n’y aura malheureusement quelques dizaines d’amphores. Imanol nous a fait goûter la cuvée « Cladestinum », qui n’est autre que son Grenache « Clandestinus » élevé 5 mois supplémentaires en amphores (vous suivez toujours?…). On retrouve cette finesse  et cette minéralité typiques des vins élevés en amphores.

Comme Fabien Jouves, Stéphane Lucas ou Vincent Alexis (Barouillet), Imanol Garay fait partie des jeunes vignerons qui nous  donnent envie de boire des vins du sud-ouest. Un grand merci!!!

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Une visite (hors du temps) chez Michel Gahier

   

Les passionnés de vins du Jura sont de plus en plus nombreux, mais ceux qui connaissent les vins de Michel Gahier ne sont pas légion. Michel est un vigneron discret vivant à l’abri des salons, tournées parisiennes et autres manifestations publiques. Il est basé à Montigny-lès-Arsures, la capitale mondiale du Trousseau,  non loin de la capitale mondiale du Ploussard, Pupillin…

Une visite chez Michel Gahier est à l’image de ses vins: unique et inoubliable. Nous sommes passés le voir au moment du fameux salon « Le Nez dans le Vert » (auquel il ne participe pas…) et la visite nous a marqués au point de vouloir vous en parler plusieurs mois plus tard. Il y a globalement deux types de visites: celles qui vous confortent dans vos convictions et celles qui bousculent vos connaissances patiemment et laborieusement acquises. La visite chez Michel fait partie de la seconde catégorie. Nous conseillons d’ailleurs aux jeunes sommeliers en herbe de lui rendre visite en oubliant leurs certitudes  car une fois la porte franchie et la dégustation terminée on repart avec les idées bousculées. Pour un œnologue « orthodoxe » le vins de Michel Gahier confinent à l’hérésie. Le vigneron  nous a raconté ses débuts pour le moins difficiles  à l’époque où le restaurateur Jean-Paul Jeunet (deux macarons Michelin à Arbois)  l’encourageait alors qu’il était confronté à l’hostilité de ses confrères et de la plupart des consommateurs. Être vigneron « nature » dans les années 80 nécessitait une sacré dose de détermination et d’entêtement dans  un monde de vins boisés, chaptalisés et sulfités.

Aujourd’hui les amateurs sont sensibilisés à la dégustation de vins naturels. Et pourtant… Combien de dégustateurs pourront vous dire  qu’un vin jeune possédant un niveau d’acidité volatile important n’est pas forcément problématique. Pour illustrer ses propos Miche Gahier nous sert un Chardonnay « La Fauquette » 1992, un superbe vin doté d’une ampleur et d’une fraîcheur sidérantes. Le niveau d’acidité volatile de ce vin était à 2 grammes (les vins jugés « normaux » dépassant rarement 0.7 grammes…). Tant vous dire que le vin devait posséder un tranchant et une acidité peu communs. Selon le vigneron l’acidité volatile est « digérée » par le vin si celui-ci possède la matière pour le faire, cette acidité permettant au vin de défier le temps. A la dégustation ce vin possède un incroyable tension et une acidité donnant  l’impression qu’il est indestructible.  La cuvée « Fauquette » sous voile de 2011 confirme cette analyse: une incroyable fraîcheur et l’impression que le vin pourra tenir cent ans. Nous avons même eu la chance de goûter son « petit » Chardonnay, la cuvée « Les Folasses » en 1989: un vin d’une jeunesse inouïe!

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Sans aller jusqu’à dire que Michel Gahier est le M. Jourdain du vin naturel, son discours sur la viticulture est d’une simplicité biblique. Il ne fait pas du « bio » pour être dans le vent mais parce qu’il a toujours ressenti le besoin de respecter la nature… et l’homme. A titre d’exemple il utilise 500 grammes de cuivre par hectare et par an alors que la règlementation bio autorise 6 kg par hectare (sur une moyenne de 5 ans, pour tenir compte des pressions parasitaires…). En parlant de la relève dans toutes les régions et de la mode des vins « nature », il conseille aux jeunes vignerons qui reprennent des exploitations conduites en mode chimique de sulfiter légèrement leurs vins au début car la population levurienne des vignes ayant été éradiquée, le vin n’a pas l’étoffe pour se protéger en bouteille contre d’éventuels problèmes ou maladies.

Michel Gahier considère que ses rouges à base de Trousseau peuvent voyager aussi loin dans le temps. Bien avant la dégustation au domaine l’équipe de Mi-Fugue avait bu un Trousseau 2008 Les Grands vergers,  un vin d’une rare finesse dans un millésime réputé compliqué (car froid et humide). Les vins rouges du domaines sont généralement plus abordables dans leur jeunesse (même si la dégustation d’un blanc récent ne nous fait pas peur…). Que ce soit la petite cuvée de la vigne du Louis ou les « Grands Vergers », le Trousseau de Michel Gahier est fin, délicat, épicé et gourmand. Pour finir cette très belle dégustation, Michel nous a servi un verre de Trousseau « Les Grands Vergers » 2015 toujours en foudres. Le village mérite amplement la réputation de capitale mondiale du Trousseau et Michel Gahier est le plus noble ambassadeur du Trousseau dont on puisse rêver.

Michel possède très peu de vignes de Savagnin, qu’il utilise uniquement pour produire un vin jaune, et notamment un 2007 à base de Savagnin jaune et vert qui durera certainement plus longtemps que les contributions…

Les vins de cet incroyable domaine seront disponibles chez Mi-Fugue Mi-Raisin fin octobre.

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Horaires d’été 2016…

Mi-Fugue Mi-Raisin vous  souhaite un très bel été, chaud, agréable et (pas trop) sec.

Pour les « juillettistes » et autres courageux qui restent à Paris en août, nous vous rappelons nos horaires du 1er au 22 août inclus:

Lundi: fermé

Du mardi au samedi: 10h30 à 13h15    puis    16h30 à 20h30

Dimanche: 10h30 à 13h15

 

IMPORTANT!: Mi-Fugue Mi-Raisin  sera fermé du samedi 13 au mardi 16 inclus.

Bonnes vacances!!

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Badoulin Pinot Noir 2014: le grand Pinot du Puy de Dôme

Par une soirée fraîche de juillet nous n’avons pas pu résister à la tentation d’ouvrir une bouteille de Pinot Noir 2014 de Stéphan Elzière. Les lecteurs de ce blog connaissent ce jeune vigneron du Puy de Dôme aussi sympathique que doué (si l’article a échappé à votre vigilance, cliquez ici).

Stéphan Elzière est un exemple vivant du vigneron autodidacte. Il n’a suivi aucune formation… juste son intuition qui lui disait de vinifier le plus naturellement et simplement possible. Comme quoi nous ne sommes pas tous égaux face à un domaine aussi complexe que la vinification!

La parcelle de Pinot Noir située à 500 mètres d’altitudes s’étend sur 30 ares… ou 3000 mètres carrés si vous préférez.  D’ailleurs à la dégustation on est bien content que tout Paris ne coure pas après les vins de Stéphan Elzière. En plus d’être minuscule, la parcelle est atypique des sols d’Auvergne. Elle est composée de dépôts d’argiles recouverts d’une couche de sables limoneux, avec des granites et des gneiss. Un sol particulier qui confère au vin une grande finesse.

Après l’incroyable Pinot Noir de 2013 (que le vigneron trouvait trop léger mais que nous trouvions trop buvable…), nous appréhendions la dégustation du millésime 2014, réputé plus dense. La gageure consistait à vinifier un millésime plus concentré tout en gardant la délicatesse et l’élégance du Pinot Noir. Stéphan a réussi ce tour de force car le 2014 possède ce côté tout aussi « dangereusement buvable » que le 2013 mais avec plus de fond et de complexité.

Pourtant Stéphan ne vinifie pas ses vins en macération carbonique, un procédé permettant d’obtenir des vins légers et fruités. Au contraire, la récolte est éraflée (sauf le fond de cuve) et les macérations sont longues (un mois pour le 2014) avec  la un pigeage le matin et un remontage le soir pendant la dernière semaine. Dans ces conditions on s’attendrait à un Pinot Noir puissant et concentré. C’est pourtant le contraire. A l’ouverture le vin libère des arômes légèrement fumés avec les notes de kirsch tant recherchées par les amateurs de Pinot Noir. Le vin a possède un fruit incroyable tout en ayant une « mâche » que n’ont pas (ou rarement!) les « carbo ». Même si l’on reconnaît immédiatement le Pinot Noir, on devine aisément que le vin n’est pas un Bourgogne. La bouteille fut servie « à l’aveugle » à des amis. La plupart des convives sont partis sur un Pinot Noir d’Alsace (car quand un amateur reconnaît un Pinot Noir atypique de la Bourgogne, il le place « par défaut » en Alsace). Bref, tout en ayant ce côté Pinot que nous aimons tant, le Badoulin 2014 a son caractère à lui, à la fois unique et attachant.

Le Pinot Noir 2014 de Stéphan Elzière est une superbe réussite et au prix d’à peine deux bouteilles de Mouton Cadet, un de nos vins préférés.

Longue vie à Badoulin!…

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« Cordeloux » 2012 de Pierre Bénetière: le fleuron de la Côte Rôtie

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Certains jours appellent une grande bouteille. La météo capricieuse ayant laissé un moment de répit aux parisiens, l’air doux et la brise d’été nous a incités à ouvrir une belle bouteille, peut-être la dernière avant les chaleurs estivales (quoique…). Nous avons donc décidé d’ouvrir une Côte Rôtie 2012 « Cordeloux » de Pierre Bénetière, vigneron que nous suivons depuis l’ouverture de Mi-Fugue Mi-Raisin, il y a dix ans…déjà.

Nous étions allés à la rencontre de Pierre Bénetière en 2007. Ses vignes nous avaient impressionnés. Il cultivait à l’époque trois hectares (1.5 en Côte Rôtie et 1.5 en Condrieu) surplombant le Rhône. Le site est époustouflant… et la mécanisation impossible. Les vignes en terrasse demandent un effort de travail surhumain et une lutte perpétuelle pour maintenir la structure des murets (appelés « cheys ») sur ces coteaux pentus.

Les vignobles de Côte Rôtie et de Condrieu sont bénis des dieux : la vallée du Rhône septentrionale est dirigée du nord au sud, sauf entre Vienne et Condrieu où la faille prend une direction nord-est sud-ouest. Le vignoble situé sur la rive droite est orienté sud-est et bénéficie donc d’un ensoleillement idéal. Les sols granitiques font le reste pour produire des vins d’une grande finesse et complexité… du moins en principe car la plupart des vins ne sont pas à la hauteur de ce fabuleux terroir. Il faut dire que la tentation de rivaliser avec les « grands » vins de Bordeaux est omniprésente. On retrouve souvent des vins boisés, dilués et sans âme.

Les lecteurs attentifs auront bien noté que Pierre Bénetière s’occupait de trois hectares. Depuis peu il s’est séparé de sa vigne de Condrieu, n’ayant plus que 1.5 hectares de rouge. Il s’agit donc d’un micro-domaine employant deux personnes à temps plein ! Pierre Bénetière ne laisse rien au hasard. Il commercialise ses vins au meilleur moment, et vous vous imaginez que peu de domaines de Côte Rôtie pensent à mettre leur 2013 en bouteilles en juin 2016 ! Il travaille en bio depuis 2003 mais n’est pas certifié car il préfère être dans ses vignes plutôt que de s’enquiquiner avec les organismes divers et variés.

Venons-en au vin. Nos lecteurs savent que nous ne sommes pas dithyrambiques pour des raisons commerciales, ce blog étant un relai de passionnés. Pour le dire sans détour, cela faisait plusieurs mois que nous n’avions pas bu un vin rouge aussi soyeux, élégant, fin et complexe. Dès les premières gorgées ce vin suscite une émotion incroyable. L’ensemble des convives a vite compris qu’il s’agissait d’une bouteille exceptionnelle que l’amateur ne boit pas tous les quatre matins. Comme tous les grands vins, il n’a cessé d’évoluer pendant les deux heures (malheureusement trop courtes) de dégustation. A l’ouverture, il présentait un nez et une bouche de « suie », semblable à certains Cornas, mais avec une structure plus fine. A l’aveugle, certains sont partis directement sur la Syrah alors que d’autres étaient du côté d’un Grand Cru de Bourgogne. Cela dit, même si l’aromatique n’est pas celle d’un Pinot Noir, nous sommes bel et bien sur le toucher de bouche et le soyeux d’un (très !) grand Bourgogne.

Après une heure certains convives percevaient le côté minéral, « caillouteux » digne d’un grand blanc alors que d’autres restaient sur la texture veloutée d’une grande Syrah. Ce vin est un exemple vivant de « prise directe avec le terroir » et l’illustration parfaite de l’acharnement d’un vigneron à respecter et magnifier le terroir.

Certains amateurs nous reprocheront notre enthousiasme face à un vin si « jeune ». Le millésime 2012 fait partie de ces années où la fraîcheur et le finesse dominent le vin, permettant une dégustation « précoce », mais la trame laisse présager au moins deux décennies de plaisir. Nous sommes persuadés que quelques années supplémentaires feront ressortir les arômes tertiaires de ce vin, et réservera pas mal de surprises aux amateurs de « dégustations à l’aveugle ».

Vous l’aurez compris, nous sommes dingues de ce vin et pour le prix de six bouteilles de Mouton Cadet nous sommes sans voix face à une Syrah que nous mettons sur un pied d’égalité avec les Cornas de Thierry Allemand et la Sainte Epine d’Hervé Souhaut.

Un grand merci Pierre Bénetière pour cette incroyable émotion !!

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L’ éternel débat sur les vins de Richard Leroy: tout est question de curseur…

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Un article récent (numéro du mois de mai) paru dans la Revue des Vins de France  sur les vins du domaine Richard Leroy ainsi qu’une polémique qui n’arrête pas d’enfler sur un fameux forum de passionnés nous a incités à mettre notre grain de sel… même si nous sommes conscients que nous n’allons pas mettre un terme au débat qui fait rage autour des vins « natures » en général et ceux de de Richard Leroy en particulier.

La critique qui a fait le tour de la planète est celle relatée par Etienne Davodeau et Richard Leroy dans la fameuse bande dessinée « Les Ignorants« . Les lecteurs se souviennent certainement du passage du critique américain  de la revue de Robert Parker  qui grommelait dans son dictaphone. Richard et Etienne ont fini par savoir que le critique trouvait les vins trop oxydés.

Voici une liste non exhaustive de « qualités » des vins de Richard Leroy glanées dans les revues et sur la toile: oxydés, réduits (le contraire d’oxydé), acidité volatile trop importante, trop boisés, trop secs (le journaliste de la RVF se plaignant de l’épique époque des liquoreux…), pétillants, maigres, trop sulfités  (même sur les derniers millésimes!), courts en bouche, arômes tirant sur le végétal, nez et bouche de pétard mouillé…

Nous avouons pour notre part notre perplexité face à de telles épithètes censées décrire un des plus grands vins blancs de France (et soyons chauvins: du monde).

Les lecteurs de ce blog savent dans quel camp nous nous situons. Loin de nous l’idée de prosélytisme car si tout le monde encensait les vins de Richard, ses malheureux 2,7 hectares ne suffiraient pas, déjà que la situation est plus que tendue…  On aurait pu choisir les vins de Fanfan Ganevat, le domaine Overnoy-Houillon, Benoît Courault ou d’autres vignerons talentueux pour servir nos propos, mais curieusement les vins de Richard semblent l’emporter au niveau de la vigueur des débats. Ils nous rappellent dans une certaine mesure le mariage pour tous: ils chauffent la tête (au sens figuré!) et déchaînent les passions.

Alors les vins de Richard sont-ils vraiment trop oxydés, trop réduits, trop boisés…? Même si la dégustation reste une véritable expérience esthétique et donc éminemment subjective, tout dépend in fine  du « bagage personnel » du dégustateur. En d’autres termes on n’apprécie pas de la même façon un vin de Richard Leroy si on a l’habitude de boire des Overnoy, Ganevat, Meyer, ou si l’on l’on apprécie les vins de Coche-Dury, Raveneau ou Ramonet. Ce qui est frappant dans ce débat autour du « goût personnel » est la dimension occultée du travail à la vigne. Lorsque le vigneron s’engage à ne plus mettre de pesticides et à réduire les doses de cuivre à la vigne, il recherche une qualité de raisin lui permettant de poursuivre la même démarche au chai. Nous avouons ne pas comprendre les rares vignerons qui s’échinent à travailler leur vignoble pour ensuite jouer aux apprentis chimistes au chai… Richard Leroy résume ceci par une jolie formule: « il y a quand même une vérité à la vigne »… censée se retrouver dans le verre.

Reprenons rapidement les principaux défauts reprochés aux vins de Richard Leroy.

1. Ils sont oxydés. Oui, ils le seront forcément pour le critique américain de Robert Parker qui a l’habitude de boire des vins ayant vu entre 50 et 150 milligrammes de SO2, le SO2 jouant le rôle d’antioxydant et antioxydasique. Nous avons déjà bu des vins chez Richard ouverts une semaine auparavant. La couleur était limpide et le vin n’avait aucun arôme de « mine de crayon ». Évidemment, si vous faites subir le même traitement à un vin naturel issu de raisin plus « approximatifs » vous aurez un vin marron aux arômes de graphite ou de cidre…

Un Noëls 2013 après une semaine d’ouverture: couleur limpide et aucun goût de « mine de crayon »…

 

2. L’acidité volatile est trop élevée. Là aussi, tout dépend de votre expérience gustative. Dans les vins « traditionnels » le taux est généralement inférieur à 0,4 grammes par litre de H2SO4, et la vente est interdite au-dessus de 0,9 g par litre… Dans les vins sans SO2 ajouté l’acidité volatile est en général plus élevée. Chez Richard Leroy le taux reste bas (moins de 0.7 grammes par litre). Une visite récente chez Michel Gahier dans le Jura nous a convaincu que l’acidité volatile élevée n’était pas si problématique à terme. Nous avons en effet goûté un Chardonnay 1989 qui avait au départ 2 grammes par litre d’acidité volatile. Le vin possédait une structure et une fraîcheur impressionnante sans l’impression désagréable de « colle scotch » liée à la volatile. Michel Gahier est formel: lorsque le vin a les épaules pour traverser plusieurs décennies il finit par digérer l’acidité volatile qui donne une fraîcheur au vin que vous n’auriez pas sans cette acidité. Si vous n’êtes pas convaincu(e) par ce raisonnement et que vous possédez des bouteilles de vin jaune du domaine Overnoy, vendez-les car le niveau d’acidité volatile risque de vous effrayer…

3. Nez et bouche de réduction. Nous avons constaté que beaucoup de passionnés se plaignaient de ce genre de défaut sur les vins de Richard: odeur d’écurie, de pétard mouillé, d’œuf… Personnellement nous n’avons jamais été confrontés à un vin du domaine ayant ce caractère après une aération adéquate. Pour nous il s’agit de l’éternel problème des dégustations « à la chaîne ». Si vous dégustez une dizaine de vins dans une soirée, vous aurez toutes les chances de passer à côté des vins du domaine Richard Leroy car ces vins nécessitent du temps. Il faut savoir les « accompagner » le long d’un repas ou d’une soirée. La dégustation « éclair » d’un tel vin mis au milieu d’autres ne donnera aucun « résultat » de dégustation… ni aucun plaisir. Par ailleurs, la réduction est un gage de vieillissement du vin. Si ces arômes finissent par partir au bout de plusieurs heures, soyez rassurés car c’est un gage de vieillissement… D’ailleurs Richard Leroy le dit bien à propos de ses vins: boire un Noëls de Montbenault avant 5 à 6 ans est un infanticide.

Au-delà des critiques (souvent contradictoires) l’impression que nous avons  est celle de vins libres, fascinants, complexes et très digestes. Nous pensons même qu’un vin sans aucun défaut est un vin mort. Il s’agit souvent de vins trafiqués pour obtenir les résultats les plus lisses possibles et finalement un vin sans relief ne suscitant aucune passion. Les vins naturels ont souvent les qualités de leurs défauts: l’acidité volatile est un exhausteur de goût et l’autolyse des levures apporte de la complexité et du gras au vin.

En buvant un vin de Richard Leroy nous ne pouvons pas nous empêcher de penser à Picasso qui disait que dans les arts premiers la somme des imperfections aboutissait à une œuvre géniale. Les vins de Richard ne sont pas parfaits? soit, mais ils sont géniaux!

Pour Richard tout est une question de travail à la vigne

 

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Balade dans le vignoble angevin… sur fond de gel.

     

Au cas où vous n’auriez pas suivi l’actualité viticole, 2016 sera un millésime épouvantable pour bon nombre de vignerons… et de buveurs. Le gel a sévi entre le 21 et 28 avril, ravageant le vignoble de l’ouest de la Loire au Jura en passant par la Bourgogne. Cet épisode n’a épargné aucun vignoble: Jasnières, le Muscadet, Saint-Nicolas-de-Bourgueil, Chinon, Saumur,  Menetou-Salon, Beaune, la Côte de Nuits… Au moins de ce côté il n’y aura pas de jaloux. Dire que les vignerons commençaient juste à respirer avec 2014 et 2015, deux millésimes qualitativement et quantitativement corrects. Statistiquement le gel frappe tous les huit ans en moyenne et justement le dernier épisode en Anjou date de 2008. Bref, le gel fait partie des plaies naturelles que le vigneron supporte avec plus ou moins de résignation, sachant qu’une assurance annuelle  contre ce type de catastrophe finit par coûter plus cher qu’une récolte « rectifiée » périodiquement.

La visite de Mi-Fugue Mi-Raisin dans le vignoble angevin ne tombait donc pas au meilleur moment, mais discuter avec les amis-vignerons permet de leur remonter le moral (au moins pour quelques heures!) et de parler des deux jolis millésimes qui seront mis en bouteilles avant les vaches maigres de 2016.

La visite a commencé chez Richard Leroy, dont la vigne des Rouliers a été particulièrement affectée (3 barriques selon Richard au lieu d’une bonne quinzaine!) et celle des Noëls de Montbenault  moins touchée car située sur une bute permettant une meilleure circulation de l’air.

Pour ceux qui n’ont jamais été confronté au gel une brève explication s’impose. Le gel est particulièrement redouté en avril-mai lors du débourrement de la vigne (lorsque les bourgeons sortent). A ce moment la plante est active et la sève circule afin de nourrir les bourgeons. Lors d’un épisode de gel e nerf de la guerre est l’humidité. Pour peu qu’il pleuve la veille ou que le vigneron ait retourné sa terre (erreur fatale faisant remonter l’humidité à la surface) la récolte peut être totalement compromise. C’est la combinaison du gel et du soleil qui est redoutable. Le fait que le bourgeon soit pris dans une gangue de gel n’est pas si grave. Les lecteurs qui se souviennent  de leurs cours de physique (!) savent qu’en thermodynamique  la formation de gel dégage de la chaleur qui protège le bourgeon. C’est la raison pour laquelle certains vignerons arrosent leur vignoble jusqu’au matin pour créer de la chaleur.  L’affaire se gâte lorsque le gel agit comme une loupe sur le bourgeon,  permettant aux rayons du soleil de brûler les jeunes pousses. Vous obtenez ce que Richard Leroy appelle « la feuille de cigarette »: sur les feuilles en formation le bord est noir et dur avec le centre du bourgeon gris et fané.

    

En se promenant dans ses vignes Richard a pu constaté les dégâts: au-delà d’une récolte compromise certains vieux pieds devront être arrachés car lorsque la vigne est vieille le gel la contraint à puiser davantage de sève pour sauver ce qu’elle peut, ce qui l’épuise et la pousse à déclarer forfait. Vous l’aurez compris, l’étendue des dégâts ne se juge pas le lendemain matin mais sur plusieurs semaines voire plusieurs mois.

Pour nous remonter le moral nous nous sommes dirigés vers le chai pour goûter ce qui pourra être picolé sans crainte d’ici 2016: les 2014 prêts à être mis en bouteilles (depuis la mise a été faite les 2 et 3 mai) et les 2015 en élevage. Richard a préféré filtrer légèrement Les Rouliers 2014 pour éviter tout problème en bouteille. La filtration a légèrement « serré » le vin, mais pour l’avoir goûté juste avant nous sommes persuadés que le vin sera à la hauteur du millésime: une tension et une pureté de folie! Quant aux Noëls de Montbenault ils seront mis en bouteilles tel quels et feront partie à notre avis des plus grands Noëls du domaine et donc des très grands vins blancs de France. Le millésime 2015 goûté sur fûts est à la fois riche et tendu et fera  aussi partie des très beaux millésimes du domaine.

Nous nous sommes ensuite rendus avec Richard Leroy chez son ami-voisin Dominique Dufour que nous avions rencontré il y a quelques années chez Mi-Fugue Mi-Raisin. Dominique,natif de Rablay-sur-Layon, a quitté sa région pour travailler dans l’aéronautique. Pour sa retraite il a récupéré les vignes de ses parents et travaille avec acharnement une parcelle de 70 ares baptisée « les Aussigouins » (l’autre moitié de la parcelle est louée à Mai et Kenji Hodgson qui en font leur belle cuvée « les Aussigouins »).

Le résultat est à la hauteur de l’énergie qu’il met à travailler sa parcelle: la cuvée « Expecto…R » est un Chenin sec d’une incroyable pureté et d’une finesse à se damner. Un très grand Chenin et un coup de maître pour un premier millésime! On pourrait se dire qu’il s’agit de la chance de débutant, mais la dégustation de son moelleux « Nectar d’Empyrée » confirme le talent de Dominique: il s’agit d’un moelleux d’une grande finesse, équilibré par une belle acidité qui le rend digeste et gourmand. Chez Mi-Fugue nous ne sommes pas des fous de sucre, mais là, on en boirait volontiers! Inutile de vous dire qu’avec 400 bouteilles de sec et 200 bouteilles de moelleux, Dominique ne compte pas inonder le marché. Les 2015 en élevage (6 barriques!) sont à la hauteur des 2014 avec des vins fins, précis et élégants… Et dire qu’à propos des vins d’Anjou certains journalistes parlent de « tragédie du Chenin »!

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Le lendemain nous avons payé une visite à Baptiste Cousin (le fils d’Olivier) qui s’est mis à son compte en 2012 et qui vinifie aujourd’hui l’intégralité de ses cuvées sans ajout de SO2. Tous les vignerons du coins vous le diront: Baptiste est un bosseur qui passe le plus clair de son temps dans ses vignes (3.5 hectares). Cela lui permet de rentrer des raisins d’une qualité irréprochable et de vinifier sans ajout de sulfites. Après une visite de ses vignes (la fierté de tout vigneron qui se respecte!), direction la cave où nous avons goûté des Grolleau fins et fruités, un Pinot Noir (cuvée Bandidid’Os, confidentielle!) d’une grande finesse, un superbe Chenin  macéré quelques jours (Baptiste raconte l’anecdote de son pressoir qui est tombé en panne et qui lui a valu une macération « accidentelle » qu’il reproduit à chaque millésime pour sa cuvée « Pied! ») et un Gamay qui peut rivaliser avec un paquet de beaujos (cuvée Dynamitage).

Après un très bon moment passé en compagnie de Baptiste nous sommes repartis ravis en nous disant que la relève était assurée et qu’un domaine n’utilisant pas un seul milligramme de SO2 pouvait élaborer des cuvées d’une grande précision aromatique et d’une très grande buvabilité!

Le lendemain nous nous sommes rendus chez Stéphane Rocher (la ferme de Montbenault), jeune vigneron rescapé du marketing (il a dirigé la campagne « cinq fruits et légumes par jour »). A la vue de son vignoble et son moral en berne on se demande s’il ne regrette pas le bon vieux temps du marketing. En tout cas nous ne le regrettons pas car après une heure dans le vignoble à constater les dégâts, nous avons dégusté quelques vins et notamment sa cuvée « Les Mûriers », un  Grolleau – Cabernet Franc fruité et gourmand. Stéphane est un des rares vignerons du coin à produire un blanc de noirs à base de Cabernet Franc, la cuvée « K blanc », ample et fruitée. Un très beau vin de gastronomie. Sa cuvée « Lemon tree » est un Chenin avec 20 mg de sucre résiduel (donc peu sucré…) idéal pour l’apéritif. Nous vous en parlerons davantage lors d’un prochain billet…

Nous avons terminé la journée chez Pierre Ménard, un jeune vigneron qui a repris un demi hectare à ses parents (qui en possèdent 25). Facile de faire bon sur un petit lopin, me direz-vous! Mais Pierre est comme toutes ces âmes bien nées qui n’attendent point le nombre des années: il a des idées précises sur ce qu’il veut faire, où et comment. Il a pas mal bourlingué et connaît tous ses voisins qui « font bon », même ceux à une centaine de kilomètres. Bref, Pierre Ménard est un jeune vigneron humble, curieux, exigeant et qui ne souhaite pas brûler les étapes. Au chai nous avons dégusté les trois cuvées du domaine (ce qui est déjà pas mal pour 50 ares!). La cuvée « Laika », un sauvignon sur schistes, tendu, fin et minéral qui dérouterait plus d’un amateur de sauvignon. La cuvée de Chenin est plus riche et exigera de la patience pour s’exprimer, mais le vin est plus que prometteur. Quant à son coteau du Layon « Cosmos », il joue dans la même catégorie que le moelleux du Dominique Dufour…

 

Nous avons aussi rendu visite à Clément Baraut, ZE vigneron de Savennières que nous ne présentons plus et Adrien Mello, un jeune vigneron installé à Saint-Aubin-de-Luigné qui commercialise son premier millésime… prometteur. Nous vous en reparlerons… mais nous ne pouvions terminer ce billet sans mentionner les portes ouvertes de Bruno Rochard, un moment de convivialité mêlant dégustation, spectacles et musique…

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Une Dégustation des vins de Michel Autran chez Mi-Fugue Mi-Raisin…

      

Le vendredi 8 avril Mi-Fugue Mi-Raisin a reçu Michel Autran, vigneron à Vouvray, pour une dégustation et accessoirement pour aider les clients et amis à finir leur semaine en beauté.

Michel Autran est un vigneron « pas comme les autres ». Plus précisément il est néo-vigneron. Pour ceux qui ne sont pas dans le vent, un néo-vigneron est une personne qui abandonne son métier et qui se lance par passion dans le (dur!) métier de vigneron. Michel était médecin généraliste mais l’appel de la terre l’a incité à rendre son caducée et à s’installer sur un demi hectare en 2011 (avec en complément un travail de saisonnier chez les « bons »: Vincent Carême, Les Jousset, Frantz Saumon…) puis 3,8 hectares en 2013. Être néo-vigneron présente plusieurs avantages: on n’est pas formaté par les pratiques de papa et on a forcément envie de se surpasser.

Les clients qui se sont rendus à la dégustation venaient pour la plupart découvrir le personnage et les vins. Michel Autran est de nature plutôt discrète et l’on sent dans l’explication de sa démarche un mélange d’humilité et de conviction… car il est convaincu que le travail de la terre et de la vigne se retrouvent immanquablement dans le verre.

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Michel présentait ce soir-là quatre cuvées: deux blancs secs « tranquilles » et deux pétillants.

Les deux cuvées de blanc illustrent merveilleusement l’équivalence entre le « terroir » et la personnalité du vin. La cuvée « Les Enfers Tranquilles » est issue d’un sol d’argiles à silex avec des argiles plus granuleux alors que la cuvée « Ciel Rouge » provient de sols argilo-calcaires avec des argiles plus fines et « boueuses » comme l’argile de poterie. Dans le premier cas (majorité de silex) le sol est plus poreux et plus réactif aux différences thermiques. Il en résulte une vigne plus « nerveuse » alors que dans le cas de « Ciel Rouge » l’argile fine offre une plus grande inertie et la vigne est plus stable et moins vigoureuse. Résultat des courses: la première cuvée est plus légère et plus vive avec de jolies notes citronnées, alors que la cuvée « Ciel Rouge » est plus ample et demandera plus de temps pour se dévoiler. Cette dégustation fut donc révélatrice de la « prise directe » entre un vin et le sol… à condition bien entendu de travailler les sols et de respecter la matière première au chai.

Pour le travail au chai, Michel n’a pas adopté de méthode révolutionnaire: les fermentations démarrent en cuve puis l’entonnage se fait rapidement et deux mois avant la mise en bouteilles le vin est remis en cuve. Aucun ajout se fait à part une dose homéopathique de SO2 indétectable aux analyses (et en tout cas au palais!).

Quant à son pétillant naturel de Chenin « Cap à l’Ouest », il a passé 18 mois sur lattes  puis six mois de bouchon pour un vin tout en finesse (et en bon pet’ nat’ qui se respecte il n’a pas vu un seul milligramme de SO2). Le dernier vin dégusté, « Arrête-toi à Kerguelen… » porte le nom de la commune de Belle-Ile-en-Mer où Michel organisait un festival de jazz. Il s’agit d’un pétillant à base de Gamay (80%) et de Chenin, un vin frais et gourmand qui nous a permis de nous rincer la bouche et de nous remettre des émotions d’une belle dégustation…

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Le Nez dans le Vert 2016…et de six!

   

Ceux qui suivent ce blog depuis quelques années le savent: l’équipe de Mi-Fugue Mi-Raisin ne raterait pour rien au monde un salon réunissant le gratin des vignerons jurassiens. En jurassophiles impénitents nous nous devions donc de vous relater la sixième édition du Nez dans le Vert qui a eu lieu au château de Gevingey.

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Voici donc six bonnes raisons pour ne pas rater le sixième Nez dans le Vert:

1. Les jurassiens ont le chic de choisir des sites à la hauteur de leurs vins: le domaine de la Pinte (les années paires) et le château de Gevingey (vous l’aurez deviné, les années impaires)

2. Ces mêmes vignerons ont aussi le chic de démocratiser le vin: le salon est ouvert aux particuliers le dimanche et aux professionnels le lundi. Les particuliers peuvent même faire leurs emplettes sur place… Mais ne rêvez pas: les « stars » (Overnoy-Houillon, Ganevat, Kenjiro Kagami…) n’ont aucune quille à vendre.

3. Les vignerons se mettent en quatre pour vous faire découvrir leurs nectars. Après la pénurie de ces dernières années (et c’est une litote!), nous apprécions particulièrement la  dégustation d’un Savagnin 2012 d’Anne et Manu Houillon, d’une complexité et d’une profondeur inouïes; une « sonorité du vent »  2013, un Chardonnay sur graviers de Kenjiro Kagami (domaine des Miroirs) d’une pureté et d’un équilibre époustouflants; un Pinot Noir 2014 de Fanfan Ganevat d’une finesse à faire pâlir un paquet de Bourgognes ou un Chardo « En Chalasses » des Labet, ciselé et d’une incroyable ampleur.

4. Ce salon permet de découvrir les jeunes talents de la région. La relève est assurée, notamment grâce à Loreline Laborde (les Granges Paquenesses) qui faisait goûter un Chardonnay 2013, fin et délicat ainsi qu’un superbe savagnin 2014 oxydatif. Julien Mareschal (domaine de la Borde) proposait un Chardo 2015 tiré sur fûts, frais et floral. Le savagnin « Croix Sarrant » 2015 de Céline et Steve Gormally (les Dolomies) d’une grande finesse laisse présager une bien belle bouteille. Le Chardonnay « les Ammonites » de Peggy et Jean Pascal Buronfosse rond et gourmand nous a laissé une belle impression. Pour finir la dégustation, rien de tel qu’une bulle de Fabrice et Valérie Closset (Champ Divin) pour vous refaire le palais, un 100% Chardonnay aux jolies notes citronnées. Bien évidemment il ne faut pas oublier les superbes vins d’Etienne Thiébaud (un très joli Ploussard 2015), le très joli Chardo 2015 de Jean-Baptiste Menigoz (les Bottes Rouges) et « le Ratapoil » de Raphaël Monnier, un joyeux mélange de cépages « oubliés » de la région qui donnent un vin épicé et gourmand.

5. Pour vous remettre de vos émotions gustatives vous pourrez vous restaurer sur place. Les organisateurs ont fait appel à un restaurant arboisien, La Balance, qui mitonne avec amour un plat chaud et un dessert qui vous requinqueront. L’ambiance est fort sympathique car vous vous retrouverez forcément à table avec un vigneron qui vous offrira un verre…au cas où vous auriez encore soif.

6. Si vous n’êtes pas motorisé(e) une  navette est disponible entre la gare de Lons-le-Saunier et le château de Gevingey. Si vous l’êtes, n’oubliez pas de vous aérer les bronches en profitant d’un des plus beaux coins de France, le pays du Revermont.

Vivement la septième édition!!

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Le vin de tous les paradoxes: le Pinot Noir « Bildstoecklé » 2003 de Bruno Schueller

Mi-Fugue Mi-Raisin a décidé d’exhumer quelques bouteilles de Pinot Noir « Bildstoecklé » 2003 de Bruno Schueller. Nous avons volontairement laissé dormir quelques bouteilles dans une cave fraîche car à l’époque au domaine nous avions été subjugués par l’ampleur et la puissance de ce vin.

Les amateurs le savent, le vin est une boisson à la fois mystérieuse et capricieuse, ce qui fait son charme. Nous n’y reviendrions pas s’il nous offrait toujours les mêmes sensations. C’est qui nous fait dire que la dégustation est une véritable expérience esthétique: le vin que nous aimons, le vrai, le bon, le « pas trafiqué » présente forcément des « aspérités »; il nous raconte une histoire différente à chaque gorgée et nous pousse dans nos retranchements…

Foin de nos considérations générales et revenons à nos bouteilles. Pourquoi le Bildstoecklé 2003 de Bruno Schueller cultive-t-il le paradoxe?

Rappelez-vous l’année 2003, l’Année caniculaire par excellence. Les passionnés savent qu’un cépage délicat tel que le Pinot Noir ne supporte pas la chaleur. Ces mêmes passionnés ne donneraient pas cher d’un vin issu d’une région où les températures ont taquiné les 41 degrés (Colmar)… et encore moins si on leur disait que le vin était issu d’un terroir exposé plein sud.

Il est vrai qu’à l’époque le vin nous en avait mis plein le gosier avec ses 13.5 degrés d’alcool et sa couleur rubis (très!) profond. Mais nous sentions derrière cette masse tannique une belle fraîcheur nous titiller le palais. Était-ce suffisant pour garantir un avenir « buvable » au vin? Nous avions donc pris le « risque » d’en encaver et de l’attendre.

Inutile de vous dire que si nous prenons quelques minutes de votre temps précieux, ce n’est pas pour vous dire que le vin est cuit et qu’il n’y a rien à en tirer à part une bonne sauce. Ce Pinot présente toujours une robe profonde avec une très légère teinte brune qui marque une évolution du vin. La fraîcheur et la minéralité que l’on devinait à l’époque sont bel et bien présents. Le vin possède même une incroyable acidité naturelle qui fait oublier le degré alcoolique et la matière. A l’ouverture on a même ce côté « kirsché » d’un très beau Pinot Noir. Au bout d’une demi-heure des arômes de  pruneau s’installent sans pour autant dominer le fruit. Les amateurs savent qu’un côté pruneau trop prononcé est signe d’une oxydation souvent gênante. Ici, rien de tout cela et au bout de trois heures aucune note de « mine de crayon » (oxydation prononcée) n’est apparue. Bien au contraire, à l’air le vin gagne en complexité et en « buvabilité ».

L’explication est fort simple. Le terroir du Bildstoecklé, situé à Obermorschwir, est cultivé depuis le XIème siècle par les moines de l’abbaye de Marbach. Or vous le savez bien, les moines ne laissaient rien au hasard. Ce terroir, à quelques encâblures de Husseresn-les-Châteaux,  village de Bruno Schueller, est constitué d’une couche de calcaire en surface et d’une épaisse couche d’argile en sous-sol. Or l’argile est bien connu comme régulateur hydrique et « rend » l’eau comme une éponge en cas de sécheresse… à condition de travailler la vigne et de l’inciter à aller chercher cette eau en profondeur.

Bruno Schueller a su le faire et ses blancs comme ses rouges font partie des très belles réussites dans un millésime pour le moins compliqué. La matière tannique et l’acidité naturelle du vin  ont merveilleusement conservé ce vin… et pour un prix à peine supérieur à deux bouteilles de Mouton Cadet, il s’agit sans doute d’un des meilleurs rapports qualité-prix-plaisir de la cave.

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Dive, Anonymes, Pénitentes et Greniers St Jean: édition 2016

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De retour après trois jours plutôt éprouvants (mais passionnants) l’équipe de Mi-Fugue Mi-Raisin a encore le gosier trempé, les pieds enflés et les oreilles qui bourdonnent de ce marathon qui s’est tenu du samedi  30 janvier au lundi 1er février. Et pour ceux qui voulaient pousser le vice jusqu’au bout il y avait le salon Demeter, la Levée de la Loire  et le (gigantesque) salon des vins de Loire…

Comme chaque année nous revenons enchantés de ce périple. On a en effet l’impression de vins de plus en plus maîtrisés (« sérieux » diraient certains) et d’une offre et une demande sans cesse croissantes. Et même si les vins « biodynamiques » ou « naturels » (peu importe l’étiquette!) ne constituent qu’une minuscule part du monde du vin, nous sommes contents de nous retrouver entre gaulois qui résistent face à l’envahisseur industriel.

Comme nous avons goûté énormément de belles choses (22 heures sur trois jours!) nous avons décidé de jouer à un jeu simple: prendre une feuille et en se donnant cinq minutes, noter tous les vins qui nous ont marqués (sans les notes de dégustation of course et sans tricher!)… histoire de ne pas « soûler » les lecteurs de ce blog.

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Aux Greniers St Jean, Richard Leroy nous a comblés avec des Rouliers et des Noëls de Monbenault 2014 halluciants de pureté et de finesse, disponibles en mai. Thomas Carsin (Le Clos de l’élu), un vigneron d’Anjou proposait notamment la belle cuvée Ephata, un Chenin sur schistes élevé un an en amphores. Autre belle découverte, les vins de Stéphane Rocher (La Ferme du Mont Benault, toujours en Anjou) avec un blanc de noirs (cabernet franc!) étonnant. Le Moque Souris 2014 de Bruno Rochard laisse présager un Chenin ample avec une belle minéralité. Les vins de Sébastien Poly (U Stiliccionu) sont toujours aussi fins et complexes avec une mention spéciale pour Sottu Scala, un vin vibrant et complexe. Paul Barre à Bordeaux (oui!) faisait goûter sa belle gamme de canons (…Fronsac!) et en particulier Le Chaudron vinifié dans un œuf couché. La cuvée Genèse 2004, un Chenin de Xavier Caillard (Les Jardins Esmeraldins) riche, complexe, légèrement oxydatif confirme le talent de ce vigneron hors norme. Dans le Rhône Jean Delobre (La ferme des Sept Lunes) nous a bluffés avec un Saint Joseph Les Premiers Quartiers 2013 d’une finesse à se damner et Michèle Aubéry (Gramenon) nous a titillé le palais avec la Mémé, d’une rare finesse.

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Aux Anonymes, Baptiste Cousin (le fils d’Olivier) proposait la cuvée Pied 2014 un superbe Chenin macéré quatre jours en grappes entières. Autre découverte de ce salon, les vins de Joseph Jefferies, un jeune vigneron languedocien hyper doué, avec une cuvée de Carignan en grappe entière baptisée Pierre de Sisyphe rouge, d’une (très) grande finesse! Hervé Ravera (domaine Le Grain de Sénevé) proposait deux cuvées dont le très joli Gamay Roue Libre au fruité envoûtant. Julien Peyras proposait en avant-première sa Gourmandise, un cinsault de printemps qui porte bien son nom. Le Moulin à Vent 2015 de Julie Balagny est plus que prometteur: vivement le printemps!

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A la Dive Bouteille il y avait pléthore de jolis vins et un peu comme au Louvre, il aurait fallu plus d’une journée pour tout couvrir… Reynald Héaulé (Orléanais) nous a régalés avec son rouge L’Insoumis 2011, un vin possédant à la fois une belle matière et une grande finesse. Tout était bon chez Christian Venier avec des Cabernet Francs (Les Cormiers) étonnants pour la région. Les vins d’Hervé Souhaut sont toujours aussi réguliers… et délicieux! Le Saint Joseph « Les Céssieux » est une très belle syrah de garde. Côté Jura, nous étions gâtés entre Etienne Thiébaud (Les Cavarodes) et sa superbe Ostrea Virgula, Fanfan Ganevat et son Chardonnay Grands Teppes Vieilles Vignes, juste vertigineux de finesse et Loreline Laborde (Les Granges Pâquenesses) « ze » vigneronne qui monte, et quand on goûte son Savagnin ouillé 2014, fin, élégant et gourmand,  on comprend pourquoi elle n’a pas une quille à vendre…Les Beaujolois étaient là en force avec Jean-Paul Thévenet (« Polpo ») et ses 2014, fruités, fins, souples et ultra-buvables! En 2014 Jean-Claude Lapalu réédite l’exploit de son grand Brouilly Le Rang du Merle 2012: un de nos coups de cœur en Gamay. Côté Bourgogne les vins de Fanny Sabre étaient aussi en forme que la vigneronne avec notamment un Pommard premier cru qui fait honneur au Pinot Noir. En Loire, Clément Baraut a sorti un Chenin avec un poil de sucre résiduel (« Herbes Douces« ) , limite dangereux! Sylvain Dittière confirme son statut de roi du Cabernet Franc et son Saumur 2013 Les Cormiers nous a subjugués: possédant la finesse d’un grand Pinot Noir il fait partie des plus belles émotions du week-end.

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Last but not least, une belle brochette de vignerons sévissait aux Pénitentes. Thomas Pico (Pattes Loup) présentait ses Chablis premiers crus avec un « Buteaux » à tomber de finesse et de précision. Que dire des vins d’Eric Pfifferling (l’Anglore)? Toujours aussi magiques, avec ce grain inimitable et cette texture soyeuse qui vous emporte au paradis. Merci Eric!

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Bon, voilà notre liste (non-exhaustive) pondue en cinq minutes. En écrivant ces lignes nous nous rendons compte que nous avons oublié  « Les Giunechiens » de Benoît Courault, Le Muenchberg 2013 de Patrick Meyer, les Champagnes de Manu Lassaigne et Vincent Laval… Autant d’émotions qui laissent présager une belle année bachique!

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Les vins de Florent Bejon…

   

Que ce qui ne connaissent pas les vins de  Florent Bejon se rassurent: avec tout juste 40 ares (4000 mètres carrés si vous préférez…) Florent et Claire n’ont pas de quoi inonder le marché.

Dans le monde viticole tout est une question de taille. La limite physique pour faire du bon vin en solo est deux ou trois hectares selon la nature du terrain. Au-delà le vigneron doit embaucher. Quand on n’a que 40 ares les contraintes sont différentes. Le travail de la vigne est moins long et fastidieux mais la vinification en petits volumes est plus délicate. Si en effet vous possédez vingt barriques et qu’une « part en vrille » vous pouvez l’écarter alors que quand vous en avez qu’une ou deux… L’autre problème des micro-domaines est la pérennité économique (sauf si vous êtes sur un grand cru de Bourgogne).

Florent Bejon est installé à Saint-Germain-sur-Vienne, petite commune située entre Candes Saint Martin et Chinon, le long de la Vienne. Pour vous situer le domaine, il est voisin du sympathique Gérard Marula. Aidé par sa femme Claire il travaille deux parcelles.

Les fondus de vins de la Loire connaissent Florent sans le connaître. Ils lui doivent beaucoup car la maison Brault est à l’origine de l’embouteillage d’un paquet de beaux domaines ligériens… Et tous les amateurs savent qu’une mise ratée est synonyme de vin imbuvable.

Quel rapport avec ses vins me direz-vous? Il est simple: lorsque vous passez votre temps chez les bons (Leroy, Courault, Mosse…) vous finissez par développer votre goût pour les bonnes choses et le jour où vous décidez de franchir le pas, vous ne pouvez pas vous permettre de sortir une piquette. Pour l’équipe de Mi-Fugue Mi-Raisin   les vins du domaine font même partie des plus belles émotions de la région. Les « happy few » qui ont eu l’occasion de boire la cuvée « franc de pied », un cabernet franc pré phylloxérique d’une élégance et d’une gourmandise à se damner, comprendront nos propos. Malheureusement cette cuvée est épuisée et Florent ne possède plus cette parcelle.

Vous pourrez toujours vous consoler en buvant ses cuvées (bientôt!) disponibles… Et en vous disant que Florent et Claire Bejon comptent passer aux choses sérieuses en augmentant la superficie du domaine. Toujours pas de quoi inonder le marché, mais au moins de quoi inonder nos gosiers. Ils viennent juste d’acquérir 1,5 hectares de jeunes vignes (« picrocholes » pour ceux qui connaissent leurs classiques…) avec une demande d’appellation Tourraine effectuée en 2015, et si tout va bien l’appellation Chinon en 2017.
Revenons à nos moutons: les cuvées actuelles que nous pouvons voir, toucher et boire.

La visite du chai de Florent Bejon est rapide: deux barriques de blanc et deux barriques de rouge. Pas de quoi sortir murgé… Quoique! Les jus goûtés au printemps était tellement beaux que nous aurions pu y passer la journée.

Commençons par le blanc. Il s’agit d’une parcelle de Chenin  de 20 ares baptisée les gruches. Ce nom n’est pas totalement inconnu aux amateurs-buveurs des vins de Gérard Marula et Sébastien Bobinet. Il s’agit d’un terroir froid  d’argiles à silex (avec sous-sol calcaire) produisant des superbes vins de garde. Les vignes ont 70 ans. Florent nous a envoyé un échantillon juste après la mise. Le vin est à la fois ample et riche avec une fraîcheur et une gourmandise étonnantes pour ce type de terroir. On sent que le vin est tiendra dans le temps, mais tant qu’il ne se referme pas il sera difficile de résister à la tentation de le picoler. Bref un vin d’une incroyable pureté qui pourra rivaliser sans peine avec les plus beaux Chenins sur schiste…

Quant au rouge baptisé « Saint Germain« , les détracteurs du Cabernet Franc devraient le goûter (plutôt le boire…) car non, il ne s’agit pas d’un cépage  dur et indigeste tout juste bon à être vinifié en « carbo » (ou version « grenadine à l’eau » si vous préférez). Le nez est explosif avec des arômes de fruits rouges et la bouche est ample et soyeuse. Les vignes de 45 ans poussent sur un sol calcaire  argilo-sableux. La vinification se fait en barriques de 6 ans et le vin, d’une stabilité étonnante, n’a jamais vu le moindre milligramme de sulfites.

La logique voudrait que sur un domaine « haute couture » les vins soient chers. Florent et Claire veulent que le vin reste un plaisir simple et accessible. Alors, pour le prix d’une bouteille et demie de Mouton Cadet, nous encourageons vivement les derniers réticents à changer leurs habitudes!!

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Petite incursion dans le monde (fou) de la spéculation

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Vous trouverez certainement bizarre de lire un billet sur la spéculation en ouverture de cette nouvelle année (que nous vous souhaitons d’ailleurs douce et heureuse). Le décès le 29 décembre dernier de Charly Foucault du Clos Rougeard – un domaine mythique de Loire dont certains millésimes (Le Bourg 1990…) se négocient à prix d’or – relance la polémique sur la spéculation.

On peut évidemment s’interroger sur la pertinence d’une bouteille de Saumur-Champigny à plus de mille euros ou d’un Whisky japonais à six mille euros, mais outre le fait que de telles bouteilles deviennent inaccessibles au commun des mortels nous pouvons (devons!) nous demander si les vins que nous aimons et buvons (Ganevat, Leroy, Houillon-Overnoy…) ne suivront pas le même chemin.

Le mécanisme infernal de la spéculation

La spéculation est aussi vieille que le monde. La spéculation sur les denrées alimentaires existe depuis Sumer (environ 3000 av. J.C.) et pendant le Révolution Française le refus d’accepter les assignats (monnaie fiduciaire mise en place pour éviter la spéculation) était passible de peine de mort… Rien de révolutionnaire me direz-vous. On peut spéculer sur tout: l’immobilier, les capsules de Champagne (les fameux placomusophiles) ou les 33 tours.

Les économistes vous le diront tous en chœur: dans un monde « parfait » (vaste sujet!) il y aurait ni crise, ni chômage ni spéculation. La spéculation existe parce que les marchés ne sont pas efficaces (ou « efficients »).

Ils faut plusieurs ingrédients pour rendre la spéculation possible: la rareté et ce que les économistes appellent l’opportunité de maximiser les profits… ou de s’en mettre plein les poches si vous préférez. Mais les financiers insistent  sur le fait que cette opportunité n’est pas éternelle. Les premiers arrivés sont les premiers servis. Si les marchés remplissent bien leur rôle, le mécanisme d’arbitrage fera disparaître cette opportunité. Kezako l’arbitrage? Prenons un exemple simple. Nous sommes en 1990. C’est la fièvre spéculative sur les « grands » Bordeaux. Un copain vous dit que la maison de négoce Tartempion vend du Montrose 1990 en primeur à 60 francs et qu’il faut en acheter… Pas pour le boire mais pour le revendre deux années plus tard à 600 francs, car c’est ce qu’il s’est passé sur les millésimes antérieurs. Vous le faites et deux années plus tard vous empochez une coquette somme. Alors forcément, comme il faut payer les factures, vous recommencez l’expérience les années suivantes… sauf qu’à un moment vous vous rendez compte que vos profits fondent comme neige au soleil. Normal! D’autres ont flairé l’occasion et s’y sont mis, ce qui pousse les prix d’achat à la hausse et les prix de revente à la baisse (tout le monde finit par refourguer ses Montrose). Le mécanisme d’arbitrage a donc assuré l’équilibre des prix et la diminution (ou la disparition) des profits.

Acte 1: Bordeaux

Vous l’avez certainement remarqué, dès qu’il s’agit de gagner de l’argent l’être humain est plein de ressources. Dans le vin la grosse fièvre spéculative à l’échelle planétaire a commencé avec Bordeaux à la fin des années 80. Au début le particulier pouvait acheter sa caisse de Bordeaux grand cru 1982  dans une foire aux vins et la revendre en salle des ventes au double ou au triple. Mais à cette échelle la spéculation restait « artisanale ». Le marché s’est donc organisé.

Première étape: créer et organiser la rareté. Quand une région comme Bordeaux sort environ 200.000 bouteilles de grands crus par an et que Château Latour, à lui seul, en pond 60.000, il faut créer la rareté. C’est là que Robert Parker, alias Bobby, intervient. Toute bouteille ayant une note supérieure à 95/100 voit son prix de revente augmenter et pour le Graal (100/100) le prix peut être multiplié par dix.

Mais un avocat-dégustateur qui fait la pluie et le beau temps ne suffit pas. Des sociétés d’investissement apparaissent pour vous proposer leurs services… un peu comme les vendeurs de parapluies ou de bouteilles d’eau aux abords des sites touristiques. Ces sociétés vous disent: « arrêtez de vous casser le dos (et de perdre du temps) à acheter une caisse par ci et par là. Confiez-nous votre argent et nous vous créerons un portefeuille de vins. Nous nous occuperons de tout: la sélection, l’achat, le stockage et la revente ». Génial, non? Sauf que la concurrence entre ces sociétés a ressuscité le mécanisme d’arbitrage. Vous vous retrouvez donc à investir dans du vin que vous ne boirez jamais (et tant mieux!) avec un gain faible ou négatif. Pas très sexy pour un investissement.

Acte 2: la Bourgogne.

A la fin des années 90, les Chinois débarquent sur le marché et achètent des Bordeaux par containers, ce qui sauve le marché… temporairement. Maintenant qu’ils ont décidé de « lâcher » ce marché, c’est le sauve-qui-peut avec les prix des 2009 (grand millésime selon Bobby!) qui stagnent voire baissent par rapport aux prix (exorbitants) des primeurs.

Exit Bordeaux, remplacé par la Bourgogne boudée un long moment par Bobby car il n’a jamais aimé le Pinot Noir (no comment!!). Les Chinois, Américains et autres investisseurs l’ont bien compris: en Bourgogne il y a une vraie rareté, pas la supercherie organisée par les courtiers bordelais.

Et là, les grands crus ont commencé à grimper sérieusement… et durablement car dans ce cas le mécanisme d’arbitrage ne fonctionne pas forcément quand il y a pénurie.  Les prix d’un Bonnes Mares de Georges Roumier ont beau grimper, la rareté fait que dans dix ans vous pouvez être sûr(e) que vous revendrez votre bouteille à profit et que vous ne retrouverez pas un 2005 à 150 euros. Et vous êtes à peu près sûr(e) que vous ne dégusterez jamais une bouteille de Romanée Conti de la même année qui se négocie en ce moment autour de 20.000 euros la bouteille (et plus de 100.000 euros la caisse panachée).

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Acte 3: la folie des whiskies… ou « tout ce qui est rare (et bon) est cher »

Nous assistons en ce moment à un nouveau délire: l’envolée des prix de tous les vins et spiritueux rares et de belle facture.

Comme la rareté attire les spéculateurs,  ceux-ci commencent à amasser le vin en question qui, du coup, devient moins rare (car il n’est pas bu!)… les incitant par la suite à changer de cible. Ces investisseurs oublient une règle d’or pourtant simple: c’est parce que la plupart des Bordeaux 1982 ont été bus qu’ils valent une fortune aujourd’hui. Si les caisses font des allers-retours entre Londres et Hong Kong sans être bues, le prix finira par stagner puis s’effondrer.

En ce moment on note une véritable frénésie spéculative car les plus perspicaces d’entre vous l’auront noté, nous traversons une crise mondiale confortablement installée. Alors ces fameux un pour-cent des plus riches qui possèdent 99 pour-cent de la planète s’ennuient et cherchent des opportunités pour diversifier leur portefeuille. Allez voir votre banquier et dites-lui que vous avez trouvé un investissement (liquide!) qui vous rapporte plus de 15 pour-cent… et il vous prendra pour un fou. Pourtant c’est ce qui ce passe en ce moment avec les whiskies. Certains flacons sont rares (des fûts uniques de 500, 200 ou même 100 bouteilles) et pas mal de bouteilles accessibles il y a trois ans ont été bues. Alors forcément, la rareté aiguise l’appétit des spéculateurs.

En ce moment la star des whiskies s’appelle Karuizawa, une distillerie japonaise fermée en 2000. Mi-Fugue Mi-Raisin vendait il y a quatre ans une bouteille de 1977 de la collection Noh à 300 euros. Un peu cher me direz-vous, mais il s’agissait d’un (très!) grand « sherry cask » et pour l’amateur qui pouvait se l’offrir c’était le grand frisson garanti. Pour le même frisson il faut compter aujourd’hui plus de six mille euros… Le marché est tellement organisé que vous trouverez un « indice Karuizawa » (oui, comme le CAC 40) ainsi qu’un indice des cent whiskies les plus performants et un indice des whiskies les moins performants… histoire de vous rappeler qu’on ne gagne pas à tous les coups.

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Acte 4: Quid de  la spéculation future (sur les vins naturels)?

Le mot d’ordre pour les investisseurs en herbe serait donc: « achetez tout ce qui est vraiment bon, rare et pas cher… ». Sauf que le marché devient comme celui de l’art: à force de vouloir dénicher les valeurs montantes, les opportunités s’épuisent et on finit par prendre des risques…et perdre gros.

La question que tout amateur se pose est la suivante: les vins naturels sont-ils à l’abri de cette vague spéculative? Pour l’instant la fragilité de ces vins les met à l’abri car les vins spéculatifs voyagent aux quatre coins du monde, chose que vous ne pouvez pas faire subir à un vin peu ou pas « protégé » par des sulfites. Par ailleurs, leur personnalité  les met dans une catégorie à part…mais on commence à trouver des vins naturels « sérieux » qui ont la cote et qui peuvent rivaliser avec n’importe quel vin classique: mettez un Chardonnay de Jean-François Ganevat face à un Puligny-Montrachet ou un Cornas 1997 de Thierry Allemand face à un Cheval Blanc de la même année et vous comprendrez que les vins les plus chers ne sont pas forcément les meilleurs.

Notre conseil est donc le suivant: buvez les vins que vous aimez… et priez que la spéculation ne s’empare pas de nos domaines préférés… Car un Tavel d’Eric Pfifferling à 17 euros, c’est juste grand, mais à 200 euros ça serait juste…problématique!

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Stéphan Elzière: Lacharem pas!…

…devise qui signifie « on ne lâche rien! » en occitan. Derrière la personne affable, joviale et discrète se cache en effet un vigneron déterminé… à produire les vins les plus purs et authentiques de la région (l’Auvergne), voire de France et de Navarre. Comme pour beaucoup de vignerons qui n’ont pas hérité d’un domaine, l’histoire de  Stéphan Elzière est pour le moins singulière. Au début son ambition était de devenir paysan afin d’être en contact avec dame Nature. Pour notre plus grand bonheur il n’a pas choisi d’être maraîcher même si nous ne rechignons pas à manger à l’occasion un bon plat de légumes. Nous avons donc eu de la chance… Et  Stéphan aussi car il a pu s’installer en 2002 dans le Cantal puis acquérir six ans plus tard  le domaine de Philippe Grenier, un vigneron qui travaillait dans le respect de la nature. Il a donc hérité d’une vigne saine et de cépages originaux et variés pour la région: Gamay, Petite Syrah, Pinot Noir, Chardonnay, Chardonnay Musqué, Côt, Abouriou et… Gewurtzraminer!

Stéphan Elzière est basé à Molompize, petite commune d’Auvergne « stratégiquement » située à la frontière du Puy-de-Dôme, du Cantal et de la Haute Loire. Cela lui permet d’exploiter deux parcelles dans le Cantal et le Puy-de-Dôme.

Nous sommes aussi chanceux que Stéphan car la région ne grouille pas de vignerons, loin de là. Si un lecteur de ce blog arrive à nous citer ne serait-ce que cinq vignerons de la région (sans tricher!) nous lui décernerons une médaille. Il est donc facile de prétendre au titre de meilleur vigneron de la région quand vous en avez trois qui se battent en duel… Sauf que les vins de Stéphan Elzière soutiennent sans problème la comparaison avec les meilleurs nectars de Loire, Beaujolais, Ardèche et autres régions viticoles. Cela peut sembler louche pour les amateurs de vins naturels habitués au bouche-à-oreille et qui sont au courant de tout ce qui se fait de bon dans le domaine. En fait, depuis son installation en 2002, Stéphan cultive avec amour ses 2.8 hectares de vignes et cherche à privilégier les circuits courts, ou si vous préférez la consommation locale.

Stéphan Elzière suit donc son bonhomme de chemin (dans les vignes) sans se soucier du marché parisien ou londonien.
Il produit sept cuvées, ce qui peut paraître énorme pour une exploitation d’à peine trois hectares. Pour faire simple, sa production se répartit comme suit:

- 75 ares de vignes dans le Cantal, produisant la cuvée « Palhàs » (signifiant « terrasse ») à base de Gamay (40%), Pinot Noir (30%), Petite Syrah (10%), Côt (10%) et Abouriou (10%).

- Le reste dans le Puy-de-Dôme venant d’une parcelle orientée sud-ouest baptisée « Badoulin », allant de la simple cuvée Badoulin à la cuvée Améthyste (Gamay, Syrah, Pinot Noir) en passant par un 100% Pinot Noir… et les blancs: une cuvée de Chardonnay et le fameux « N’importenawak » composé de Chardo, Chardo musqué et Gewurtzraminer.

Tout cela peut paraître un peu compliqué mais tout comme son prédécesseur, Stéphan veut garder la liberté d’expérimenter, le seul but étant d’élaborer les vins les plus authentiques et purs. En fait, c’est plus simple s’il n’y paraît: les vins sont tout simplement grands!

Commençons par le début: la simple cuvée Badoulin à base de Gamay est bluffante de gourmandise et de fruit. Il s’agit d’un vin simple mais possédant un éclat et un fruit capables de faire rougir plus d’un Gamay du Beaujolais… Et pour un vin vendu moins cher que du Mouton Cadet il n’a aucun concurrent…

Quant au Badoulin Pinot Noir, nous avons eu la chance de proposer deux millésimes fort différents (2012 et 2013) qui montrent à quel point un vigneron talentueux peut faire des choses merveilleuses. En 2012, le vin commence tout juste à s’ouvrir avec une élégance et une finesse à se damner. Vous chercherez longtemps un Pinot Noir aussi magique à ce prix en Bourgogne. Du grand art! Quant au 2013, Stéphan nous avait dit qu’il était plutôt fruité mais n’avait pas la profondeur du 2012. Nous sommes de son avis, mais il n’empêche: le 2013 à un côté « grenadine » irrésistible. Les amateurs de Pinot Noir nous comprendront, il possède ce côté « rose fanée » qui le rend limite dangereux!

La fierté du domaine est le « Palhàs » (Gamay, Petite Syrah et Pinot Noir), un vin conjuguant finesse, fruit et grande buvabilité. On s’approche de l’esprit  des vins d’Ardèche ou du Forez (plus au nord). Le Palhàs 2013 est éblouissant, avec plus de complexité que son frère le Pinot Noir 2013. Un vin étonnant, avec des notes fumées à l’ouverture et une grande finesse tout au long de la dégustation… à un prix difficilement explicable au regard du vin dans la bouteille.

Nous serions intarissables sur les autres cuvées du domaine, mais goûter (pardon, boire…) les vins de Stéphan Elzière vaut mieux que tous les discours du monde. Vous comprendrez que ses vins sont (pour l’instant!) le secret le mieux gardé des amateurs de nectars…

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Les Coteaux Champenois d’Aurélien Lurquin

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Paradoxalement, la recherche de nouveaux vignerons talentueux n’est pas sans rappeler la bourse: il faut saisir les valeurs montantes… avant qu’elles ne montent. Voici le dernier jeune  champenois que nous avons découvert sur un salon l’année dernière: Aurélien Lurquin, vigneron à Romery (non, pas Pommery!), commune de la Marne située au nord d’Epernay.

Aurélien a démarré son domaine en 2010, labourant ses sols avec un cheval (Tintin pour les intimes). Les deux hectares qu’il cultive depuis 2010 produisent environ 5000 bouteilles, dont certaines cuvées commencent tout juste à sortir du domaine.

Aurélien ne fait pas partie des vignerons qui produisent quelques bouteilles par an pour la beauté du geste. Il cherche à agrandir son domaine tout en gardant la main sur toutes les activités et ce afin de produire des vins sans compromis.

La dégustation des vins est édifiante. Nous avons rarement bu des coteaux champenois de ce niveau. La pureté et l’élégance hissent ses blancs au niveau du coteaux champenois blanc 2010 d’Emmanuel  Lassaigne ou des belle cuvées de Benoît Déhu.

Le coteaux champenois rouge 2012 (disponible chez Mi-Fugue) est un assemblage à parts égales de Pinot Noir et de Pinot Meunier issus d’une parcelle dite « Les Crayères ». Les raisins sont éraflés à 90% pour une cuvaison de 21 jours en demi-muid et un élevage de 12 mois en fût.  Le résultat à la dégustation est à la hauteur des blancs: le vin est d’une rare densité sans amertume ni dureté. Ceux qui dénigrent l’élevage sur un rouge en alléguant lourdeur, sécheresse ou manque de « fluidité » n’ont qu’à boire ce vin. L’élevage, lorsqu’il est maîtrisé, confère au vin une puissance et une ampleur sans les goûts de vanille ou de « toasté ». Il est forcément adapté à certains types de vins destinés à « voyager dans le temps ». Pour faire simple, trois conditions sont requises pour un élevage réussi: le terroir, le millésime et le savoir-faire du vigneron (choix des fûts et de la chauffe, durée d’élevage…). Vous l’aurez deviné, le vin rouge d’Aurélien n’est pas un vin d’apéritif à picoler entre copains avec une rondelle de saucisson.

A l’ouverture le Pinot Noir domine, avec ses notes typiques de cerise. L’ampleur du vin évoque même un vin de la Côte de Nuits, mais assez rapidement le Pinot Meunier vient se mêler aux arômes de Pinot Noir et le vin exprime des notes d’agrumes (sans amertume!) conférées en partie par le terroir crayeux. La longueur en bouche et la tenue à l’air sont impressionnantes.

Bref, Aurélien Lurquin a signé un  grand Pinot au prix d’un Gevrey Chambertin « de base »… qui dit mieux?

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Le Jura et la Loire débarquent à Paris: Le Nez dans le Vert et la Levée de la Loire

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Pour la troisième année consécutive  les jurassiens  ont débarqué à Paris le 2 novembre et ont eu la délicatesse d’épargner nos jambes en se remettant avec leurs confrères ligériens à la maison des métallos dans le 11eme arrondissement panamien. Une édition du Nez dans le Vert ou de la Levée de la Loire ressemble finalement à un match de rugby: on sait qui sont les bons (même s’il y a parfois des surprises) mais on ne peut s’empêcher d’y assister chaque année. Le jeu des sportifs sera toujours différent (sauf pour les néophytes qui n’y comprennent goutte)…de même que le travail du vigneron face à un climat changeant et des vignes en perpétuelle évolution.

Le Nez dans le Vert nous a donné l’occasion de goûter les deux derniers millésimes (2013 et 2014) et d’avoir des échos du millésime 2015. Pour faire bref, 2013 est une année compliquée (car fort humide) qui donne finalement des vins d’une belle élégance, avec une trame très fine et et une belle vivacité. Il s’agit donc d’une « année de vignerons » avec des très jolis vins, mais nous préférons ne pas savoir/boire ce que les vignerons « approximatifs » ont sorti dans ce millésime. Le millésime 2014 est plus charnu pour les blancs, avec un bel équilibre… et de très belles réussites. Pour les rouges, c’est une autre histoire: la drosophile « suzukii » a ravagé les vignobles de trousseau et de poulsard (pardon: ploussard!) laissant un goût amer (de vinaigre)  et privant les amateurs de vins de soif. Mais courage, car 2015 arrive… Un grand millésime en rouge comme en blanc, sauf qu’il faudra patienter quelques années pour les blancs ouillés…en picolant les rouges.

Comme d’habitude Mi-Fugue Mi-Raisin vous livre ses émotions et ses découvertes sur les deux salons.

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Au Nez dans le Vert, Céline Gormally présentait ses 2014, notamment un magnifique Chardonnay « Les Combes » d’une ampleur qui ferait pâlir plus d’un Bourgogne. Charline Labet, du domaine Labet (à Rotalier) faisait goûter les 2013. La cuvée « bajocien » sur calcaires, d’une grande pureté, sera bientôt disponible chez Mi-Fugue. Julien Mareschal (domaine de la Borde), à Pupillin faisait goûter un étonnant blanc de noirs… de poulsard, baptisé Vénéon, incroyable de fraîcheur et de fruit. La cuvée « Léon » de Jean-Baptiste Menigoz (domaine les Bottes Rouges) , un chardonnay fin, vif et délicat appelait les huîtres, alors que le savagnin ouillé « Agape » 2012 de Raphaël Monnier (Ratapoil), ample et complexe, aurait parfaitement fait l’affaire avec un beau homard. Etienne Thiebaud (Les Cavarodes) présentait en avant-première son « Ostrea Virgula » 2014, un superbe savagnin aux notes iodées. Chez Alexis Porteret (domaine des Bodines) nous avons été séduits par un chardonnay 2013, rond et suprêmement soyeux (bientôt disponible chez Mi-Fugue). Patrice Hugues Beguet présentait un superbe assemblage chardo-savagnin en 2014 et des rouges toujours aussi fins, délicats et gourmands qui donnent l’impression de pouvoir se boire jusqu’au bout de la nuit…

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A la Levée de la Loire, les vignerons étaient nombreux (85!). Ne sachant plus où donner du gosier, voici un bref aperçu de notre dégustation. Sébastien Cornille (domaine de la Roche Bleue) présentait un fabuleux pineau d’Aunis, « Belle d’Aunis » qui mérite bien son nom… un pur jus de fruit! Une cuvée d’Olivier Bellanger (domaine de la Piffaudière) mérite aussi son nom: « Nuits Blanches » , un superbe sauvignon floral aux notes d’agrumes… vivement les asperges! Geneviève Delatte (domaine Bertin-Delatte) présentait ses 2013 d’une grande finesse, mais les quantités sont malheureusement plus que misérables. Les vins de Clément Baraut sont toujours aussi géniaux: pureté, finesse, complexité… et si vous ne nous croyez pas, venez les déguster chez Mi-Fugue en sa compagnie le 04 décembre prochain. Nous avons été bluffés par les vins d’Elisabeth et Benoît Jardin (domaine des Maisons Rouges à Jasnières), d’une finesse et d’une élégance à couper le souffle. Finalement la dégustation chez Ludovic Chanson (Montlouis-sur-Loire) confirme son statut de vigneron talentueux, avec une cuvée de sec « Les Cabotines » qui fait honneur au chenin.

 

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La 6ème édition de Bulles Bio en Champagne

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La sixième édition de BBC (pas la radio, mais les Bulles Bio en Champagne) a enfoncé le clou pour ceux qui n’auraient pas encore compris que le vignoble champenois était en pleine é-bulle-ition, avec 30 vignerons présents à l’Hôtel de Ville de Reims le lundi 12 octobre.

Mi-Fugue Mi-Raisin a fait le déplacement, histoire de réviser ses classiques (pas si classiques que ça) avant la période de Noël. Le programme étant fort chargé nous n’avons pas eu le temps de tout goûter, mais voici un aperçu du beau linge champenois…

Jérôme Bourgeois-Diaz Benoît Déhu Emmanuel Brochet Valérie Frison

Loïc et Aurélie Barrat Benoît Marguet Hélène Gautherot Vincent Charlot-Tanneux Vincent Laval

Loïc et Aurélie Barrat (Champagne Barrat-Masson) présentaient deux millésimes de leur cuvée « Fleur de Craie », un chardonnay non dosé d’une grande finesse et d’une incroyable salinité. Avec 500 bouteilles pour chaque millésime, la lutte sera chaude. Leur cuvée Grain d’Argile (50% Pinot Noir et 50% Chardonnay) est plus ample, mais aussi pure.

Autre rareté, Benoît Déhu qui travaille une parcelle d’1.5 hectares à Fossoy (Aisne). Benoît est un orfèvre du Pinot Meunier, avec son Champagne « La Rue des Noyers », un des plus beaux Meuniers à notre avis. Il a isolé un fût exceptionnel qui donnera naissance à la cuvée « Pythie » un vin splendide, une des plus belles émotions du salon, mais comme tout ce qui est splendide est rare, il n’y aura que 320 bouteilles, dont quelques flacons réservés à Mi-Fugue… ouf!

L’Aisne était présent en force avec Jérôme Bourgeois-Diaz, un jeune vigneron ultra doué qui fait déjà parler de lui. Sa cuvée 3C (46% Pinot Noir, 37% Meunier et 17% Chardo) est plus vineuse que le 2011, mais tout aussi facile et gourmande. La cuvée M (vous l’aurez deviné: 100% Pinot Meunier) est un champagne tendu, salin fin. Dégorgé il y a un mois, il sera encore meilleur à la fin de l’année. Quant à son « RS » (on vous le donne en mille: Rosé de Saignée!) il s’agit d’un concentré de fruit avec des notes grillées. Superbe!

Emmanuel Brochet continue à faire des adeptes…et pas mal de frustrés qui voudraient vendre et/ou boire ses vins, notamment le Mont Benoît (40% Pinot Meunier, 30% Pinot Noir, 30% Chardo) 2011, certes moins riche que le 2010, mais d’une incroyable  élégance. Nous aurons le plaisir de vous faire découvrir deux arlésiennes du domaine, ses cuvées parcellaires, les Hauts Meuniers 2008 et les Hauts Chardonnays 2008, des champagnes gardés (très!) longtemps sur lattes. Idem pour ces cuvées: quelques centaines de bouteilles, et quelques unes chez Mi-Fugue.

Vincent Laval était aussi présent, avec des vins qui lui ressemblent: fins, généreux et francs! Le Cumières Brut Nature (base 2013) est à la fois rond, fruité et fin. On en boirait jusqu’au bout de la nuit. Son rosé est digne d’un grand Bourgogne (avec les bulles en plus!) et rivalise avec la « Saignée de Sorbée » de Bertrand et Hélène Gautherot (Champagne Vouette et Sorbée) qui présentaient aussi le leur cuvée Fidèle 2011 à la fois puissant et diablement fin. Leur cuvée « Extrait » (50% Pinot Noir et 50% Chardonnay) est une arlésienne réservée aux restaurants étoilés.

Benoît Marguet est un perfectionniste et ça se sent à la dégustation: chaque cuvée porte l’empreinte du terroir. « Le Parc », issu de sols de tuf, est un Champagne salin, fin, fruité. Quant aux vins de Valérie Frison (Champagne Val’Frison) chaque millésime confirme les talents de cette sympathique vigneronne. Sa cuvée emblématique  « Goustan » est un Pinot Noir ample et profond avec un fruit envoûtant…

Vincent Charlot-Tanneux (que Mi-Fugue ne présente plus!) était au rendez-vous avec sa cuvée « Fruit de ma Passion » 2011 (65% Pinot Meunier, 20% Pinot Noir et 15% Chardo), un superbe vin de gastronomie. Avec « l’Or des basses Ronces » (100% Chardonnay) le terroir crayeux fait ressortir des notes salines, sur un vin ample et puissant. Son rosé « Le Rubis de la Dune » fait partie des coups de cœur du salon.

Les Bulles Bio n’ont pas fini de nous faire tourner la tête. Longue vie à ce salon!

Vincent Laval avec un hôte de marque: David Léclapart...

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Les vins d’Yvon et Jules Métras

     

Après avoir joué les prolongations estivales, le blog de Mi-Fugue Mi-Raisin revient avec quelques pépites d’Yvon et Jules Métras.

Nous ne ferons pas l’affront de présenter Yvon Métras (l’Avion pour les intimes) aux passionnés de vins « nature ». Basé à Fleurie, il fait partie de la génération des premiers beaujolois-gaulois qui ont vaillamment défendu les couleurs (rouge grenat) du Gamay. Ils étaient une poignée d’irréductibles dans le sillage de Jules Chauvet: Marcel Lapierre, Jean-Paul Thévenet (Polpo), Jean Foillard et d’autres qui ont hissé ce cépage d’infâme piquette à un sublime nectar. Que ceux qui pensent que le Gamay est une pâle copie du Pinot Noir passent leur chemin… ou essayent de trouver un vieux millésime de la cuvée Ultime (un 1999 par exemple). Parlons-en justement de cette cuvée, le fleuron du domaine. Yvon ne commercialise cette cuvée d’exception issue de ses plus vieilles vignes que les années exceptionnelles.  L’étiquette avec le liseré rouge peut faire penser au Champagne Mumm, mais malheureusement vous ne trouverez pas 8 millions de bouteilles d’Ultime sur le marché… tout au plus quelques centaines. La cuvée Ultime est vinifiée en macération carbonique, une méthode consistant à mettre des grappes entières dans une cuve saturée en dioxyde de carbone. Sans rentrer dans les détails techniques, cette vinification permet d’extraire le fruit et d’obtenir des vins « faciles et gouleyants » au détriment d’une profondeur et d’une complexité… dixit les contempteurs de cette méthode. Comme partout il y a des exceptions à la règle (sinon les choses seraient trop simples). Si certaines « carbo » donnent des vins gourmands manquants de profondeur, nous avons réussi à convertir un ami-vigneron (Stéphane Erissé du domaine Andrée) à qui nous avons servi un Ultime 2005 en carafe. A l’aveugle il hésitait entre un grand Pinot Noir et  une grande Côte Rôtie. Car nous sommes à ce niveau qualitatif. Peu de côtes rôties rivalisent avec une Ultime 1999 ou 2005. Alors le « beaujo » vinifié comme un primeur peut-il être un grand vin? Si vous répondez par la négative, c’est que vous n’avez jamais bu une Ultime!

Mais pour ceux/celles  qui n’ont pas eu l’occasion d’en boire, Yvon a pensé à tout: vous pouvez « attaquer  » la gamme par son Fleurie de printemps, un vin plus accessible dans sa jeunesse et qui peut se boire seul, entre copains, à l’apéritif. La cuvée de printemps permettra aux frileux de passer l’automne et l’hiver en attendant le printemps 2016, la période idéale pour ouvrir la cuvée de Fleurie 2014. Cette bouteille demande un peu de patience pour se mettre en place, mais les patients seront récompensés, car la dégustation récente d’un 2012 nous a bluffés: finesse, délicatesse et fruit. On dit souvent que le Gamay « pinote », et là nous avions les arômes et la subtilité d’un grand Pinot Noir (avec une typicité Gamay du Beaujolais quand même!).

Autre rareté du domaine, le Moulin à Vent, qui demande aussi un poil de patience pour s’exprimer. Mais lorsque la bouteille atteint son apogée (3 à 4 ans), c’est la claque garantie! En ce moment les 2010 sont tout simplement sublimes.

Vous lirez sur la toile que les vins d’Yvon sont chers. Ils se situent globalement entre 20 et 40 euros. Alors oui, pour le coup de rouge de tous les soirs, ça ne le fait pas forcément, mais quand on a dans son verre (gosier) des vins d’une telle finesse et suscitant une telle émotion, on se dit que finalement… Et si les vins d’Yvon sont chers, alors ceux de Fanfan Ganevat, Pierre Overnoy/ Emmanuel Houillon et  Richard Leroy le sont aussi… Et tant mieux d’ailleurs car cela nous laisse quelques flacons.

Last but not least, le fils d’Yvon (qui aide le père sur les 5 hectares du domaine), Jules Métras, vient d’acquérir un hectare et de sortir son premier millésime. Pour reprendre l’expression populaire « les chiens ne font pas des chats », Jules suit les traces de son père avec sa propre signature. Le vin est profond, dense, fruité. Bref, encore un grand Beaujolais!

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Horaires d’été…

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Mi-Fugue Mi-Raisin vous souhaite un été chaud, doux et agréable…

Pour ceux qui ne « bullent » pas en bord de mer nous leur souhaitons bon courage et les soutenons… en restant ouvert au mois d’août.

Nos horaires changent du 1er au 24 août inclus:

– LUNDI: Fermé

– MARDI au SAMEDI: 10h30-13h15  puis  16h30 – 20h30

– DIMANCHE: 10h30-13h15

Mi-Fugue Mi-Raisin sera exceptionnellement fermé les 15, 16 et 17 août.

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Le Savagnin 2000 d’Overnoy-Houillon

Il pourrait paraître un tantinet provocateur d’écrire un billet sur un vin du domaine d’Overnoy-Houillon alors que les rares bouteilles sortant du domaine sont distillées au compte goutte. Certes, 99% des lecteurs de ce blog n’ont pas besoin qu’on leur rappelle que les vins du domaine sont géniaux. C’est un peu comme si on vous disait que Vermeer était un grand peintre, sauf que l’enthousiasme et l’émotion que provoquent un vin d’Overnoy-Houillon sont tels que nous nous sentons (presque) obligés d’en parler, comme ces amoureux qui se sentent obligés d’en parler à la planète entière.

Cette bouteille de Savagnin est spéciale à plus d’un titre (pour ceux qui ne connaissent pas le domaine: cire jaune=Savagnin, cire blanche=Chardonnay, cire rouge=Ploussard et enfin cire verte=assemblage Chardo-Savagnin). Le millésime 2000 marque la deuxième année d’Emannuel Houillon sur le domaine. Il s’agit donc d’un des tous premiers vins portant la griffe conjointe d’Emmanuel et de  Pierre Overnoy. Nous connaissons deux écoles: ceux qui préfèrent le style « Overnoy » et ceux qui préfèrent le style « Houillon ». Rien d’étonnant à cela, mais ous avons du mal à les départager tant les deux styles sont à la fois différents et proches (mêmes sols, même philosophie….).

Alors pourquoi vous parler de ce vin? 2000 est un millésime exceptionnel chez un vigneron d’exception. On peut donc s’attendre à un vin d’exception. Il s’agit de la deuxième mise (ou « tirage » comme on dit au domaine) faite en 2011. Toutes les conditions sont réunies pour que le vin soit « indestructible »: un cépage supportant à merveille l’air, un très beau millésime avec une très belle acidité ainsi que des sols argileux favorisant l’acidité naturelle et un taux plus élevé d’alcool (les ennemis des bactéries!) et un élevage de dix ans avec ouillage… Et tout cela sans un seul milligramme de SO2 ajouté.

S’il y avait plus de bouteilles en circulation, nous conseillerions aux lecteurs de faire déguster ce nectar à un détracteur de vins « naturels ». Premier mythe déboulonné: les vins naturels ne sont pas faits pour durer. Ce vin possède une énergie et une « vigueur » que nous n’avons jamais goûté dans des vins plus « classiques ». On sent dès la première gorgée un potentiel de plusieurs décennies. La tension est incroyable, mais sans aucune agressivité. Bien au contraire, la texture est soyeuse avec une très belle rondeur est une grande douceur. Deuxième mythe déboulonné: l’acidité d’un blanc provient du SO2 ajouté (propos colporté par certains vignerons). Certes, le SO2 a une fonction acidifiante, mais à forte dose il « serre »  le vin, donnant l’impression d’une plus grande acidité. Sur ce vin on sent que la nature fait bien les choses car l’acidité naturelle du vin n’apporte aucune dureté mais une belle fraîcheur et une grande sapidité.

Nous présentons donc toutes nos excuses à nos lecteurs, en espérant que nous ne les avons pas trop frustrés… car oui, ce vin est un immense vin, un vin d’émotion que tout amateur rêve de boire au moins une fois dans sa vie.

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Une journée chez Xavier Caillard (Les Jardins Esméraldins)

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Mi-Fugue Mi-Raisin a terminé son excursion ligérienne par une visite chez Xavier Caillard, jeune vigneron installé depuis 1997. Son domaine, Les Jardins Esméraldins était situé à Brézé, au sud de Saumur et à quelques kilomètres de la magnifique Abbaye Royale de Fontevraud (voir le billet « in English » sur le blog de Wine Terroirs) . Nous disons bien « était » car Xavier Caillard vient de s’installer au sud-est d’Angers.

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Muriel et Xavier occupent aujourd’hui le « Manoir » d’une petite commune, Coutures, située à quelques kilomètres d’Angers. L’endroit est idyllique, avec une superbe bâtisse à l’écart du village entourée d’un vignoble bordé de cèdres. Pour Xavier ce lieu lui permettra d’élaborer des vins à la hauteur de ses exigences. Nous parlons au futur car ceux qui connaissent les vins de Xavier savent que rien n’est mis en bouteilles avant les sept à dix ans d’élevage permettant au vin de s’étoffer et d’acquérir une complexité que seuls quelques privilégiés ont eu la chance d’apprécier. Mais chez lui étoffe n’est pas synonyme de puissance. Au contraire, ses Cabernet Franc sont d’une grande délicatesse et fluidité. On se demande comment il est possible d’obtenir des vins d’une telle élégance et subtilité avec une période d’élevage si longue. Le secret: des raisins sains et murs, une période relativement courte de macération, puis laisser le temps faire sans piégeage ni remontage. Les blancs (du Chenin) ont un caractère affirmé avec une oxydation « ménagée » conférant aux vins une personnalité, une finesse et une pureté incroyables.

  

En quittant Brézé pour Coutures Xavier n’a pas pas troqué le calcaire Saumurois pour le schiste angevin. A deux pas d’Angers il se retrouve à la tête d’un magnifique vignoble de 4 hectares d’un seul tenant sur du tuffeau. Le sol est en fait plus complexe car il s’agit essentiellement de calcaire parcouru de veines de grès. Il compte réduire la taille de son exploitation en reconvertissant un hectare en culture vivrière. A Coutures Xavier se retrouve avec ses deux cépages de prédilection sur un terroir à son sens encore supérieur à celui de Brézé.
Les vignes n’ont reçu aucun traitement chimique ces dernières années. En moins de deux ans il a appliqué à la vigne des techniques de la taille japonaise (entre autres) et la plante, d’une incroyable vigueur, « répond » déjà à son travail.

Après avoir visité son vignoble nous avons goûté une mise « précoce » d’un cabernet franc 2008 (il compte donc garder une partie de ce millésime pour une mise plus tardive) tout simplement magnifique d’élégance. Même si les circonstances de la dégustation (soleil couchant sur un vignoble) comptent au moins autant que le vin lui-même, ce vin est d’une pureté sidérante. Il rappelle le (très grand!) 2003 qu’il faisait goûter au salon des Greniers St Jean a Angers en février

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Le domaine des Jardins Esmeraldins est peu connu à Paris mais Xavier n’est pas du genre à courir la capitale pour faire connaître ses vins (de toute façon il en a trop peu!). Il préfère être dans ses vignes et élaborer des nectars appréciés à leur juste valeur par des amateurs d’émotions. Car nous parlons bien de grands vins d’émotions, certes pas « donnés »… mais avec une telle rigueur et une telle patience  on se dit que finalement par rapport à d’autres régions (dont nous tairons les noms!) les vins de Xavier Caillard sont une aubaine…pour les happy few!

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Une journée chez Sylvain Dittière (La Porte Saint Jean)

     

Notre périple dans la Loire (voir le billet précédent ici ) nous a conduit chez « Tonton » (ou Sylvain Dittière si vous préférez), jeune vigneron installé à Montreuil-Bellay, charmante commune au sud de Saumur. Après avoir bourlingué chez Gauby, Cyril Fhal dans le Roussillon et Marc Tempé en Alsace (voir notre premier billet sur Sylvain ici) il s’est installé en 2010. Depuis notre premier coup de foudre pour sa cuvée « Les Beaugrands » 2010 (ici), nous sommes devenus des inconditionnels du domaine, à un tel point que nous nous demandons si Tonton n’est pas le meilleur vigneron ès Cabernet Franc de la région (disons un des meilleurs…). En tout cas, nous ne sommes pas les seuls à le trouver doué: lors de sa première participation au salon de la Dive Bouteille en 2012, Sylvain faisait « tranquillement » goûter ses cuvées, alors que maintenant les professionnels se ruent sur sa barrique pour goûter ses vins. Résultat: d’une année sur l’autre tout est vendu. Comme quoi, il y a une justice dans le monde du vin vivant!

Les choses bougent pas mal chez Sylvain. Au début les premières cuvées commercialisées étaient issues de raisins achetés au négoce (de très bonne qualité!). Pas facile de s’installer immédiatement en achetant des parcelles. Depuis, Sylvain a acquis deux parcelles que nous avons visitées: une de blanc (Sauvignon et Chenin) et la parcelle « Les Cormiers » en appellation Saumur.

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Sa parcelle de blanc a donné naissance à deux cuvées: Le Saut Mignon, un Sauvignon généreux et frais et un Saumur blanc, « La Perlée », un Chenin de (longue!) garde, vif et ample. Comme on pouvait s’y attendre de la part de Sylvain Dittière, les vignes sont superbement tenues, avec une vigueur et une santé dignes de celles de Fanfan Ganevat ou Richard Leroy. Sa parcelle de Saumur baptisée « Les Cormiers » est aussi belle à voir qu’à boire car le premier millésime 2011 que nous avons reçu nous conforte dans l’idée qu’un travail à la vigne se ressent dans le verre. Par rapport à la cuvée Les Beaugrands le vin est (encore!) plus fin, plus élégant, avec une fraîcheur et une « minéralité » plus prononcées. Il s’agit d’un superbe vin qui ira sans soute plus loin dans le temps que Les Beaugrands. La différence est non seulement due au travail de la vigne (par opposition à l’achat de raisins si bons soient-ils) mais aussi à une différence de terroir: Les Cormiers sont situés sur un sol jurassique alors que les raisins des Beaugrands proviennent d’un sol thuronien produisant des vins plus ronds et charmeurs dans leur jeunesse. Sylvain a pris la (sage) décision d’arrêter d’ici un ou deux ans Les Beaugrands. Sage, car il sait qu’on peut difficilement être vigneron (au four)  et négociant (au moulin) en même temps. Mi-Fugue le regrette car Les Beaugrands sont diantrement bons, mais nous ferons notre possible pour en stocker le maximum.

Après la balade dans les vignes, direction le chai pour déguster les barriques  de 2013 et 2014. L’expression « millésime de vigneron » prend tout son sens en 2013. S’il y a un cépage qui ne pardonne pas le manque de maturité, c’est bien le Cabernet Franc (notre pire cauchemar gustatif serait un Saumur 2013 de « brasserie », servi glacé pour faire passer  l’amertume et l’acidité). Le Saumur Les Cormiers 2013 est hallucinant de finesse et d’élégance avec une trame soyeuse qui fait penser à un grand Pinot Noir. Sylvain est ravi de ce millésime qu’il qualifie de « ligérien ». Sa recette est simple: un gros travail dans les vignes et un tri draconien. A la vendange, Sylvain se met en bout de la table de tri et adonc  le dernier mot sur les raisins dignes d’être vinifiés. D’ailleurs ceux qui veulent se faire ne idée des 2013 de 2013 peuvent goûter chez Mi-Fugue sa « petite » cuvée de Saumur-Champigny « La Porte Saint Jean », un vin d’une très (trop?!) grande buvabilité, frais, rond, soyeux, fruité. Bref, le Cabernet rêvé…pour le prix de deux bouteilles de Mouton-Cadet.

Sylvain Dittière n’a pas fini de nous étonner. Pour Mi-Fugue il fait déjà partie des grands vignerons dont la patte est reconnaissable entre mille… des vignerons qui « signent » leurs vins à l’instar d’Eric Pfifferling, Emmanuel Houillon, Sébastien Poly ou Michel Favard.

En ce moment Mi-Fugue Mi-Raisin vous propose les cuvées suivantes:

  • Saumur-Champigny « La Porte Saint Jean » 2013
  • « Le Saut Mignon » 2013, un Sauvignon rond fruité et ample.
  • « La Perlée » 2012, un Chenin vif, frais, complexe.
  • Saumur-Champigny « Les Beaugrands » 2011
  • Saumur « Les Cormiers » 2012

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Une Virée chez Richard Leroy: les 2014 en fûts… et les 2013 en bouteilles

                     

Comme chaque année au printemps nous  effectuons notre pèlerinage angevin chez les amis-vignerons qui nous ont inoculé le virus de la cheninophilie, une maladie aussi incurable qu’agréable. Notre première étape: Richard Leroy, rablayen (et rabelaisien) que nous ne présentons plus. A notre impatience de retrouver un ami et de passer une journée unique en sa compagnie s’ajoutait la curiosité de regoûter le millésime 2013 en bouteilles… et de découvrir la nouvelle parcelle qu’il a récemment récupérée en fermage à Savennières.

Cette parcelle de 32 ares est située sur la route de la Croix Picot, en face d’une vigne ayant appartenu à Jo Pithon et au nord de la fameuse Coulée de Serrant. La parcelle est nichée au cœur d’un écrin de verdure  surplombant la Loire. Richard ne cherche pas à étendre son vignoble. Ses 2.7 hectares l’occupent à plein temps mais l’idée de sortir une cuvée de Savennières le séduit et l’idée de boire un Savennières de Richard ne nous déplaît pas non plus… sauf qu’il faudra attendre quelques années pour que la vigne se remette d’un long traitement chimique. Nous avons passé quelques heures à ébourgeonner plusieurs rangs de vignes dans ce coin de paradis puis nous sommes retournés à Rablay-sur-Layon pour goûter le millésime 2014 en barriques. Première bonne nouvelle: il y aura du vin en 2014…enfin plus de vin qu’en 2013, mais pas de quoi inonder le marché. Les  2014 ont déjà fini de fermenter et le résultat est à la hauteur de nos espérances: Les Rouliers sont d’une grande finesse et d’un équilibre sidérant alors que la cuvée  Les Noëls de Montbenault possède en plus une puissance et une ampleur à faire pâlir pas mal de « grands » Bourgognes. Globalement le millésime est moins vif que 2011 ou 2012, mais avec une très belle acidité et un équilibre de rêve. Richard nous a même fait goûter une barrique de Rouliers avec les lies de l’année précédente… de quoi faire dresser les cheveux des spécialistes et autres puristes car en « œnologie » on apprend qu’une barrique doit être scrupuleusement nettoyée, récurée, soufrée et hermétiquement fermée sinon on risque la piqûre ascétique. Mais dans le monde du vin (vivant!) on apprend aussi qu’en étant le plus rigoureux possible on peut aussi prendre certaines libertés. Le vin était superbe sans aucune trace de piqûre acétique (ou pour faire simple: de goût de vinaigre).

        

Après cette dégustation Richard nous a ouvert un Rouliers et un « Noëls » 2013. Et là, nous avouons ne plus rien comprendre. Lors de notre dernier passage au domaine les barriques de 2013 avaient juste entamé leur fermentation et Richard, sceptique et dépité, nous avait fait part de sa perplexité… et de la possibilité de ne pas commercialiser le millésime si le vin ne se montrait pas à la hauteur. Les passionnés se souviendront: 2013 est une année compliquée, avec un été pluvieux et une arrière-saison mitigée. Tout le monde sait donc qu’il s’agit d’un millésime à éviter et qu’on boira – contraints et forcés – en attendant les 2014. Mais dans le monde du vin les raccourcis mènent souvent à des inexactitudes. 2013 est certes une année plus « froide » mais les vignerons qui ont bien travaillé (leurs vignes!) ont réussi à rentrer des raisins sains et mûrs, mais avec un degré alcoolique moindre.

Nous vous disions donc que nous n’arrivions pas à comprendre… comment un jus issu d’une récolte « moyenne » qui a failli partir à la distillerie ait pu donner un des plus grands vins blanc que nous ayons goûté! Richard pense qu’il s’agit de son plus grand millésime. Pourtant il n’est pas du genre à se louanger. Certaines émotions fortes suscitent des associations d’images. En buvant ce vin l’image de la Loire nous est revenue car ce vin  possède la même puissance, majesté  et tranquillité. Bref, Richard a encore fait plus fort que le millésime précédent. Il a atteint grâce à un travail acharné de la vigne (…qui porte ses fruits!) une élégance et une profondeur uniques.

Pour l’instant Mi-Fugue Mi-Raisin n’a pas encore reçu les vins du domaine, mais cela ne saurait tarder….

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Hubert et Heidi Hausherr: le renouveau de l’Alsace

Le domaine Hubert et Heidi Hausherr est le dernier arrivé dans notre gamme de vins d’Alsace. Hubert et Heidi font partie de la génération de vignerons alsaciens qui contribuent à redorer le blason de cette région longtemps honnie des amateurs. La raison de ce divorce est fort simple: l’Alsace produit essentiellement des vins blancs. Le climat (semi-) continental est caractérisé par des étés très chauds et secs favorisant une sucrosité élevée des vins. Si la fermentation alcoolique n’arrive pas à bout des sucres, vous aurez un vin légèrement sucré et « pâteux » (à ne pas confondre avec les vendanges tardives ou sélection de grains nobles élaborées à partir de raisins botrytisés) qui nécessitera une dose « généreuse » de sulfites afin de ne pas refermenter en bouteille. C’est la raison pour laquelle vin d’Alsace et barre au crâne sont devenus synonymes chez les consommateurs.

Mais depuis quelques années l’Alsace fait aussi sa révolution. Les amateurs de vins blancs attendaient ce moment avec impatience. Nul besoin en effet d’être devin pour anticiper l’explosion qualitative de cette région: avec des grands terroirs, des grands cépages et une génération de jeunes vignerons passionnés, tous les ingrédients sont réunis pour faire des grands blancs. Certes, les vignerons talentueux n’ont jamais manqué dans la région. Entre Julien Meyer, Bruno Schueller, Pierre Frick et Christian Binner on avait de quoi passer de belles soirées bachiques entre amis. Disons qu’une région aussi riche en terroirs et cépages méritait un coup de sang neuf. Hubert et Heidi Hausherr font partie de ces vignerons installés en 2000 (disons pour être plus précis qu’ils ont quitté la cave coopérative locale) dans le charmant village d’Eguisheim au sud de Colmar. Nous sommes donc au sud de l’Alsace, une zone où les nombreux plissements géologiques ont donné des terroirs riches et variés. Les Hausherr exploitent une petit domaine de quatre hectares. Ils partagent notamment avec Bruno Schueller le magnifique terroir de Pfersigberg  qui donne des Rieslings salins et des Gewurztraminer d’une grande finesse. C’est le cas de la cuvée Sui Generis 2012 du domaine, un « Gewurtz » tout en délicatesse. Cette cuvée est issue de vignes de 52 ans sur un sol marno-gréseux qui confère au vin des notes florales sans ce côté « litchi » entêtant des mauvais Gewurztraminer.

Quant à la cuvée Aussitôt Bue ! 2013, elle est composée de 3 cépages: de l’Auxerrois, du Sylvaner, et du Tokay Pinot Gris, rebaptisé depuis le différend avec les hongrois Pinot Gris. Prenez les premières syllabes (en gras) de chaque cépage et vous avez le nom de la cuvée! Cette cuvée, plus riche que Sui Generis est issue d’un terroir de grès légers. Le vin est à la fois fin et ample, idéal pour un apéritif. La cuvée mérite bien son nom!

La philosophie des Hausherr est simple (et efficace): faire le maximum à la vigne pour pouvoir lâcher prise lors de la vinification. Un principe faussement simple car il demande une conduite exemplaire des vignes. Hubert a été conquis par les préceptes de Pierre Masson, un des papes de la biodynamie. Depuis, la qualité des raisins obtenus est telle qu’il peut se permettre de presser ses raisins (dans un pressoir manuel en bois) et récupérer le jus dans des cuves sans toucher au vin jusqu’à la mise en bouteilles. Hubert pense que quand l’état sanitaire des raisins le permet, les levures des lies, en mourant,  libèrent des protéines qui stabilisent le vin. Cela lui permet de vinifier et de faire la mise en bouteilles sans adjonction de sulfites ou autre poudre à perlimpinpin. La nature est bien faite quand on sait la ménager.

Bref, les vins du domaine Hausherr font honneur à une région en plein essor. Leurs vins sont purs, fin, élégants… et à des prix qui peuvent donner des complexes à bien d’autres régions productrices de blancs.

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Le Nez dans le Vert: le Jura c’est bien quand on le boit…

       

… mais c’est encore meilleur quand on le voit!

Quitte à être taxés de jurassomanie compulsive, Mi-Fugue Mi-Raisin a décidé de relater sa dernière expédition au pays de Pasteur. Nous sommes rassurés car nous ne sommes pas les seuls à être atteints du virus: entre notre ami-blogueur Olif (ici) et la journaliste Wink Lorch qui a consacré un blog à la région (ici)  et qui vient de sortir un magnifique livre (uniquement en V.O. pour l’instant) très détaillé sur le pinard jurassien, on se dit que le Jura c’est certes contagieux mais pas si grave que ça.

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 Le Nez dans le Vert s’est tenu le dimanche 22 et lundi 23 mars au domaine de la Pinte à Arbois, mais nous avons choisi de faire la route comme au siècle dernier, avec des étapes chez plusieurs vignerons.

       

Première halte: Kenjiro Kagami (domaine des Miroirs), vigneron installé à Grusse depuis quelques années sur un domaine de 3.2 hectares. Kenjiro a appris le métier chez Bruno Schueller en Alsace et vole de ses propres ailes depuis 5 ans sur une propriété de 3.2 hectares. Voler est le terme approprié quand on voit les vignes  pentues qui donnent le vertige. Kenjiro et sa femme travaillent avec acharnement ce coin de paradis et façonnent des vins de rêves, d’une très grande finesse et d’une précision à se damner. Pas de doute, on est dans la même cour que les vins d’Overnoy-Houillon et Ganevat… Les vins sont grands, très grands et à des prix raisonnables (pour l’instant!). Mi-Fugue vous propose son superbe Chardonnay 2013 Mizuiro ainsi que son Poulsard Ja Nai 2013.

                

Le lendemain, direction Pupillin, capitale mondiale du Poulsard (pardon, du Ploussard). Après un déjeuner chez Anne et manu Houillon avec Pierre Overnoy où nous avons bu un Ploussard 2012 (sans doute un des plus beaux rouges bus cette année, mais ne parlons pas de choses qui fâchent), nous avons fait une tournée dans les vignes de Julien Mareschal (domaine de La Borde), jeune vigneron à Pupillin qui monte. Quand on voit ses vignes, on se dit que ça doit être bon dans le verre…et ça l’est.

      

Céline et Steve Gormally (Les Dolomies) nous ont accueillis pour une belle dégustation en cave. Les 2014 s’annoncent superbes mais malheureusement rares. A table nous avons goûté un Pinot Noir 2010 d’une fraîcheur et d’une élégance à filer des complexes à pas mal de bourguignons.

Le dimanche nous nous sommes rendus au salon (on était quand même venu pour ça…) en « coupant » à travers les vignes. Les lecteurs de ce blogs connaissent déjà la bande de vignerons qui ne cessent de nous surprendre. Nous avons été subjugués par les vins de Valérie et Fabrice Closset du Champ Divin (Gevingey) avec notamment un Chardonnay-Savagnin 2010 sous voile d’une très grande finesse aromatique. La cuvée « Fleurs » 2013 du domaine Labet est étonnant de pureté et de gourmandise à un prix plus que sage. Les 2014 d’Etienne Thiébaud seront grands, Patrice Hugues-Béguet confirme son talent de grand vinificateur ès rouges. Les vins de Fanfan Ganevat (dégustés la veille au domaine) sont bluffants pour un millésimé réputé « difficile »: ses 2013 sont sublimes de finesse.

 

Bref, après avoir fait nos emplettes chez Hirsinger (chocolatier de rêve à Arbois) et Philippe Bouveret (Essencia, ZE fromager à Poligny) nous sommes rentrés ravis et comblés.

… mais bon, notre prochain billet  vous emmènera ailleurs… promis Jura!!!

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« Gibus » du domaine Les Bottes Rouges

 

Nous vous l’a déjà dit a maintes reprises, nous sommes amoureux des vins du Jura, qu’ils soient blancs, rouges, rosés, ou jaunes…

Tout le monde connaît l’histoire des toiles de Van Gogh que personne ne voulait à l’époque, à part quelques hurluberlus. Les vins du Jura suivent le même chemin: quand la planète entière s’affolait sur les vins de Bordeaux (allez comprendre…) et les vins de Bourgogne personne ne voulait les vins du Jura, tout juste bons à accompagner un morceau de Comté. Depuis, beaucoup de vin a coulé sous les ponts et entre les Bordeaux trafiqués (enfin…pas tous) et les Bourgognes ultra-chers (idem!) les amateurs se tournent vers le des régions comme le Jura. Prenons le fameux domaine Overnoy. Alors que les cavistes passionnés ne savaient pas quoi faire de leurs stocks – à part les boire! – les vins du domaine sont devenus plus rares qu’une bouteille de Romanée Conti (et ce n’est pas une blague). Que les lecteurs pardonnent notre « graphorrhée  » mais nous nous emballons rapidement quand nous écrivons sur les vins du Jura. Tout ça pour dire qu’il ne faut pas désespérer car la relève est arrivée dans le Jura avec, entre autres, le sympathique Jean-Baptiste Menigoz du domaine Les Bottes Rouges. Jean-Ba (pour les intimes) fait partie de cette vague de jeunes vignerons jurassiens passionnés et doués, possédant de beaux terroirs et des cépages à l’avenant.

Jean-Baptiste s’est installé en 2012 à Abergement-le-Petit, à l’ouest d’Arbois. Il a commencé  avec 2,4 ha et a doublé sa superficie en deux ans. Si vous aimez la variété, vous serez servis car  il cultive les cinq cépages jurassiens (Savagnin, Chardonnay, Ploussard, Trousseau et Pinot Noir) représentés sur des sols variés (argiles, marnes, calcaires), et propose sept cuvées différentes.

Nous adorons toutes les cuvées du domaine mais avons un faible pour la cuvée « Gibus ». En fait notre penchant pour cette cuvée n’est dû qu’à une chose: c’est la dernière bouteille du domaine dégustée par Mi-Fugue… On aurait pu vous faire l’éloge du superbe Album (savagnin) du Léon (Chardonnay) ou de La Pépée (Pinot Noir) mais Gibus est un Trousseau  hors normes issu de vignes plantées en 1956 sur des éboulis calcaires. La parcelle est exposée plein sud, une orientation idéale garantissant une maturité optimale.. Si vous parcourez la toile, vous lirez tout et n’importe quoi sur ce cépage: qu’il existe au Portugal, qu’il est (probablement) un descendant du Savagnin et que « (…) les vins sont alcooleux, tanniques, puissants avec une acidité particulièrement prononcée mêlée à des notes de fruits rouges » (!). Bref, rien qui vous donne envie de boire du Trousseau.

Boire une bouteille de Gibus est une expérience unique à plus d’un titre. D’abord le Trousseau est un (grand) cépage qui ne se laisse pas facilement apprivoiser: tout comme son cousin la Poulsard (ou Ploussard) il a tendance à « réduire » à l’ouverture de la bouteille avec des notes animales ou faisandées (pour ceux qui ont oublié leurs cours de chimie la réduction est le contraire de l’oxydation). Gibus n’échappe pas à la règle. A l’ouverture le vin est plutôt réduit au nez et discret en bouche. Il se ferait même descendre en flèche  dans une dégustation-marathon ou dans une soirée trop arrosée où les bouteilles se suivent et finissent par se ressembler. Gibus est donc un vin de patience: au bout d’une demi-heure il s’ouvre et révèle des arômes fascinants de poivre, d’épices avec des notes fruitées de griottes et de cassis. Le vin possède une finesse, une fraîcheur et une délicatesse incroyables. Avec plus d’air les notes fruitées prennent le dessus  avec une  texture soyeuse rappelant un grand Bourgogne.

Gibus est donc un vin profond, vibrant et émouvant. Comme un très bon ami, il ne vous tapera pas dans le dos dès la première seconde mais vous serez conquis et vous y reviendrez. Vinifié de cette façon, le Trousseau n’est pas un cépage alcooleux, tannique et acide, mais fin, soyeux et envoûtant…

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Angers et Saumur: le pentathlon des salons « Bio »

        

Comme chaque année début février,  l’Anjou attire les professionnels de tous les continents pendant une semaine. Du samedi au lundi les vins « bio » ont la part belle avec cinq salons: Les Greniers St Jean, Les Pénitentes, Les Anonymes, La Dive Bouteille et le dernier né, le salon Demeter… Cinq salons réunissant pas moins de 950 vignerons. Inutile de dire que ce parcours du combattant est vivement déconseillé aux agoraphobes, claustrophobes, vinophobes et hydrophobes (oui, le vin contient de l’eau…).

L’édition 2015 des salons nous a quand même permis de faire de belle découvertes, de revoir les amis-vignerons et surtout de nous faire une idée plus précise sur le millésime 2014… qui s’annonce superbe et pléthorique dans beaucoup de régions. Autre constat: les jeunes vignerons qui poussent aux portes du vin naturel sont de plus en plus nombreux. Que ceux qui pensent que le vin « naturel »  est une mode fassent un tour sur les salons l’année prochaine. Nous n’avons jamais goûté autant de jolis vins. Le plus compliqué est de faire un choix dans la masse de vignerons talentueux.

Nous ne pouvons évidemment pas décrire toutes les cuvées mais voici un bref aperçu… et une galerie de portraits.

Au Salon Demeter, Gilles Ballorin faisait goûter ses 2013, notamment un superbe rosé de soif sans SO2 et une cuvée de Pinot Noir en grappes entières « G. Soif » qui mérite bien son nom. Le jurassien Patrice Hugues Béguet est notre dernier sympathique vigneron qui fait des rouges à se damner. Si vous avez la nostalgie du Poulsard d’Overnoy, courrez chez Mi-Fugue vous procurer une bouteille de la cuvée « P pour Patrice » 2013.

Aux Pénitentes les vins de René Mosse sont toujours aussi bons et attachants que le personnage. Chez l’Anglore (Eric Pfifferling, Tavel) le millésime 2014 est tout simplement éblouissant, avec un peu plus de vin cette année (Ouf!). La cuvée « le Feu » 2013 de Dominique Belluard, d’une grande pureté, est un des plus beaux vins blanc de ce salon…avec le Riesling Muenchberg 2012 de Patrick et Mireille Meyer, un vin d’une grande pureté. Benoît Courault proposait ses 2013, d’une grande délicatesse, avec une mention spéciale pour sa bulle « Eglantine » une vraie gourmandise. Manu Lassaigne sortira bientôt un Coteau Champenois blanc 2010, un Chardonnay sidérant qui joue dans la cour des grands Bourgognes.

Aux Greniers Saint Jean deux surprises de taille nous attendaient. La bonne: Manu Houilln et Pierre Overnoy (Jura) qui faisaient goûter leurs nectars (et notamment un sublime Vieux Savagninn Ouillé 2006 qui sortira au printemps). Ils ont passé leur week-end à annoncer aux visiteurs frustrés qu’ils n’avaient pas de vin à vendre. L’autre surprise était le stand de Mme Lalou-Bize Leroy avec des Meursault à plusieurs centaines d’euros et de rouges à plus de mille euros. Au niveau rapport qualité-prix on a vu mieux et on se demande surtout ce que faisait un tel domaine aux Greniers. Le stand de Richard Leroy était aussi pris d’assaut, à juste titre quand on goûte ses Rouliers et Noëls de Montbenault 2013, d’une incroyable finesse. Certes, les vins n’ont pas la même « carrure » que les 2012 mais ils prouvent qu’un grand vigneron peut faire de superbes vins dans un millésime réputé « difficile ». Son voisin et ami Bruno Rochard nous a subjugués avec un Moque-Souris 2013 encore plus fin qu’en 2012 et d’une très (trop!) grande « buvabilité ».

 

Aux Anonymes Julien Peyras présentait sa cuvée « Gourmandise » à base de Cinsault, un vin tout en fruit ainsi que son « Lo Tarral » à base de Grenache et Syrah plus concentré mais aussi fruité. Belle découverte: un nouveau domaine, Les Herbes Folles, conduit de main maître par Olivier Prunières, proposera un superbe rouge à base de grenache au printemps.

 

A la Dive bouteille, nous avons ouvert le bal avec Reynald Héaulé, un jeune vigneron hyper-doué. Son « Terre de Silice » 2011 à base de Chardonnay, Meunu Pineau, Sauvignon et Pinot Gris est une merveille de finesse et de complexité. Il peut rivaliser avec un grand Riesling. Sylvain Dittière présentait sa nouvelle cuvée, un Saumur « Les Cormiers »2012  issu d’une belle parcelle. Un vin d’une incroyable fraîcheur, à notre sens encore meilleur que Beaugrands. Les vins de Clément Baraut (Savennières) atteignent en 2013 et 2014 une pureté et une précision bluffantes. Les 2014 d’Etienne Thiébaud (Jura) seront aussi magiques que les 2012, avec notamment un simple Chardonnay rond et fruité et un Chardonnay de Messagelin 2013 tendu, minéral et complexe. Pour finir, nous hésitons à vous parler de Vincent Laval (Champagne) et de son superbe Les Chênes 2010 ou Hervé Souhaut (Ardèche) et sa Souteronne 2014 à base de Gamay, un vin d’une incroyable finesse.

 

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