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Politique

Alerte, Marion Maréchal-Le Pen peut (vraiment) gagner la région PACA!

Le maire de Nice Christian Estrosi a tenté de déborder la tête de liste du FN sur sa droite. Il a échoué. De nombreux électeurs socialistes et de gauche refuseront de choisir entre les deux, ce qui pourrait assurer un triomphe de l'extrême-droite en PACA.
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Christian Estrosi Marion Maréchal-Le Pen
Le maire de Nice Christian Estrosi et la députée Front national Marion Maréchal-Le Pen livrent bataille.
JC MAGNENET / AC POUJOULAT / AFP

Cela fait dix-huit ans que les socialistes gouvernent la région Paca, de Montélimar à Menton. Cette fois, le président sortant, Michel Vauzelle, ex-ministre de la Justice et conseiller de François Mitterrand, a choisi de ne pas se représenter. Prudent sans doute, car il sait la déroute de la gauche inéluctable. Il a donc, au prétexte du renouvellement des élus, laissé sa place à un inconnu, Christophe Castaner, député des Alpes-de-Haute Provence. Inconnu, ce n'est pas une vacherie facile ; c'est une réalité à conséquence arithmétique: 69% (!) des électeurs de Paca ignorent tout de Patrice Castaner, jusqu'à son identité. La débâcle (18% au premier tour selon le dernier sondage Odoxa/BFM/Le Parisien) est donc acquise. D'autant plus certaine qu'une liste Europe Écologie Les Verts/Front de Gauche pourrait réunir jusqu'à 10% des voix. Le scénario cauchemar.

Le succès paraissait donc acquis à la droite républicaine. D'autant plus que la désignation de Christian Estrosi comme tête de liste semblait on ne peut plus opportune et légitime, intelligente même dans un contexte de droitisation générale. Si dans sa ville, le maire de Nice gouverne au centre, s'il s'est construit un statut de modernisateur intelligent ouvert notamment à la culture, sa réputation nationale reste outrageusement droitière. Dès l'entame de la campagne régionale, Estrosi cogna d'ailleurs comme un sourd, dénonçant la présence en France d'une "cinquième colonne islamiste". C'est de la sorte qu'il entendait étouffer l'émergence de Marion Maréchal-Le Pen. Or il est en passe d'échouer. Car, en Paca, que cela convienne ou non, que cela déplaise ou pas, Marion Maréchal-Le Pen incarne la relève. Elle utilise les obsessions qui taraudent cette population, en particulier un imaginaire de dépossession identitaire et la conviction d'une invasion musulmane qui n'est pourtant pas inscrite dans la moindre statistique. Christian Estrosi n'a pas cherché à démonter, à dégonfler ces motifs (réels ou non) de stress collectif. Il a tenté de déborder la jeune femme blonde sur sa droite. Il a échoué, chaque enquête d'opinion le rappelle avec cruauté.

Une tête de liste FN qui prend de plus en plus d'épaisseur politique

Quelques semaines avant le scrutin, les sondages indiquent en effet qu'elle le devance au premier tour de cinq points (35% contre 30), puis de trois points (37% contre 34) au second alors que la gauche,  même réunie, reste scotché à 29%. Marion Maréchal-Le Pen donne en effet à ses adversaires une étonnante leçon de maîtrise politique. L'union de la droite de la droite, la réunion des différentes sensibilités de l'extrême droite, elle les a menées de main de maître, réunissant sans état d'âme aucun sur une même liste l'identitaire Philippe Vardon à la réputation sulfureuse et l'ex-UMP, le très policé Olivier Bettati, obtenant in extremis le soutien public de son grand père Jean-Marie Le Pen et réduisant quasiment à néant la concurrence du maire d'Orange, l'ultra droitier Jacques Bompard. Estrosi a beau pesté, dénoncé avec la force de la raison les dangers d'une pareille construction, rien n'y fait: la tête de liste FN progresse et, plus dangereux encore, elle prend de l'épaisseur politique. L'hypothèse d'une victoire aux innombrables retombées locales, nationales et internationales ne peut donc plus être exclue, bien au contraire. D'où la responsabilité politique et morale qui pourrait peser sur la gauche au soir du premier tour en Paca.

Il est probable, sinon certain, que la liste PS n'obtiendra que le troisième rang avec, toutefois, un nombre suffisant de voix pour être en mesure de se maintenir au second tour. Problème-majeur en tout état de cause: ce maintien garantit quasiment la victoire de Marion Maréchal-Le Pen tandis qu'un hypothétique retrait, en application stricte du concept de Front Républicain, devrait (en principe) permettre à Christian Estrosi d'écarter la menace d'extrême droite. Quant à une éventuelle fusion des listes républicaines, de droite et de gauche, nul n'ose même l'évoquer, serait-ce en catimini. Il faut toutefois convenir que la campagne, par moments ultra droitière, de Christian Estrosi  n'est pas faite pour simplifier le choix des socialistes, pour le rendre évident, comme allant de soi, ce qui devrait être le cas dans le cadre d'une démocratie solide. Il ne fait - malheureusement - aucun doute que de trop nombreux électeurs socialistes et de gauche refuseront de choisir entre Marion Maréchal-Le Pen et le maire de Nice s'ils ne disposent d'aucune autre alternative, laquelle alternative pourrait assurer le triomphe de l'extrême-droite.

Le piège parfait. Comment en sortir? Personne n'en sait rien. Pendant ce temps, Marion Maréchal-Le Pen frétille, elle, de plaisir et de bonheur. Ça existe encore en politique, la preuve par le Front National.

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