Après la sécheresse, les inondations ? A l’approche de la saison hivernale, la peur d’El Niño s’est emparée de la Californie. Selon les experts, la température de l’océan Pacifique est à son plus haut niveau depuis une vingtaine d’années, ce qui laisse craindre des pluies de très forte intensité. En 1997-1998, un précédent « El Niño », du nom de ce phénomène climatique lié au réchauffement de l’océan le long de l’Equateur, avait provoqué des tempêtes et des éboulements dramatiques qui avaient fait dix-sept morts.
Les Californiens ont eu un avant-goût de ce qui les menace, les 15 et 16 octobre, lorsque des pluies diluviennes se sont abattues dans une zone semi-désertique située au nord-est de Los Angeles. A Palmdale, dans l’Antelope Valley, le record de précipitations de 1935 a été battu, selon le National Weather Service : 4,6 cm d’eau en une demi-heure. Des ruisseaux de boue se sont déversés sur les routes, dont l’autoroute I 5, un axe nord-sud majeur, précipitant les voitures les unes sur les autres. A l’est de Tehachapi, 200 véhicules ont été immobilisés par plusieurs mètres de terre et de débris, dont des camions de transport de bétail et deux autocars de touristes.
D’après les experts, ce déluge n’est pas lié à El Niño, phénomène hivernal attendu en Californie dans les prochains mois, selon les estimations du Centre américain de prévision du climat. Mais il en préfigure les effets. Après quatre années de sécheresse et des incendies de forêt importants, la Californie se sent particulièrement vulnérable.
Serpent de mer venimeux
« Les grandes sécheresses finissent généralement en grandes inondations », a assuré le climatologiste de la NASA Bill Patzert au Los Angeles Times. Après les éboulements de l’Antelope Valley, les deux sénatrices de l’Etat, les démocrates Dianne Feinstein et Barbara Boxer, ont écrit aux autorités fédérales pour réclamer des mesures de précaution, compte tenu de « la probabilité qu’un El Niño fort apporte de fortes pluies sur la Californie. Le risque d’inondations est dangereusement élevé. Nous constatons déjà que le potentiel existe pour un désastre ».
Depuis des semaines, la Californie débat de l’ampleur que pourrait avoir El Niño cette année. Prudents, certains experts rappellent les prédictions erronées de 2014 sur une pluviosité importante. D’autres sont soupçonnés de minimiser l’impact potentiel du phénomène pour éviter tout ce qui pourrait conduire la population à relâcher ses efforts de conservation d’eau. Les responsables de l’Etat soulignent en tout état de cause que les pluies ne régleront pas la question de la sécheresse. El Niño devrait permettre de remplir une partie des réservoirs, mais pas de compenser le pompage intensif de la nappe phréatique par les agriculteurs. Et s’il frappe surtout la Californie du Sud, comme certains l’envisagent, l’eau risque d’être très vite évacuée vers l’océan.
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