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Le « ras-le-bol » de Martine Aubry d’Emmanuel Macron

Lors de sa conférence de presse de rentrée, la maire socialiste de Lille a critiqué ouvertement le ministre de l’économie, l’appelant à mettre « toute son énergie pour accélérer la croissance et l’emploi »

Par  (Lille, correspondance)

Publié le 23 septembre 2015 à 17h10, modifié le 24 septembre 2015 à 11h09

Temps de Lecture 3 min.

« Ça va, là. Je crois qu’ils en ont eu pour leur compte. On peut arrêter ? » Cette petite phrase lancée par Martine Aubry aux journalistes à la fin de sa conférence de presse de rentrée à Lille, mercredi 23 septembre, en dit long sur l’agacement de l’ancienne ministre à l’endroit de certains membres du gouvernement. Notamment ceux qui ont la charge de la politique économique. A commencer par Emmanuel Macron, le ministre de l’économie.

Sur Macron : « Qu’il s’occupe de son ministère »

« Macron ? Comment vous dire… Ras-le-bol, répond-elle, commentant les propos du ministre de l’économie sur le travail du dimanche. Il faut qu’il mette toute son énergie pour accélérer la croissance et l’emploi. Je supporte de moins en moins l’arrogance. »

Se disant choquée par les déclarations de M. Macron à l’encontre des fonctionnaires, Mme Aubry dénonce les paroles de cet « ancien fonctionnaire, certes devenu banquier d’affaires, qui sait sans doute qu’en période de crise on n’a jamais eu autant besoin des fonctionnaires, policiers, enseignants, personnels dans les hôpitaux ».

Pour enfoncer le clou, la maire de Lille pointe « une ignorance de ce que les gens vivent aujourd’hui. Il y a un moment, ce n’est plus supportable. Qu’il s’occupe de son ministère, ce serait déjà très bien ».

Après les propos sur les fonctionnaires de M. Macron (qui venaient après ceux sur les trente-cinq heures à la fin d’août), le premier ministre, Manuel Valls avait réitéré, dimanche 20 septembre, sa confiance à son ministre de l’économie.

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A l’évocation de la réforme du code du travail, Mme Aubry s’agace. « Je prône une modernisation. Oui, il y a des réformes à faire. Mais quand j’entends dire que la complexité du code du travail empêche l’emploi, c’est faux ! Si le code du travail est complexe, je conseille d’aller lire le code fiscal… Encore un nouveau travail pour M. Macron. »

Martine Aubry souhaite la mise en place d’une « carte vitale » de la formation professionnelle liée au compte épargne-temps : il faut « des protections et des libertés individuelles pour les salariés ».

Sur l’économie : « Passer à la redistribution »

Sur le plan économique, la maire de Lille exhorte le gouvernement à aller plus loin :

« Après trois ans d’effort, il faut passer à la redistribution. Je prône une réforme d’ensemble, comme Jean-Marc Ayrault. Avec un impôt citoyen qui regroupe la CSG et l’impôt sur le revenu pour un système plus juste et plus efficace. »

Et pour les 20 milliards d’euros qu’il reste à distribuer aux entreprises dans le cadre du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), elle recommande de cibler les entreprises. « Un beau chantier pour MM. Sapin et Macron. »

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Discrète dans les médias, l’ancienne ministre du travail ne cache pas s’être exprimée à plusieurs reprises dans le cercle privé :

« Il reste deux ans pour réussir. Il faut booster la croissance et l’emploi. Et ce ne sont pas les gauchos du PS qui le disent. »

Sur le PS : « Je n’ai jamais joué contre mon camp »

Martine Aubry espère toujours un virage à gauche du gouvernement. Au congrès du Parti socialiste, regrette-t-elle d’avoir signé la motion A, « légitimiste », portée par le premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, et le premier ministre, Manuel Valls, plutôt que de soutenir les frondeurs ?

« Si c’était à refaire, je le referais immédiatement. Je ne les ai pas rejoints : ce sont eux qui m’ont rejointe. Si je n’y étais pas allée, le texte aurait été très différent. On aurait été minoritaires, on aurait dit la démocratie a parlé, circulez, y a rien à voir. »

Peut-être n’a-t-elle pas été comprise par tout le monde lorsqu’elle a signé cette motion, reconnaît-elle, mais elle assume :

« Je n’ai jamais joué contre mon camp, je veux que le président réussisse. »

Sur les régionales : « Décision réfléchie de ne pas être candidate »

Alors que la maire de Lille s’apprête à lancer, ce week-end, les festivités de Renaissance, manifestation culturelle organisée dans le cadre de Lille 3000, elle estime ne pas avoir besoin de « renaître » politiquement.

« Je ne suis jamais partie. Il y a trois mois, tout le monde disait que j’étais finie. Aujourd’hui, à l’approche des régionales, il faudrait que j’aille me présenter dans les treize régions. »

Et, non, elle n’ira pas croiser le fer avec Marine Le Pen et Xavier Bertrand aux régionales en Nord - Pas-de-Calais - Picardie. Même si les sondages donnent la gauche perdante.

« C’est une décision réfléchie de ne pas être candidate. Je suis contre le cumul. Et Pierre [de Saintignon] connaît la région comme sa poche. Pas moi. Je connais Lille et sa métropole. Pierre, c’est le meilleur candidat. Il n’y a aucun doute. »

Pour ces élections régionales, l’ancien ministre des transports Frédéric Cuvillier doit annoncer officiellement, samedi, qu’il sera tête de liste PS dans le département du Pas-de-Calais. « Une très bonne nouvelle », commente Martine Aubry.

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