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Le 9 mai dernier, il annonçait, tout sourire, dans Corse-Matin sa présence sur la liste de Paul Giacobbi pour les élections territoriales. Henri Malosse, alors à la tête du Comité économique et social européen, avait même fait le choix de mettre entre parenthèses ses fonctions à Bruxelles pour retrouver l'île de beauté, pensant sûrement trouver sur la liste du patron de l'exécutif le gîte et le couvert. Sauf qu'une brouille de dernière minute est venue contrarier le plan.
Jeudi 8 octobre, alors que Paul Giacobbi dévoile à Corte les 51 noms de sa liste "Prima a Corsica" (D'abord la Corse), à la surprise générale, Henri Malosse est évincé. Selon le président de l'exécutif, l'intéressé aurait joué les divas en refusant une septième place qu'il jugeait trop incertaine. Du coup, Henri Malosse, qui vient d'achever son mandat à la tête de l'institution européenne et qui comptait se recycler en Corse, se retrouve hors jeu.
Mais, selon lui, les raisons de sa mise au ban du camp giacobbiste sont ailleurs : "Lorsque nous avions discuté du programme, des idées et de la vision de la Corse, les conversations m'ont séduit. Mais lorsqu'il s'est agi de constituer la liste, ce n'était plus la même chose. Elle n'était pas dirigée par lui, mais par son conseiller qui cherchait à savoir combien de voix avait le maire de tel village ou de tel autre."
L'homme du président
Ce "conseiller", c'est Mimi Viola. En Corse, on a pris l'habitude de le classer au rang des "hommes de l'ombre" qui officient au plus près de Paul Giacobbi. Il fait partie de la garde rapprochée, très restreinte, qui n'a pas besoin de frapper pour entrer dans le bureau du patron de la région. Si son nom n'apparaît dans aucun organigramme de la Collectivité territoriale de Corse, il a été cité dans Les Parrains corses (Fayard, 2004) au chapitre "Un proche de la Brise de mer près de Paul Giacobbi".
Henri Malosse n'en revient toujours pas. "Paul Giacobbi m'avait présenté une démarche d'ouverture, qui n'avait rien à voir avec du clientélisme et de l'électoralisme. Pour ma part, en tant qu'ancien président de la cinquième institution de l'Europe, j'ai la faiblesse de croire que je peux apporter quelque chose à cette île. Je suis tombé de haut lorsque j'ai retrouvé tous les vieux démons de la Corse, les clans, les familles, les avantages aux maires des communes qui votent pour vous. Comme si les voix appartenaient aux élus. Ce sont des pratiques d'un autre âge. Pour moi, c'était un retour au XVIIIe siècle. On m'avait prévenu, mais je ne le croyais pas. Je pensais que Paul Giacobbi était sorti de tout ça…"
"La gangrène du clientélisme"
Mais, au royaume de la Giacobbie, qui a privilégié "l'effet maires" avec une vingtaine de premiers magistrats sur sa liste, c'est le réservoir de voix qui prime. Henri Malosse n'en a pas dans ses poches. Et les idées ne garantissent pas des bulletins de vote. Pourtant, en dépit de son éviction, entre amertume et déception, l'européiste ne compte pas baisser les bras.
Malgré tout, il entend s'impliquer dans la campagne des territoriales, avec une conviction "renforcée", dit-il, celle que "le poids du clientélisme est un obstacle à un véritable développement de la Corse". Ce qui n'avait pas l'air d'alerter Henri Malosse avant qu'il ne soit débarqué du camp giacobbiste. Aujourd'hui, mis à l'écart, il considère que "le système est gangrené". "Ici, les citoyens deviennent des obligés, comme les maires, pour une place ou une subvention. C'est un sujet pour lequel je veux m'impliquer, car je l'ai touché du doigt."
Une manière de dire qu'il devrait se recycler sur une autre liste ? Pour l'heure, la question reste sans réponse. Mais, au regard de la brouille avec la Giacobbie, l'européiste pourrait vite devenir encombrant dans une perspective d'alliance de deuxième ou de troisième tour avec le patron de l'exécutif. "Si vous êtes off de l'équipe Giacobbi, c'est difficile d'exister politiquement", commente un proche du président de la région. Quoi qu'il en soit, une chose est sûre : Henri Malosse figurera bien sur la liste – de plus en plus longue – des chantres de "l'antisystème".
Le clientèlisme et la tambouille politique, ça lui allait très bien tant que sa place lui semblait assurée sur la liste ! Mais dés que ça se retourne contre lui, il se met à pleurnicher !
Non, pas possible?!?! C'est un scoop ça...