Alice Sapritch

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Alice Sapritch
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Alice Sapritch. Studio Harcourt, 1944.
Nom de naissance Alice Sapriç
Naissance
Ortaköy, Empire ottoman
Nationalité Drapeau de l'Empire ottoman Ottomane
Drapeau de la France Française
Décès (à 73 ans)
6e arrondissement de Paris (France)
Profession Actrice
Chanteuse
Films notables La Folie des grandeurs
Vipère au poing
L'Affaire Marie Besnard

Alice Sapriç, francisé Sapritch, née le à Ortaköy (Empire ottoman, actuelle Turquie) et morte le à Paris VIe, est une actrice et chanteuse française d'origine arménienne.

Biographie[modifier | modifier le code]

D'origine arménienne[1], Alice Sapritch passe son enfance à Istanbul. La famille Sapriç (graphie originale du nom) connaît de gros problèmes financiers dus aux dettes de jeu de son père, professeur de français à Istanbul. Elle qualifie son enfance de malheureuse[2] et dira : « Je n'aime pas l'enfant que j'ai été. Mon enfance n'a rien à voir avec la femme que je suis devenue. Je n'accepte pas de m'en souvenir[3]. » À 6 ans, elle quitte la Turquie pour aller vivre chez sa grand-mère à Bruxelles avant de gagner seule, à l'âge de 16 ans, Paris où elle est modèle pour peintres, notamment pour Charles Despiau[3]. Elle entre au Cours Simon, puis, en 1939, au Conservatoire national supérieur d'art dramatique[4], dans la classe de Madame Dussane[5], où elle reçoit en 1941 un second accessit de tragédie au concours[6]. Son premier rôle sera celui de la reine Gertrude dans Hamlet de Shakespeare. Elle montre une certaine aisance dans des pièces en costumes.

Pendant la guerre, elle fréquente l'écrivain d'extrême droite Robert Brasillach, qui sera fusillé en 1945 pour intelligence avec l'ennemi[7],[8]. À la fin de l'Occupation, elle rencontre Guillaume Hanoteau[9], et l’épouse en 1950. Les époux divorcent en 1972[10].

L'année 1950 marque ses débuts au cinéma : elle tourne cette année-là Le Tampon du capiston, dont son mari a écrit le scénario. On la retrouvera dans Le Crime du Bouif (1952), puis, aux côtés d'Yves Montand, dans Premier mai (1958). Elle enchaîne les petits rôles dans des films de Claude Autant-Lara (Le Joueur, également en 1958), Robert Hossein (Les Scélérats, 1959), Gérard Oury (La Menace, 1960), Jean Cocteau (Le Testament d'Orphée, 1960) et François Truffaut (Tirez sur le pianiste, 1960), mais elle ne rencontre pas la notoriété espérée.

En 1959, André Frank, responsable des émissions dramatiques à la télévision, lui suggère de faire de la télévision. Commence alors une carrière à la télévision qui lui apportera le succès et la notoriété et lui fera dire : « Ma vie ne commence qu'avec la télévision[3]. » Elle joue dans de nombreuses adaptations télévisées : Tous ceux qui tombent, Mathilde, La Cousine Bette, d'après Balzac, Destins, d'après Mauriac (1965), La Bonifas, d'après Jacques de Lacretelle (1968), Le Chevalier des Touches, d'après Jules Barbey d'Aurevilly (1966), Le Curé de village, d'après Balzac (1968), Vipère au poing, d'après Hervé Bazin.

Au cinéma, le succès finit par arriver en 1971, à l'âge de cinquante-cinq ans, lorsqu'elle impressionne le public en incarnant la duègne qui tente de séduire Yves Montand dans La Folie des grandeurs, le quatrième plus gros succès de Gérard Oury[11]. Elle y rivalise avec Louis de Funès (déjà croisé dans Sur un arbre perché) et Yves Montand.

Malgré ces prestations remarquées, elle enchaîne dans les années 1970 les rôles dans des comédies qualifiées de nanars[2]. Elle rejoint l'équipe de Michel Gérard, adepte du genre, accompagné de son coscénariste Vincent Gauthier et du duo Michel Galabru et Paul Préboist dans Les Joyeux Lurons en 1972 puis Les Vacanciers en 1974.

Dans Le Führer en folie de Philippe Clair, où l'issue de la Seconde Guerre mondiale se joue lors d'un match de football, elle joue le rôle d'Eva Braun.

Viennent ensuite Gross Paris de Gilles Grangier en 1973, Le Plumard en folie de Jacques Lemoine en 1974 et Drôles de zèbres, l'unique film réalisé par Guy Lux. Elle continue toutefois, pendant cette période, à interpréter des rôles tragiques au théâtre.

La comédienne en 1985.

Elle abandonne ce style de comédies à la française à la fin des années 1970 (sauf pour Adam et Ève en 1984) et redore un peu son blason à la fin de sa carrière grâce à son retour à des rôles dramatiques au cinéma, comme dans Les Sœurs Brontë d'André Téchiné (1979), ou à la télévision avec L'Affaire Marie Besnard en 1986, pour lequel elle reçoit un 7 d'or.

Son dernier rôle sera celui de Catherine de Médicis dans le téléfilm du même nom diffusé en 1989.

Elle enregistre un album en 1975 (réédité en 2003) et un 45 tours en 1986 : Slowez-moi. Elle écrit plusieurs ouvrages autobiographiques (Alice, Mes dîners en ville, Femme-public : ma vérité et Mémoires inachevés) et un roman (Un amour menacé 1973).

Claude Véga l'imite avec talent. Thierry Le Luron l'imite également beaucoup, ce qu'elle prend assez mal au début[12]. Dans les années 1980, elle participe régulièrement à l'émission des Grosses Têtes, où elle est la cible récurrente des moqueries de ses camarades sur son âge, et où elle lâche son lancinant et sensuel « T'occupe ! » Elle fait aussi preuve d'autodérision (« Avant, j'étais moche ») en tournant des spots publicitaires pour les produits d'entretien Jex Four, en 1983[13],[14].

Alice Sapritch compte parmi ses plus fidèles amis Jean-Louis Bory, auquel elle rend visite quasiment chaque dimanche alors qu'il se trouve en maison de repos à Montmorency, après la grave dépression qui le conduira à son suicide[réf. nécessaire].

Elle est également très proche de la communauté arménienne et participe à de nombreux rassemblements aux côtés de la diaspora.

Elle meurt d'un cancer le dans le VIe arrondissement[15] de Paris[16], à l'âge de 73 ans. Elle est incinérée au crématorium du cimetière du Père-Lachaise à Paris et ses cendres sont dispersées dans une rivière[17].

Filmographie[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Décoration[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Almanach de la télévision 1972 de Télé 7 jours, p. 12, portrait d'Alice Sapritch par Patrick Lefort : "La famille est d'origine arménienne, mais à la maison on ne parle que le français."
  2. a et b « Alice Sapritch : la biographie par Nanarland », sur nanarland.com (consulté le ).
  3. a b et c Almanach de la télévision 1972 de Télé 7 jours, p. 12, portrait d'Alice Sapritch par Patrick Lefort
  4. Le Petit Journal, 22 novembre 1939, p. 4 : "Les admissions aux classes dramatiques du Conservatoire"
  5. Almanach de la télévision 1972 de Télé 7 jours, p. 12, portrait d'Alice Sapritch par Patrick Lefort : "J"étais la dernière de la classe, avoue-t-elle. Dussane me snobait, me prenait pour un cancre. Je ne sais pas si ça tient à mes origines arméniennes, mais cet enseignement classique à la française ne me satisfaisait pas, me laissait sur ma faim."
  6. Paris-Soir, 8 juillet 1941, p. 2 : "Les Concours du Conservatoire"
  7. « Alice SAPRITCH », sur encinematheque.fr (consulté le )
  8. « Alice Sapritch », sur Babelio (consulté le )
  9. « Théâtre - Guillaume Hanoteau, Un jeune homme de bonne famille », sur regietheatrale.com (consulté le )
  10. L'Écho républicain de la Beauce et du Perche, 12 décembre 1971 : "L'actrice Alice Sapritch est venue hier au palais de justice de Paris, à l'occasion de sa demande en divorce. Elle s'est trouvée seule devant M. Regnault, vice-président du tribunal, qui l'a reçue dans son cabinet où il l'avait convoquée en vue d'une tentative de conciliation Son mari, le journaliste écrivain Guillaume Hanoteau, ne s'est pas présenté. Le magistrat a constaté la non-conciliation."
  11. Il s'agit d'un film devenu culte grâce au strip-tease que l'actrice exécute à la fin du film.
  12. Elle le lui reproche dans une émission des Grosses Têtes media.rtl.fr.
  13. « Jex Four : Avant J'étais Moche, avec Alice Sapritch », sur La Maison de la Pub (consulté le )
  14. « Jex Four : Le Mahari, avec Alice Sapritch », sur La Maison de la Pub (consulté le )
  15. Institut national de la statistique et des études économiques, « Fichier des décès - années 1990 à 1999 » [zip], sur www.insee.fr
  16. « Alice Sapritch », sur Evene.fr (consulté le ).
  17. Cimetières de France et d'ailleurs
  18. Matthieu Galey, Journal T02 1974-1986, Grasset, , 432 p. (ISBN 978-2-246-40269-5, lire en ligne)

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]