Jacques Chancel

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Jacques Chancel
Jacques Chancel en 1996.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Joseph André CrampesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
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Taille
1,75 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions

Jacques Chancel, né Joseph André Crampes le à Ayzac-Ost (Hautes-Pyrénées) et mort le à Paris 16e[1], est un journaliste et écrivain français.

Il est notamment, à la radio et durant vingt-deux ans, l'animateur de l'émission quotidienne Radioscopie sur France Inter, mais aussi, à la télévision et durant dix-sept ans, l'animateur de l'émission télévisée Le Grand Échiquier sur Antenne 2, grand rendez-vous mensuel mêlant variété populaire et culture exigeante.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Jacques Chancel, né Joseph Crampes, est le fils d'Auguste Crampes, artisan entrepreneur escaliériste[2] d'Ost, et de Marie-Thérèse Bourdette[3]. La famille maternelle de Joseph Crampes vient d'Aubisque et sa famille paternelle de Salles, les deux familles étant originaires du Lavedan, en Bigorre. Joseph fait ses études au collège de Saint-Pé-de-Bigorre, à l'institution Jeanne-d'Arc de Tarbes et au lycée Victor-Duruy à Bagnères-de-Bigorre[3].

Enfant, il rêve de rejoindre l'Indochine, où un oncle aventurier dresse des éléphants et dirige une plantation de caoutchouc[4].

Il revendique être né en 1931, une modification de son instituteur l'ayant vieilli de trois ans sur ses papiers d'identité pour lui permettre d'entrer à l'École des transmissions de Montargis et de partir en Indochine[5]. Affecté comme correspondant à la radio de Saïgon, Joseph Crampes change son nom en Jacques Chancel, à la demande des services de sécurité[6].

Carrière[modifier | modifier le code]

Jacques Chancel devient correspondant de guerre à dix-sept ans, pour Radio France Asie[7]. Son oncle qui fut inspecteur général des Forêts en Indochine française pendant quarante ans, le recommanda à William Bazé, président de l'Association des orphelins eurasiens, qui possède des singes domestiques et des éléphants et fréquente l'empereur Bảo Đại.

À Saïgon, à l'Hôtel Continental, il rencontre Lucien Bodard, Max Clos, Jean Lartéguy, fréquente les fumeries d'opium et les casinos de Cholon, des sectes mafieuses — les Bình Xuyên, dont le gourou Lê Văn Viễn (en) — et Pierre Schoendoerffer[8]. Il parcourt ensuite, de 1950 à 1958, tout le Sud-Est asiatique pour Paris Match et termine ses études de droit entre Saïgon et Pékin[3].

En 1952, il se trouve avec des officiers dans une Jeep, qui saute sur une mine. Il tombe dans le coma et perd la vue pendant sept mois. Il écrit dans La Nuit attendra, « J'ai toujours été handicapé par cette mémoire, j'avais comme une honte et je ne pouvais pas en parler, c'est pour cela que j'ai attendu si longtemps pour le faire »[9].

Il fait par la suite une carrière dans la presse écrite, en 1956 comme rédacteur à Télé Magazine, puis en 1958 à Paris-Journal, devenu Paris Jour, dont il est le directeur des services parisiens de 1959 à 1972.

En 1967, il dirige aux Éditions Julliard la collection « Idée fixe », sous la direction de Marcel Jullian[3] et publie cent vingt livres dont Les Moins de seize ans de Gabriel Matzneff en 1974. L'écrivain a rédigé un article dans Le Figaro littéraire, « Jacques Chancel ou le torero socratique »[10] avant qu'il décide de l'inviter trois fois dans Radioscopie, en 1969, en 1973 puis en 1981. Le livre sera réédité aux Éditions Léo Scheer.

En 1968, il crée sur la radio France Inter l'émission Radioscopie[11] qu'il présente vingt années durant jusqu'en 1982, puis de 1988 à 1990, soit 2 878 émissions[7]. Dans la foulée des événements de mai, il ouvre largement les portes de son émission à des auteurs venant d'horizons variés comme Jean-Paul Sartre, Raymond Aron ou même Lucien Rebatet et Georges de Nantes[12],[13].

En 1982, Radioscopie est interrompue dans le cadre des modifications des programmes faisant suite au changement politique survenu l'année précédente. Elle reprendra en 1988.

Viendront ensuite d’autres programmes, dont Figures de proue chaque dernier dimanche du mois.

Après avoir créé Grand Amphi de 1971 à 1972[14], il anime son émission la plus célèbre, Le Grand Échiquier, de 1972 à 1989[15].

Après l'éclatement de l'ORTF, il devient le conseiller spécial de Marcel Jullian[16],[17].

En 1971, il est invité dans l'émission Italiques pour présenter la publication de onze de ses six cent soixante entretiens de Radioscopie chez Robert Laffont. Il demande à Jean-Michel Folon, qui a créé le générique animé de l'émission littéraire et celui du Grand Échiquier pour une émission spéciale, de lui faire un générique d'ouverture et fermeture d'antenne pour la chaîne Antenne 2 dont Chancel participe à la création ; le générique est diffusé entre 1975 et 1983, sur une mélancolique cantilène pour hautbois et orchestre composé par Michel Colombier.

En 1982, il fait une seule et unique apparition cinématographique dans La Boum 2, de Claude Pinoteau.

Jacques Chancel (à g.) et son invité Jacques Rigaud sur le plateau de l'émission Lignes de mires (France 3), le 12 avril 1996.

Passionné par le vélo et plus particulièrement par le Tour de France[7] qu'il suit 35 fois, Jacques Chancel anime, de 1985 à 1989, chaque mois de juillet l'émission À chacun son tour sur Antenne 2, en direct à la fin de chaque étape.

À partir de 1989[7], il arrête la présentation de ses émissions et devient directeur des programmes, puis directeur de l'antenne de la chaîne France 3 jusqu'en 1998[9]. Cependant, de 1994 à 1998, il présente sur la même chaine le magazine sur les médias Lignes de mire[3].

En 2003, il est approché par Bertrand Meheut et devient administrateur du groupe Canal+ et conseiller pour I-Télé[7]. Il est aussi membre du Haut Conseil de la francophonie.

Le , il apparait dans l'émission Tout le monde en parle sur France 2 et déclare garder un souvenir impérissable de l'opium[réf. nécessaire].

En 2011, il s'en prend sévèrement aux producteurs de télévision qui n'ont d'autre originalité que de piller l'héritage de l'INA à leur avantage : « [ils] les mettent [les archives] bout à bout ! Et ils ont le culot de signer ! Ils ne font pas de la télévision, ils font du fric ! »[18] et, en 2012, s'élève sur la chaîne KTO contre les religions, qui selon lui, produisent les guerres[19].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Jacques Chancel se marie le à Jacqueline Moreau (morte en 2015) ; il en divorce puis se remarie avec Martine Labrosse-Vignau[20], née le 20 octobre 1950. Il adopte ses deux enfants, Gauthier (né en 1973) et Marie-Alix (née en 1975)[3],[7].

Dans les années 1960, il achète le château de Miramont à Adast[21].

Décès[modifier | modifier le code]

Jacques Chancel meurt le , à Paris[22],[23] des suites d'un cancer[24],[25]. Il est inhumé le dans la crypte de la chapelle du château de Miramont[26].

Citations[modifier | modifier le code]

Pour ce passionné de culture classique qui a aimé la faire partager au plus grand nombre : « Il ne faut pas donner au public ce qu'il a envie de voir, mais ce qu'il pourrait aimer[7]. »

"D'abord je veux essayer de comprendre et en essayant de comprendre, j'ai des chances de pouvoir aimer..." Essence de toutes ses émissions.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Bilans artistique et médiatique[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Essais[modifier | modifier le code]

  • L'Eurasienne, éditions Catinat, Saïgon, 1950.
  • Mes rebelles, éditions Catinat, Saïgon, 1953.
  • Le temps d'un regard, Hachette Littérature, 1978, Prix de l'Académie française.
  • Tant qu'il y aura des îles, Hachette Littérature, 1980, prix des Maisons de la Presse ; nouv. éd. Le Rocher, 2004.
  • Le Livre des listes, écrit en collaboration avec Marcel Jullian, Olivier Orban, 1980.
  • Franchise postale, écrit en collaboration avec Marcel Jullian, Mazarine, 1983.
  • Le guetteur de rives, journal, Grasset, 1985.
  • Le Livre franc, Actes Sud, 1986.
  • Le désordre et la vie, journal, Grasset, 1991.
  • Le Journal d'un voyeur, journal, Grasset, 1997.
  • L'or et le rien, journal, Plon, 1999, Prix Vérité 1999 de la ville de Le Cannet.
  • Fugacités, Plon, 2001.
  • Nouveau siècle : Journal 1999-2002, Le Rocher, 2003.
  • Il fera bleu : journal 2002-2005, Le Rocher, 2005.
  • Le Prince ou Le Festin des fous, XO éditions, 2006.
  • Les années turbulentes 2005-2007, Plon, 2007.
  • L'inachevé, Séguier, 2009.
  • N'oublie pas de vivre, Journal 2007-2010, Flammarion, 2011.
  • Dictionnaire amoureux de la télévision, Plon, 2011.
  • La nuit attendra, Flammarion, 2013[30].
  • Pourquoi partir ? Journal 2011-2014, Flammarion, 2014.

Anthologie[modifier | modifier le code]

  • La Mémoire de l'encre, les 365 plus belles pages de la littérature française, Édition 1, 2001.

Entretiens[modifier | modifier le code]

Album illustré[modifier | modifier le code]

  • Le Guide de l'enfant, Nathan, 1975.
  • Le Grand Échiquier, Le Chêne, 1983.
  • Le Tour de France d'antan : Les pionniers de la grande boucle, HC éditions, 2013.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Animateur de télévision[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Menuisier qui fabrique des escaliers, compagnon du Devoir.
  3. a b c d e et f Jacques Lafitte et Stephen Taylor, Qui est qui en France, Jacques Lafitte, , p. 516.
  4. Jean-Paul Billo, « Les conversations fécondes de Jacques Chancel », sur France Bleu.fr, .
  5. Marie Martin, « Jacques Chancel est mort », sur francetvinfo.fr,
  6. Pierre Matthieu, « Jacques Chancel. « J'ai été vieux trop tôt » », sur La Dépêche.fr,
  7. a b c d e f et g Jérôme Béglé, « Jacques Chancel Monsieur “Radioscopie”, coupe le micro », Le Point.fr, 23 décembre 2014.
  8. « Jacques Chancel se souvient de l'Indochine », Astrid de Larminat, Le Figaro.fr, 4 décembre 2013.
  9. a et b « Mort de l'écrivain et journaliste Jacques Chancel », Jean-Baptiste de Montvalon, Le Monde.fr, 23 décembre 2014.
  10. Pourquoi partir ?: Journal 2011-2014, de Jacques Chancel.
  11. « Radio France, France Inter. Archives papier des émissions de Jacques Chancel Radioscopie, Parenthèse, Quotidien pluriel 1971-1990 », archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le 23 août 2018).
  12. « Radioscopie: Entretien de l'abbé de Nantes avec Jacques Chancel », sur crc-resurrection.org (consulté le )
  13. « HOMMAGE – Regarde les hommes changer avec Jacques Chancel », Europe 1.fr, 23 décembre 2014.
  14. « Grand amphi - L'Encyclopédie des émissions TV », sur Toutelatele.com (consulté le )
  15. « Le Grand échiquier - L'Encyclopédie des Émissions TV », sur Toutelatele.com (consulté le )
  16. Hommage à Jacques Chancel, Europe 1.
  17. « L'écrivain et journaliste Jacques Chancel est mort à l'âge de 86 ans », Anne Demoulin, 20 Minutes.fr, 23 décembre 2014.
  18. « Jacques Chancel dégomme la télé d'aujourd'hui », Julien Bellver, Ozap.com, 30 mars 2011.
  19. Jacques Chancel, KTO.
  20. Martine Labrosse-Vignaud
  21. « L’homme de télévision Jacques Chancel, originaire des Hautes-Pyrénées, est mort », La Dépêche.fr, 23 décembre 2014.
  22. Il est souvent fait mention, à tort, du 23 dans la presse. Voir l'avis publié par sa famille dans Le Figaro.
  23. Mathilde Laurelli, Anaïs Giroux, Géraldine Dormoy et Ulla Majoube, « Les stars mortes en 2014 », sur lexpress.fr,
  24. Jacques Chancel est mort, Le Figaro
  25. « Jacques Chancel, passeur de culture sur les ondes, s'est éteint » dépêche AFP publiée le 23 décembre 2014 par le site ladepeche.fr
  26. Andy Barréjot, « Les adieux à Jacques Chancel », sur ladepeche.fr, .
  27. Décret du 11 juillet 2008 publié au JORF du 13 juillet 2008.
  28. Décret du 14 mai 1994 portant promotion et nomination
  29. Archives des nominations et promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres.
  30. Jacques Chancel se souvient de l'Indochine - Astrid de Larminat, Le Figaro, 4 décembre 2013

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Martine Chancel, Les années Chancel, Flammarion, 2015, 200 pages.

Liens externes[modifier | modifier le code]