Jean-Luc Schaffhauser

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Jean-Luc Schaffhauser
Illustration.
Jean-Luc Schaffhauser en 2014.
Fonctions
Conseiller municipal de Strasbourg

(6 ans, 2 mois et 23 jours)
Élection 30 mars 2014
Maire Roland Ries
Député européen

(5 ans)
Élection 25 mai 2014
Circonscription Île-de-France
Législature 8e
Groupe politique NI (2014-2015)
ENL (2015-2019)
Biographie
Date de naissance (68 ans)
Lieu de naissance Cambrai (France)
Nationalité Française
Parti politique Indépendant / RBM

Jean-Luc Schaffhauser, né le à Cambrai (Nord), est un homme politique français. Proche du Rassemblement national, il est député européen de 2014 à 2019 et entretient des liens avec la Russie de Vladimir Poutine.

Biographie[modifier | modifier le code]

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Ancien professeur de philosophie auxiliaire (IPES), ancien cadre territorial, Jean-Luc Schaffhauser a d'abord été un militant écologiste, puis il s'est rapproché de Marcel Rudloff[réf. nécessaire]. Il a été un collaborateur de Bernard Stasi, puis de Marcel Rudloff[1]. Devenu consultant sur les questions stratégiques européennes, il a travaillé entre 2000 et 2008 pour Dassault Aviation.[réf. nécessaire]

Candidat MRP (parti créé par Jean-Luc Schaffhauser, sans lien avec le MRP historique) aux élections législatives à Strasbourg 1 en 2007, il obtient un score de 0,6 %. Jean-Luc Schaffhauser rejoint ensuite le Rassemblement bleu Marine par l'intermédiaire de Bernard Monot[2] sans prendre pour autant sa carte au Front national.

Il est désigné par le FN pour mener la liste aux élections municipales 2014 de Strasbourg[3] — en remplacement d'André Kornmann[4]. Les anciens colistiers d'André Kornmann sont cependant maintenus. Jean-Luc Schaffhauser est élu conseiller municipal d'opposition et conseiller communautaire en mars 2014, la liste réunissant 10,94 % des suffrages au premier tour et 8 % au second tour[5].

Bien qu'élu municipal à Strasbourg il est en troisième position sur la liste « Front national – Rassemblement Bleu Marine » en Île-de-France pour les élections européennes 2014. Il est élu député européen le [6]. Le , il prend la tête de la Fondation pour une Europe des nations et des libertés (FENL), dont il démissionne en mars 2018 en dénonçant une gestion financière verrouillée par un consultant proche de Marine Le Pen[7]. Il ne brigue pas un nouveau mandat aux élections européennes de 2019.

Il se présente, en candidature indépendante, dans la deuxième circonscription des Vosges lors des élections législatives de juin 2022 en affirmant, entre autres, dans sa déclaration de candidature : « que la finance veut la guerre en Ukraine »[8].

Prises de position[modifier | modifier le code]

Jean-Luc Schaffhauser siégeant au Parlement européen de Strasbourg le 1er juillet 2014.

Dans son programme de 2014 pour les élections municipales de Strasbourg, Jean-Luc Schaffhauser propose entre autres de baisser les impôts locaux, de favoriser l'automobile grâce à la gratuité du stationnement urbain, de faire travailler les allocataires du RSA sur les chantiers, de supprimer les menus halal dans les cantines scolaires et de réserver les prestations sociales aux Français qui sont là depuis « longtemps »[9]. Au Parlement européen, il rejette lors des séances de vote toute interdiction ou restriction de la culture d'OGM par les États membres, refuse la reconnaissance de l'État palestinien et s'oppose à une résolution appelant à un règlement pacifique du conflit entre Israël et la Palestine[réf. nécessaire]. Après l'élection présidentielle de 2017, il se dit « pour l’euro, il nous oblige à nous concerter et à mener des politiques communes », sans exclure un retrait de la zone euro « en cas d’échec »[10].

Liens avec la Russie[modifier | modifier le code]

Jean-Luc Schaffhauser a vécu en Russie et en Pologne. Il fut membre du comité directeur de l'Union paneuropéenne de France et fondateur de l'association Rhin-Volga[11]. Proche de l'Opus Dei[12],[13], il œuvre à partir de 1991 pour un rapprochement entre le Vatican, la Russie et l'Église orthodoxe ; il indique que cette initiative lui a été demandée par Rocco Buttiglione, ami de Jean-Paul II. Il affirme par ailleurs que c'est l'économiste russophile Jacques Sapir qui « [(l'a)] beaucoup aidé dans [(ses)] premiers contacts en Russie, liés au système militaro-industriel, au milieu des années 1990 »[2]. Mediapart présente ainsi ses assistants parlementaires : « Pierre-Yves Rougeyron, président du Cercle Aristote et propagandiste pro-russe ; Nicolas de Lamberterie, ex-représentant en France d'un mouvement identitaire hongrois proche du Jobbik ; et le Polonais Marek Klukowski, membre de son Académie européenne, tournée vers la Russie »[14].

Il assiste en tant qu'« observateur » et « à titre personnel » aux élections organisées par les séparatistes du Donbass (Ukraine) le week-end du (étant passé par la Russie), en compagnie de diverses autres personnalités européennes d'extrême droite et communistes[15],[16].

D'après Abel Mestre, journaliste au Monde, il est « l'un des dirigeants de l'Académie européenne, sorte de fondation œuvrant au rapprochement avec la Russie et qui défend une Union européenne aux antipodes de l'Europe des nations voulues par Mme Le Pen »[17].

Il aurait perçu entre 100 000 et 450 000 euros pour avoir obtenu pour le FN un prêt avoisinant les 10 millions d'euros auprès d'une banque russe, la First Czech Russian Bank (FCRB)[18]. Cette banque est contrôlée par Roman Iakoubovitch Popov, ancien cadre bancaire de l'État russe[19].

À la suite de la révélation de son rôle d'intermédiaire auprès d'une banque russe, le Parlement européen a lancé en décembre 2014 une vérification de sa déclaration d'intérêts, procédure qui peut mener à une enquête parlementaire et à des sanctions[20]. Jean-Luc Schaffhauser s'est déclaré victime d'une cabale orchestrée par le Parlement à cause de sa russophilie. Dans sa déclaration d'intérêt remaniée en décembre 2014[21], il indique avoir perçu plus de 10 000  brut par mois à titre de consultant international jusqu'en juin 2014, et percevoir une indemnité mensuelle de 1 500  en tant que conseiller municipal et communautaire mais maintient n'avoir reçu aucun versement d'une banque russe.

En février 2024, une enquête du Monde révèle que la DGSI surveille son projet de création d'une liste européenne avec diverses personnalités d’extrême droites pro-Poutine nommé Forum vérité et justice pour la paix[22]. Les services du contre-espionnage s'intéressent à sa proximité avec Valery Lvitski[22], consul général de Russie et expulsé pour espionnage en 2018, ainsi qu'à ses liens avec Ilia Soubbotine[Qui ?] à qui il a loué une partie de sa résidence de Strasbourg[23].

Enquête du parquet national financier[modifier | modifier le code]

Le parquet national financier (PNF) ouvre en 2020 une enquête sur les commissions perçues par Jean-Luc Schaffhauser en marge de deux prêts obtenus par le Front national auprès de banques russes en 2014 et en 2017. Il confirme avoir « travaillé pour ces deux prêts » et avoir « été rémunéré » pour cela : « J’étais consultant pour monter des opérations de ce type-là pendant 30-40 ans, j’ai continué mon travail, déclaré au Parlement, le même travail que je faisais auparavant »[24].

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « LesBiographies.com », sur www.lesbiographies.com (consulté le ).
  2. a et b Agathe Duparc, Karl Laske et Marine Turchi, « Argent du FN: les hommes de la filière russe », Mediapart, 8 décembre 2014.
  3. « Jean-Luc Schaffhauser ira sous l'étiquette Bleu Marine », sur 20minutes.fr, .
  4. « A Strasbourg, le FN imposera la punition dans les écoles », sur dna.fr, .
  5. « Résultats des élections municipales à Strasbourg », sur linternaute.com.
  6. « Européennes en Île-de-France : match serré entre le FN et l'UMP », sur leparisien.fr, .
  7. Marine Turchi, « Sur fond de scandale financier, le président d’une fondation du FN démissionne », Mediapart,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. David Henry, « Jean-Luc Schaffauser ex député européen candidat dans la deuxième-circonscription », sur Vosgesmatin.fr, .
  9. « Jean-Luc Schaffhauser dans la ligne bleu marine », sur rue89strasbourg.com, .
  10. Romain Houeix, « Le Front national se fracture autour de l'euro », sur france24.com, (consulté le ).
  11. « Jean-Luc Schaffhauser, désormais un des « personnages clés » des connexions russes du FN ? », sur www.dna.fr, (consulté le ).
  12. « Prêt russe au RN : Marine Le Pen nie toute contrepartie politique à Vladimir Poutine », sur lejdd.fr, (consulté le )
  13. « Rillettes, LinkedIn, Opus Dei : comment les ingérences étrangères se matérialisent en France », Sud-Ouest,‎ (ISSN 1760-6454, lire en ligne, consulté le )
  14. Marine Turchi, Au Front national, le lobbying pro-russe s'accélère, Mediapart, 18 décembre 2014.
  15. « Ukraine: les élections dans l’Est se préparent », sur Radio France internationale, .
  16. Jean-François Gérard, « Jean-Luc Schaffhauser observateur des élections des séparatistes ukrainiens dimanche », (consulté le ).
  17. Abel Mestre, Marine Le Pen justifie le prêt russe du FN, Le Monde, 23 novembre 2014.
  18. « Emprunt russe du FN : la structure intermédiaire a touché 140 000 euros », sur lefigaro.fr, .
  19. « Financement du Front national : Marine Le Pen en eau rouble », sur liberation.fr, .
  20. « Le Parlement Européen s'intéresse à J.L.Schaffhauser », sur dna.fr, .
  21. « Déclaration d'intérêts », sur europarl.europa.eu.
  22. a et b Jacques Follorou, « Contre-espionnage : la DGSI enquête sur une tentative de déstabilisation des élections européennes par des prorusses en France », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  23. Frédéric Abela, « DOSSIER. Le Rassemblement national accusé de faire le jeu de la Russie en France, les révélations chocs de l'enquête du Washington Post », La Dépêche,‎ (lire en ligne)
  24. Un ancien eurodéputé RN visé par une enquête liée à deux prêts consentis au RN, Ouest-France, 13 janvier 2021.

Liens externes[modifier | modifier le code]