Ninotchka

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ninotchka
Description de l'image Ninotchka (1939 poster - Style D).jpg.
Réalisation Ernst Lubitsch
Scénario Melchior Lengyel, Charles Brackett
Billy Wilder, Walter Reisch
Acteurs principaux
Sociétés de production MGM
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Comédie romantique, espionnage
Durée 110 minutes
Sortie 1939

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Bande-annonce
Melvyn Douglas

Ninotchka est un film américain réalisé par Ernst Lubitsch, sorti en 1939. C'est une comédie romantique et une satire politique. Greta Garbo y campe une commissaire politique soviétique incorruptible qui, quand elle rencontre le séduisant et corrupteur comte d'Algout (Melvyn Douglas) à Paris, voit ses convictions mises à rude épreuve.

Ninotchka est le fruit de la rencontre de deux maîtres du cinéma, tous deux d'origine juive germanique : Samuel Wilder qui, fuyant le nazisme, a pris le prénom de Billy et qui apporte le scénario[1] à Ernst Lubitsch. Et la fameuse « Lubitsch touch » en fait un chef-d'œuvre du 7e Art.

Il reçoit un accueil enthousiaste à sa sortie. En 1990, il est inscrit au National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Trois agents du ministère soviétique du commerce, Iranoff, Buljanoff et Kopalski, sont envoyés à Paris pour vendre un lot de 40 bijoux confisqués à des aristocrates pendant la révolution russe pour acheter des machines agricoles. Ils font la connaissance du sympathique comte Léon d'Algout. Ils ignorent que celui-ci est payé (de différentes façons...) par la Grande Duchesse Swana, russe blanche immigrée à Paris, pour récupérer ses bijoux qui font partie du lot. Le comte distrait les trois émissaires en leur faisant goûter aux « charmes décadents » du capitalisme. Mais l'Union Soviétique dépêche Ninotchka Yakouchova, communiste dogmatique et inflexible pour reprendre les choses en main. Elle trouve sur son chemin le comte d'Algout, bien décidé à lui mettre des bâtons dans les roues. Elle éprouve la plus vive aversion pour cet oisif corrompu. Il est tout à fait impossible dans ces conditions qu'une idylle se noue entre eux... Théoriquement...

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Acteurs non crédités

Commentaire[modifier | modifier le code]

Lancé par le slogan « Garbo rit » (Garbo laughs)[2], Ninotchka est la première comédie de Greta Garbo et son avant-dernier film. Sous la forme d'une comédie sentimentale légère, c'est l'un des premiers films américains à prendre pour thème principal – et pour cible – l'Union Soviétique. Il brosse une satire mordante de la Russie stalinienne qu'il présente comme un régime austère où sévissent la misère et les arrestations arbitraires et qu'il oppose à la société parisienne qui s'étourdit dans le luxe et la frivolité.

Cette satire du système soviétique ne relève pas pour autant de l'« anti-communisme primaire » ou, tout du moins, ce n'est pas une apologie du capitalisme – c'eut été surprenant de la part d'un scénariste comme Wilder –, les inégalités de la société française ne sont pas escamotées. C'est encore moins une apologie du système tsariste balayé par la révolution russe, la duchesse Swana est présentée comme un personnage égoïste et plein de morgue, plus haïssable finalement que l'idéaliste Ninotchka.

Autour du film[modifier | modifier le code]

  • Le succès du film a donné lieu en 1957 à une reprise sous la forme d'une comédie musicale : La Belle de Moscou (Silk Stockings) de Rouben Mamoulian, avec Fred Astaire et Cyd Charisse.
  • Ninotchka marque la deuxième collaboration entre Billy Wilder et Ernst Lubitsch, l’un au scénario l’autre à la réalisation. La première avait eu lieu l'année précédente avec La huitième femme de Barbe-bleue. L'action de ce film se passait également en France, sur la Côte d'Azur cette fois. À plusieurs reprises, les deux auteurs ont affiché dans leurs créations une inclination pour la France (et parfois une certaine aversion pour l'Amérique puritaine) à telle enseigne que dix des douze films qu'Ernst Lubitsch a réalisés entre 1930 et 1939 ont été tournés en France.
  • Dix ans plus tard, Billy Wilder et Charles Brakett (deux des trois scénaristes de Ninotchka) écrivent La Scandaleuse de Berlin. Wilder le réalise lui-même, il met en scène cette fois un triangle amoureux dans le Berlin de l’immédiat après-guerre sur fond de corruption et de trafics dans la « valeureuse » armée américaine. Marlène Dietrich y tient le rôle principal.

Distinctions[modifier | modifier le code]

  • Nominations aux Oscars 1939 (attribués en 1940) du meilleur film, de la meilleure actrice, de la meilleure histoire originale, et du meilleur scénario. Mais aucune statuette ne lui fut attribuée, la plupart d'entre elles revenant cette année-là à Autant en emporte le vent.

Extraits[modifier | modifier le code]

Greta Garbo et Melvyn Douglas
  • « The apartment may suit your convenience but I doubt it will fit your convictions. It's the royal suite » (Cet appartement vous conviendra sans doute pour le confort, mais je doute qu'il satisfasse vos convictions : c'est la suite royale) Le responsable de l'Hôtel Clarence aux envoyés de Moscou.
  • « That's an idea but who said we were to have an idea » (Ça c'est une idée, mais qui a dit que nous devions avoir des idées) Les envoyés communistes entre eux.
  • « Comrades, comrades, don't let's give in so quickly. After all we have to uphold the prestige of Russia. All right, let's uphold it for another 10 minutes » (Camarades, camarades, ne cédons pas si rapidement, nous avons à défendre le prestige de la Russie. D'accord, défendons-le encore pendant 10 minutes) Les envoyés communistes entre eux lors de la négociation de la vente des bijoux.
  • Iranoff, Buljanoff et Kopalski cherchent l'envoyé spécial de Moscou à la gare et croient le trouver quand ils voient un homme habillé comme eux et au physique ressemblant au cliché du soviétique. Ils n'ont pas le temps de le rejoindre qu'ils le voient saluer d'un « Heil Hitler » celle qui est venu le chercher.
  • À la gare, scène entre Ninotchka et le porteur: « What do you want? » « May I have your bags Madam? » « Why? » « He is a porter, he wants to carry them » « Why? Why should you carry other people's bags » « Well, that's my business madam » « That's no business, that's social injustice » « That depends on the tip » (- Que voulez-vous ? - Puis-je avoir vos bagages, Madame ? - Pourquoi ? - C'est un porteur, il veut les porter - Pourquoi ? Pourquoi voudriez-vous porter les bagages des autres ? - Mais c'est mon métier, Madame - Ce n'est pas un métier, c'est une injustice sociale - Ça dépend du pourboire).
  • « What are the news from Moscow? » « Good, very good. The last mass trials were a great success. There are going to be fewer but better Russians »[3] (- Quelles sont les nouvelles de Moscou ? - Bonnes, excellentes : les derniers procès collectifs ont été une vraie réussite : il y aura moins de Russes mais ils seront meilleurs).
  • À l'ambassade d'URSS, un employé répond au téléphone : « Comrade Cazabine? No, I'm sorry. He hasn't been with us for six months, he was called back to Russia and was investigated. You can get further details from his widow. » (Le camarade Cazabine ? Non, je suis désolé, il nous a quitté il y a six mois, il a été rappelé en Russie pour enquête. Vous aurez plus de détails avec sa veuve).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Billy Wilder n'est que co-scénariste du film avec Charles Brackett et Walter Reisch mais les 70 brillants scénarios qu'il a commis avant et après celui-ci laissent penser qu'il est responsable pour bonne part de sa qualité
  2. « Garbo rit à Paris dans Ninotchka », sur Paris fait son cinema
  3. En référence aux « procès » de Moscou organisés par Staline pour purger entre autres l'armée.

Liens externes[modifier | modifier le code]