Pierre Plantard

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Pierre Plantard
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Pierre Athanase Marie Plantard, né à Paris le et mort à Colombes (Hauts-de-Seine) le , dessinateur de métier, est surtout connu pour avoir longtemps tenté de démontrer sa descendance de la lignée mérovingienne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils unique, issu d'une famille modeste[1], Pierre Plantard quitte l'école à 17 ans. Devenu sacristain à l'église Saint-Louis-d'Antin, dans le 9e arrondissement de Paris, il milite dans diverses associations d'extrême droite, ce qui le mène à la fondation de divers groupes antijuifs tels que Rénovation nationale française ou Alpha Galates. Mais il est surtout connu pour être le co-auteur, avec Philippe de Chérisey, dans les années 1960, de documents d'archives sans preuves vérifiées connus sous le nom de Dossiers secrets d'Henri Lobineau. Il use de toute une série de noms d'emprunt au fil de sa vie : « Varran de Verestra » ; « Pierre De France » ; « Chyren » (en référence à la prophétie de Nostradamus sur la venue d'un grand monarque) ; et, dès 1975 (date importante dans l'Affaire dite de Rennes-Le-Château), il se fait nommer « Pierre Plantard de Saint-Clair » (voir Famille Sinclair, en référence aux Templiers de la Chapelle de Rosslyn en Écosse).

Il est également connu pour être le fondateur en 1956 du Prieuré de Sion.

L’action politique[modifier | modifier le code]

Pierre Plantard s'essaie une vingtaine d'années en politique, à l'extrême droite de l'échiquier français. Convaincu par l’affaire Stavisky de la réalité d’un complot judéo–maçonnique mondial et, après un bref passage à l'Action française de Charles Maurras[2], il fonde des groupuscules antisémites : l’Union française (1937), Rénovation nationale française (1941) et Alpha Galates en 1942 (association déclarée à la Préfecture de Police de Paris), mouvement d'extrême droite qui soutient le régime de Vichy dirigé par Philippe Pétain. Son bulletin mensuel de quatre pages, Vaincre — Pour une jeune chevalerie, n'est publié et distribué gratuitement qu'à six reprises entre et . Il y signe des articles sous le nom de « Pierre De France » ou « Pierre De France-Plantard ». Les grades de l’ordre Alpha Galates s’inspirent de l’ordre rosicrucien AMORC[3]. En , Pierre Plantard se dit dirigeant de Rénovation nationale française. Le , il écrit à la Préfecture pour l’informer que son mouvement a décidé, avec « l’appui des hautes autorités allemandes, de prendre possession du local inoccupé situé au 22 place Malesherbes et loué à un juif anglais, M. Shapiro ». La permission est refusée par les autorités allemandes le . En 1943, il écrit au Maréchal Pétain une lettre où il dénonce un complot judéo–maçonnique contre lui. Un rapport de police daté du 3 janvier 1943, décrit Plantard comme « un illuminé, un jeune homme prétentieux et sans grande formation intellectuelle », et, le 3 septembre 1943, la préfecture et les autorités allemandes lui interdisent toute activité.

À la Libération, il essaie de faire passer ces organisations pour des groupes de résistance. Son dernier coup d’éclat se situe lors de la crise de mai 1958 lorsqu’il prétend être l’un des organisateurs des comités de salut public en métropole[4].

Des ennuis judiciaires amènent Plantard en prison de 1953 à 1954, provoquant la dissolution de son groupuscule.

L’action ésotérique[modifier | modifier le code]

Les pièces essentielles de cette construction ésotérique sont issues du contact que Plantard aurait eu, avant et pendant la guerre, avec le milieu synarchiste de Saint-Yves d'Alveydre, notamment par l'entremise d'Israël Monti (Marcus Vella), alias Georges Monti (1885-1936)[5]. Ce sont sans doute ces premiers éléments qui l'ont poussé, en 1947, à rassembler les papiers légaux nécessaires à la création de l’Académie latine, organisation dont le but était la recherche historique. Mais il faut réellement attendre le milieu des années cinquante pour le voir répandre, dans les cercles catholiques, une version de son histoire personnelle qui accrédite son ascendance royale, Plantard se disant descendant de Dagobert II, Mérovingien et prétendant au trône de France.

Le , il est initié en franc-maçonnerie dans le Grand Orient de France par la loge « L’Avenir du Chablais » à Ambilly dont il est exclu en janvier 1954 sur décision du conseil de l'ordre[6].

En , Plantard déclare être le dirigeant d’une organisation secrète, le Prieuré de Sion. En 1956, il fonde à Annemasse le Prieuré de Sion, dont André Bonhomme est président jusque 1973. Le , il en dépose les statuts à la sous-préfecture de Saint-Julien-en-Genevois. L’objectif de cette confrérie serait de rénover moralement l’Europe en réalisant l’unification du continent par la CEE et d'autres moyens plus complexes. Pour donner une preuve de ses propos, Plantard n'hésite pas, avec l'aide de son ami Phillipe de Chérisey, à fabriquer et introduire anonymement, entre 1964 et 1967, à la Bibliothèque nationale de Paris, une série de documents sans preuves manuscrites vérifiées sous le nom des Dossiers secrets d'Henri Lobineau : parmi ceux-ci un document relatif au Prieuré de Sion.

Plantard revient en prison pour une affaire de détournement de mineur en 1956, il déménage le Prieuré à Paris. Plantard se prétend à cette époque descendant du roi mérovingien Dagobert II, dernier monarque légitime de sa dynastie. Puis il récupère le mythe de Rennes-le-Château où existerait un trésor mérovingien comprenant des documents au contenu explosif. Il présente alors le Prieuré de Sion comme une société occulte défenderesse des droits des descendants des Mérovingiens ; il aurait été fondé par Godefroy de Bouillon et eu pour grands maîtres des alchimistes et occultistes célèbres.

Le Prieuré de Sion sort de son quasi-anonymat en 1967, lorsque Plantard contacte Gérard de Sède, déjà auteur d'un livre sur l'histoire de Gisors (Les Templiers sont parmi nous, 1962). Cette rencontre aboutit au deuxième livre de De Sède, L'or de Rennes (1967). Toute la fantasmagorie sur Rennes-le-Chateau et le trésor caché de l'abbé Saunière démarre alors, notamment entretenue par des « parchemins » fabriqués par Philippe de Chérisey pour ce livre, alors que l'abbé Saunière n'aurait fait que du trafic de messes, comme l'attestent ses comptes et archives consultables au diocèse de Carcassonne. De Sède et le journaliste Chaumeil dénonceront les documents de Plantard comme des faux.

En 1993, Pierre Plantard est interrogé par la justice dans le cadre de l'enquête sur la mort de Roger-Patrice Pelat, ancien ami de François Mitterrand. Plusieurs documents retrouvés chez lui le présentent comme étant le « vrai Roi de France »[7]. Plantard avoue son illégitimité de roi de France et reçoit le conseil de ne plus jouer avec la justice française[réf. nécessaire].

Il reste isolé de 1993 jusqu'à sa mort, le  ; l'annonce n'en est faite que le de la même année, mais en indiquant une date de décès au [8]. Ses restes ont été incinérés.

Influences[modifier | modifier le code]

  • En 1982, trois auteurs anglais, Henry Lincoln, Michael Baigent et Richard Leigh, ont écrit L'Énigme sacrée, puis Le Message, où ils ont transcrit plusieurs entrevues avec Pierre Plantard.
  • Dans le jeu vidéo d'aventure Les Chevaliers de Baphomet, sorti en 1996, un homme nommé Plantard se fait assassiner dans l'introduction. Un personnage secondaire porte également le nom de Lobineau.
  • En 2003, Dan Brown s'est explicitement référé au Prieuré de Sion dans son ouvrage Da Vinci Code. Il en fait une de ses sources historiques et mentionne Pierre Plantard.
  • En 2005, Jean-Jacques Bedu publie Les Sources secrètes du Da Vinci Code, où il parle d'une conversation téléphonique qu'il a eue avec M. Plantard.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Alexandre Adler, Sociétés secrètes : de Léonard de Vinci à Rennes-le-Château, Paris, Bernard Grasset, , 318 p. (ISBN 9782246724018).
  • Raoul de Warren et Aymon de Lestrange, Les prétendants au trône de France, L'Herne, Paris, plusieurs rééditions.
  • Christian Doumergue, Le secret Dévoilé, Éditions de l'Opportun, 2013
  • Christian Doumergue et Thierry E. Garnier, Le Prieuré de Sion, Éditions Arqa, 2012
  • Jean-Pierre Garcia, Rennes-le-Château : Le Secret dans l'Art ou l'Art du Secret, 2008 (ISBN 978-2-9530184-0-0)
  • Tony Baillargeat, Arsène Lupin : À propos de l'E(s)toile, Éditions La Compagnie Littéraire, 2013[9]
  • Arnaud de l'Estoile, Pierre Plantard, coll. Qui suis-je ?, Éditions Pardès, 2014 (ISBN 978-2867144745)
  • Geneviève Béduneau, Qui êtes-vous monsieur Plantard ?, Éditions Dervy, 2019 (ISBN 979-1024205366)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Adler, p. 26
  2. Adler, p. 27-28
  3. Massimo Introvigne, Les Illuminés et le Prieuré de Sion, Xenia ed. (C.P. 395, C.H. 1800 Vevey), 2006. 204 p. 15.
  4. Adler, p. 28-29
  5. Adler, p. 92-102
  6. Sa fiche au Grand Orient de France a été publiée par Éric Giacometti et Jacques Ravenne, à la fin de leur livre Apocalypse la 5e enquête du commissaire Marcas (Fleuve Noir 2009) : "de Plantard, Pierre Athanase Marie, conseil juridique assureur, né le 18 mars 1920 à Paris VIIe, (résidant à) Vaison-Régnier, initié le 8 juillet 1951 par la loge "L’Avenir du Chablais" à Ambilly, exclu le 13 janvier 1954 (décret du Conseil de l’Ordre)". Source blog Hiram.
  7. Voir le journal Minute du 13 octobre 1993
  8. [1] La mort de Pierre Plantard
  9. http://www.compagnie-litteraire.com/images/presse/tony_arsene_lupin.gif « Copie archivée » (version du sur Internet Archive)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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