Comment élaborer une grille de menu de camp

Une lourde responsabilité pèse sur toi, cher intendant : tu tiens la réussite du camp entre tes doigts. Un camp ne réussit pas uniquement grâce à une intendance parfaite. En revanche, ce qu’on sait, c’est que tu peux avoir le meilleur camp du monde, si tu y manges mal ou pas à ta faim, ce sera un mauvais camp. Pression.

Tu es intendant sur le camp et c’est ta première fois ? Ne soit pas timide, ose regarder cette fiche qui t’apportera conseil et sagesse d’intendance pour élaborer une super grille de menu. N’hésite pas à demander conseil à tes amis, ta famille, tes collègues scouts et même des vieux du national. Bref tous ceux qui, un jour, ont tenu une spatule dans une cuisine !

D’abord, il faut te renseigner, commence par lire ton cahier d’intendance et les divers documents de ton mouvement relatif à l’intendance. Il y a plein de choses à penser, n’hésite pas à faire des listes et à échelonner ton travail.

Élaborer les menus n’est finalement que le bout du chemin après plein d’étapes préalables.

Le résumé en une seule infographie

(clique pour agrandir)

Partie 1 : définir son cadre et ses contraintes

1.1 Compter les rationnaires

Sur ton camp, tu n’es pas tout seul ! Il va donc falloir nourrir tous ces affamés. En premier lieu, quantifie les personnes présentes : compte le nombre d’encadrants et le nombre de jeunes de la tranche d’âge que tu as à charge.

1.2 Repérer les régimes spéciaux

Ensuite, il te faut vérifier les fiches sanitaires des participants (jeunes et encadrants), ton objectif sera de pointer les régimes particuliers (allergies, croyance, végétarien/végan). Tu peux ensuite demander à tes jeunes une liste de plats qu’ils apprécient, par exemple en demandant à chacun le menu de ses rêves (sous forme de jeu).

1.3 Repérer ce qui est possible, ou pas : lieu et matériel

La localisation de ton lieu de camp est aussi très importante. Pense aux produits locaux et de saison. Manger une tartiflette au bord de la mer méditerranéen n’est pas très conseillé. N’hésite pas à appeler les producteurs locaux pour avoir connaissance de leurs produits et de leurs tarifs : il faut que cela soit conforme à ton budget d’intendance.

Ensuite regarde les besoins nutritifs, ce ne sont pas les même pour chaque tranche d’âge. Veille à ce que tout le monde mange à sa faim. Voici un petit tableau tiré du guide réglementaire du Scoutisme Français (22 mai 2016).

Ton matériel de cuisine est ton grand ami ! Il va te dire si tu peux faire des plats au four, au feu, ou au tripates. Petit conseil personnel, un four en camp c’est génial !

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1.4 Recenser une liste de plats

Maintenant, on commence à entrer dans le fun du sujet. Tu vas pourvoir élaborer une liste de différents entrées, plats, desserts dans le but d’avoir une certaine variété. L’idéal pour un camp de 3 semaines est d’avoir une trentaine de plats différents , une quinzaine d’entrées et de desserts.

Voici, un exemple de liste, sur LaToileScoute tu as aussi plein d’idées de recettes :

Entrées :
 tartine de chèvre chaud
 tatziki maison
 salade en tout genre , ma préféré c’est mache/feta/tomate cerise
 légume à croquer (carotte, concombre, tomate cerise ...)
 gaspacho
 préfou à l’ail maison
 tartine de tapenade (maison)
 bruschetta
 roulé jambon/fromage ail et fines herbes
 soupe de courge maison (potimaron, potiron, butternut, ...)
 pain plat marocain ( au cumin), cuisson à la poêle
 Melon, pastéque, pamplemousse ...

Plats :
 poulet curry-coco-cajou-raisin
 pâtes sauce chorizo
 omelette lardons-chèvre
 purée de courge et de potimarron
 crumble de 5 légumes ( carotte, oignon, poireaux, patate douce, petits pois)
 croziflette
 pâtes sauce arrabiata ou sauce napolitain
 Aligot maison (tu peux mettre de l’emmental, c’est moins cher !)
 nouille sautées au poulet ( nouilles à saisir dans l’huile de sésame, déglacer ensuite avec un mélange eau+sauce soja )
 brochettes de viande marinées faites maison
 fondu de poireaux, riz noir et poisson maigre ( genre lieu jaune)
 flammekueche fait maison, la pâte est simple à faire :)
 burger de veau à la fourme d’Ambert et frites de patates douces
 fajitas
 croque madame
 chili con carne
 couscous ( les légumes couscous surgelé sont très bien)
 kebab à la broche
 buffet campagnard
 moussaka
 mélange multi-céréales au saumon, crème, aneth,coriandre et zeste de citron vert

Dessert :
 tartes en tout genre
 tiramissu
 salade de fruits FRAIS
 riz au lait citron
 des fruits de saison (cerise, nectarine, peche, raisin d’italie, figue, litchi, reine-claude, ... )
 pommes caramélisés
 crumble de fruits
 salade de fruits frais
 sucette de fruit
 matcha frappé
 faisselle et son coulis de fruit rouge
 yaourt bio
 gâteau maison
 crêpes

Goûter :
 sucettes de fruits fait-maison
 tartes
 jus de pomme chaud de noël
 galette d’avoine
 fruits de saison
 gâteaux sec en tout genre ( brownies, speculos, petit beurre, granola, cookie, bn, 4/4, galettes saint michel , gateaux suédois à la cannelle, marbré, ...) , il faut absolument varier ces gateaux-ci
 Tartine de nutiscout= nutella fait maison avec du beurre
 pomme-pote

D’autres idées ? Go OnMangeCamp.be ou Marmiton.org en sélectionnant par exemple dans le moteur de recherche "facile" et "pas cher", tu vas découvrir des tas d’idées tellement simples et tellement bonnes !

Partie 2 : concevoir les menus

Tout d’abord met toi à l’aise, utilise le support qui te convient le mieux, papier ou informatique. Il y a différentes manière d’élaborer ton menu, tu peux partir du général pour aller au détail ou inversement.

2.1 Équilibrer un repas

Maintenant que tu as tes plats, conçois des repas complets. Il te suffira de les placer ensuite dans la grille.

Pour un repas type, il te faut idéalement au moins : un fruit ou des légumes, des protéines, des féculents et un laitage, à répartir entre l’entrée, le plat et le dessert. Pas de panique si tu n’y arrives pas, tu te rattraperas par l’équilibre sur la journée.

Astuce 1 : pas plus de 1 plat "à risque" par repas. Un plat "à risque" est un plat que des jeunes :

  • n’aiment potentiellement pas (épinards, radis, fenouil, etc.),
  • ne peuvent pas manger parce que allergique
  • risque de rater à la préparation.

Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas proposer de plat "à risque", mais cumuler sur un repas trois plats "à risque" est prendre le risque de voir des jeunes ne pas pouvoir manger.

Pour limiter les plats "à risque" pour cause d’échec de préparation, ça vaut le coup de les prévoir en menu lors d’un week-end d’année pour les tester.

Astuce 2 : vends ton repas. Pense au côté agréable. Un repas monochrome ne donne pas envie de manger. Mélange couleurs et variétés. Exemple : concombre crême, escalope de dinde riz, yaourt. Quelle déprime ! Un peu de couleur et l’enfant mangera plus.

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2.2 Équilibrer une journée

Tu dois adapter tes repas en fonctions des activités de journée. Une journée très physique (installations, raid/explo, olympiades, …) aura besoin d’un fort apport énergétique contrairement à une journée plus tranquille (lessive, grasse mat, temps manuel, …).

Varie tes repas, ne fais pas deux fois des pâtes dans la journée. Pour avoir une journée équilibrée, on dit souvent qu’il faut manger comme un roi le matin, comme un prince le midi et comme un pauvre le soir. Maintenant, n’oublie pas que tu vis au grand air et que cela demande beaucoup d’énergie, je te conseille de manger aussi princié le soir.

Pour le petit-déjeuner, le repas le plus important de la journée, on peut presque tout y mettre (charcuterie, fromage, céréales, fruits, pain , viennoiserie, …). Attention aux enfants qui ne mangent pas au petit-déjeuner, pense aux jus de fruit et aux fruits gorgée d’eau (melon, pastèque ...).

Astuce : pense à la notion de récupération de l’effort. Le soir, comme le lendemain d’une journée intensive, peut permettre de récupérer des efforts de la veille.

2.3 Harmoniser une semaine

En camp, l’humeur des participants varie en fonction des jours, comme te le montre ce petit graphique pour une semaine "type".

Comme tu peux le constater, il est important de compenser ces baisses de moral. Le premier jour tout va bien , cependant il faut te roder, je te conseille alors de faire un repas que tu maîtrise parfaitement et plutôt rapide car les débuts de camp sont plus chargés. Entre le 3 ème et le 4 ème jour , il y a une baisse de moral, il faut que tu donnes un coup de collier avec des plats dit « réconfort » ( tartiflette, burger, pizza, fontaine de chocolat, crêpes, …).

Maintenant que tu as tes journées spéciales listées, la courbe d’humeur bien en tête, tu peux remplir ta grille en veillant à ce que tes journées soient équilibrées et en s’assurant que les repas ne se répètent pas de manière trop proche, je te conseille au moins 3 jours d’écart entre deux ingrédients principaux identiques (pâtes,patates,riz,quinoa,viande,...) .

2.4 Prévoir le repas de secours

Malheureusement, un camp n’est pas forcément un long fleuve tranquille, il faut pouvoir palier à des éventualités tel qu’une alerte orange, plus de gaz pour les tri-pattes, déluge empêchant d’allumer le feu, repas raté. Pour cela, prévoir le "repas Plan B" : sans cuisson, non-périssable, qui peut être dégainé lors d’une galère. La boîte est une valeur sûre, la petite réserve de fruits d’avance aussi. Petit coup de cœur pour le taboulé en boîte ; pas de cuisson, rapide, facile.

2.5 Tester

Cette phase n’est pas obligatoire mais elle contribuera à la réussite de ta grille de camp, essaye un maximum de recettes chez toi ou avec tes scouts, et note dans un coin si cette recette à bien marché, si elle n’est pas trop longue, si elle plait et si elle correspond à ton budget ! Cela demande beaucoup d’investissement mais te rendra un grand service en évitant le "ratage" de certain repas, tu gagneras aussi du temps le jour J car lorsque tu cuisineras avec tes jeunes, tu auras des réflexes et tu sauras optimiser le temps de préparation.

2.6 Mettre sur papier et faire vérifier

Bon, là fait une pause et digère ce texte bien gras. Après cette interlude, tu as fait 90% du travail d’élaboration des menus. Il ne te reste plus qu’a faire la version finale sur papier ou ordinateur. N’hésite pas à faire vérifier tes menus par quelques personnes ( chef de camp, co-intendant, un expert d’intendance ). Ne demande pas l’avis de tout le monde, car tu vas TOUT changer tout le temps. #vécu

Fini !

Tu as réussi ! Tu as tes menus de camp ! Formidable ! Tu vas pouvoir ne pas les suivre en camp !

Oui, parce que tout ce travail, nécessaire, va être un peu remanié pendant le camp : la tartiflette par 35° c’est un peu lourd, le repas froid sous la pluie est déprimant, le moral tombe plus vite que prévu, et il faut dégainer plus vite ses repas réconforts, une méga promo incontournable au magasin, l’absence de certains ingrédients dans ce même magasin, et hop, on bouscule la grille.

Pas de soucis, le travail sur le menu n’est pas perdu : c’est une base sur laquelle se raccrocher tout le temps. Sans elle, le travail de l’intendant en camp serait un véritable calvaire.

Cet article, bien que frôlant la perfection n’est pas une bible ! Il n’y a pour limite que ton budget et ton imagination. Ne soit pas déçu si certain de tes repas ne fonctionnent pas, repars de l’avant et apprend de tes erreurs ( quantité, timing, goût des participants du camp ).

Portfolio

PS

Merci à Marie Drey, pour son aide précieuse

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