Après les législatives, Elisabeth Borne, une Première ministre en sursis ?

La cheffe du gouvernement a réussi à se faire élire dans le Calvados ce dimanche, mais les résultats du second tour au niveau national fragilisent l’édifice macroniste au point que la question de son maintien est désormais posée.

Elisabeth Borne, ce dimanche à Matignon. «Pour elle, ça va être ingouvernable, le président doit au plus vite la remplacer par un Premier ministre très politique et issu de la droite», insiste un pilier de l’exécutif. REUTERS/pool/Ludovic Marin
Elisabeth Borne, ce dimanche à Matignon. «Pour elle, ça va être ingouvernable, le président doit au plus vite la remplacer par un Premier ministre très politique et issu de la droite», insiste un pilier de l’exécutif. REUTERS/pool/Ludovic Marin

    Le sourire aura vite laissé place à la soupe à la grimace. Élue pour la première fois (52,46 % dans la sixième circonscription du Calvados, devant un candidat de la Nupes) ce dimanche 19 juin, Élisabeth Borne a réussi son pari. Mais la joie aura vite été écourtée par la sale soirée de la majorité présidentielle en ce second tour des législatives. « Elle voulait faire de cette victoire un tremplin politique pour la suite, ça va être plus compliqué que cela », commentait dans la soirée un membre du gouvernement. Car, très vite, des voix ont commencé à s’élever pour s’interroger sur le maintien de la Première ministre à Matignon.

    D’abord, dans les rangs de l’opposition, à l’instar de Rachida Dati sur TF1, qui a demandé à Emmanuel Macron « de tirer les conséquences de ce scrutin en changeant de Premier ministre ». Mais aussi dans ceux de la majorité : « Pour elle, ça va être ingouvernable, le président doit au plus vite la remplacer par un Premier ministre très politique et issu de la droite », insiste un pilier de l’exécutif, en poussant les noms de Bruno Le Maire, ou de l’ex-LR Catherine Vautrin, un temps pressentie pour succéder à Jean Castex.

    « Elle fera le job, et elle finira populaire »

    Mais Borne n’a pas dit son dernier mot. Il y a un mois, quand Macron la nomme à Matignon, elle prend son risque en conditionnant son maintien rue de Varenne à une victoire aux législatives. « Pourtant, il ne lui a rien demandé. Mais c’est elle qui a insisté. Elle a jugé que c’était indispensable pour sa légitimité. Ça montre sa force de caractère », glisse son entourage, qui rappelle que « rien ne l’y obligeait au regard de son parcours : elle a été préfète, directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Écologie et présidente de la RATP. Elle a fait ses preuves dans plein de domaines ».

    Ces dernières semaines, Borne s’est donc frottée au terrain électoral, elle qui n’avait jamais mené une campagne jusqu’à présent. Avec des échanges parfois rudes sur le terrain. Comme la semaine dernière, quand elle est à nouveau interpellée par une femme sur l’affaire Abad.

    Consultez les résultats des élections législatives, circonscription par circonscription. Suivez notamment les résultats à Paris, Marseille ou Lyon. Ainsi que les résultats dans les circonscriptions des Hauts-de-Seine, Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis, Val-d’Oise, Essonne, Seine-et-Marne, Yvelines et dans l’Oise.

    Mais le plus dur reste encore à venir pour elle : composer avec une faible majorité dans l’hémicycle, et surtout se faire connaître et aimer des Français, alors qu’en interne, certains lui reprochent une certaine transparence. Ce qu’elle va tenter de corriger dès cette semaine, en accordant une longue interview confession à Paris Match. Puis la suivante avec l’hebdomadaire Elle.

    VIDÉO. Réélue, Élisabeth Borne assure qu’elle travaillera à « construire une majorité d’action »

    « Borne, on ne peut pas la juger sur ses premiers jours. Rappelez-vous qu’on disait pareil d’Édouard Philippe et de Jean Castex au début. Puis ils se sont révélés », rappelle un proche d’Emmanuel Macron qui fait un pari : « Elle fera le job, et elle finira populaire ». Une gageure par les temps qui courent.