Temps de lecture : 2 min
-
Ajouter à mes favoris
L'article a été ajouté à vos favoris
- Google News
Et si la « cancel culture » avait toujours existé ? Et ce même avant que les réseaux sociaux ne chamboulent l'espace du débat public ? Auteur d'une Bibliothèque de survie (Éditions de l'Observatoire), Frédéric Beigbeder explique dans Le Point des idées que ce mouvement ne se détermine pas seulement en un phénomène sociétal contemporain. Selon lui, « la cancel culture est un mot nouveau pour décrire un vieux phénomène qu'est le puritanisme ». Des Fleurs du mal de Baudelaire à l'oppression politique en URSS au cours du XXe siècle, toutes époques et tous domaines ont selon lui subi, à des degrés divers, une certaine forme de « censure ».
À LIRE AUSSIBeigbeder contre la dictature du rire
Un exemple, français, emblématique de cette intemporalité, celui de l'œuvre Le Pur et l'Impur de Colette, initialement publié en1932 sous le titre de Ces plaisirs. Dans son ouvrage, à travers quarante années de vie parisienne, l'autrice y évoque ses observations de représentations et expressions variées du plaisir, parfois expérimentées, le plus souvent observées, faisant le récit, notamment, de l'intérieur des fumeries d'opium, ou encore de lieux consacrés aux plaisirs charnels. « Et ce sujet-là était totalement tabou. Il l'est peut-être encore d'ailleurs. Elle a été cancellée en 1932 », explique Frédéric Beigbeder. Paradoxalement, selon lui, c'est bien « la pression des lecteurs » qui a été la plus forte à cet instant face à ces écrits, et non celle d'une – plus attendue – « censure d'État ».
Courrier des lecteurs et réseaux sociaux, même combat ?
L'occasion pour l'auteur de dresser la comparaison d'un tel phénomène avec la pression que peut exercer une forme de vindicte populaire sur les réseaux sociaux aujourd'hui : « Ça commence toujours par cette espèce de pression de l'opinion publique. En réalité […] un courrier des lecteurs, ça ne veut pas dire grand-chose. Et les réseaux sociaux non plus […] C'est une minorité de gens, très agissant, qui se plaignent, qui se choquent, qui se scandalisent. […] On ne devrait pas les écouter. » Selon Frédéric Beigbeder, le plus grand nombre des lecteurs de l'œuvre de Colette ne s'offusquait en rien d'une telle lecture. Était-ce une majorité silencieuse ? Et si celle-ci existait encore aujourd'hui ?
Découvrez l'intégralité de l'entretien :
Retrouvez la deuxième partie de l'émission avec Laurence Boone, chef économiste de l'OCDE :
C'est tout à fait cela : merci à vous de cette opinion éclairée. F. Beigbeder - ou n'à rien compris-, ou veut faire de l'"intox " pour être à la mode, quand il écrit " Que la cancel culture reflète l'opinion de la majorité silencieuse ". Absurde ! (Et l'œuvre de Colette est mal connue du grand public, mis à part les "Claudine ", +ou -enseignees à l'école, "Gigi ", "Cheri ", parce que portés au cinéma avec talent. )
Je comprends votre commentaire, mais en réalité, le sens même de la "cancel culture" est plus proche d'un effacement de la culture, c'est bien plus grave que toutes les notions par lesquelles on tente de remplacer l'expression anglaise. On ne souhaite pas exclure, on souhaite EFFACER la culture séculaire, ce qui a façonné les différents pays auxquels elle s'attaque.
OSTRACISER (Pratique qui consiste à bannir ou à exclure quelqu'un) serait tellement plus français !
Tout se perd, même notre langue, à vouloir imiter les Anglo-Saxons.