Abdelhakim Sefrioui, militant islamiste fiché S depuis plusieurs années

VIDÉO. Cette figure influente de l'islam radical en France est en garde à vue dans le cadre de l'enquête ouverte sur la décapitation de l'enseignant Samuel Paty.

Source AFP

Temps de lecture : 4 min

Harangueur charismatique et sulfureux, Abdelhakim Sefrioui, en garde à vue depuis samedi dans le cadre de l'enquête ouverte sur l'assassinat de Samuel Paty, sillonne depuis plus de 15 ans la région parisienne, organisant manifestations, prières de rue et actions devant des lycées. De Saint-Ouen, où il milite déjà contre une proviseure, à Drancy, en passant par les Ulis, il a, avec différents collectifs, déstabilisé « des collectivités, des mairies, des élus pour les pousser à prendre des décisions concernant l'islam ou le problème israélo-palestinien », raconte Noam Anouar, délégué syndical Vigi (classé à gauche) et ancien policier du renseignement à la préfecture de police de Paris.

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Opposant de la première heure à la loi sur la laïcité

Né en 1959 à Fès, franco-marocain, marié à une Française convertie et père de deux enfants, selon plusieurs interlocuteurs, Abdelhakim Sefrioui apparaît dans les médias au début des années 2000, alors que la France s'apprête à adopter la loi controversée sur le port de signes religieux à l'école. Alors libraire rue Jean-Pierre-Timbaud, artère parisienne parsemée de magasins de livres ou d'habits islamiques, il est interrogé par l'Agence France-Presse à la veille de manifestations contre la loi. Ce texte – qui sera adopté au printemps 2004 – « a rendu flagrante une fissure » entre les musulmans et les autres, dit-il alors, revendiquant le droit à manifester. « Les chrétiens, les juifs, les homosexuels auraient le droit de manifester et on dit aux musulmans de se faire tout petits ? » s'agace-t-il, avant de prédire que la loi sur la laïcité va pousser à la création de « dizaines » d'établissements confessionnels musulmans.

Ses enfants sont d'ailleurs, à l'époque, scolarisés à domicile, se souvient l'ancien maire des Ulis, ville de l'Essonne où il réside. « Je m'en souviens très bien parce que j'avais été saisi par l'inspectrice de l'Éducation nationale. Il avait deux enfants et ne les scolarisait pas, et l'inspectrice voulait vérifier », raconte Paul Loridant.

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L'édile va rapidement avoir maille à partir avec le militant. À la tête de l'association culturelle des musulmans des Ulis, Abdelhakim Sefrioui organise tous les samedis des manifestations pour réclamer l'augmentation de la surface de la future mosquée de la ville – amenant jusqu'à 200 personnes à prier sur la dalle de la mairie. Entouré « d'une petite cour », Abdelhakim Sefrioui « était très très provocateur, fier, sûr de lui… Il disait "on sera majoritaire, parce qu'on fait plus d'enfants que vous", il avait une volonté de conquête », se rappelle l'élu. « À ma connaissance, ajoute-t-il, il était arrivé aux Ulis à la fin des années 1990. Et puis, un jour, il a disparu. »

On retrouve Abdelhakim Sefrioui quelques années plus tard à Drancy, en Seine-Saint-Denis, où il mène une cabale contre l'imam Hassan Chalghoumi. Avec le collectif pro-palestinien Cheikh Yassine, qu'il a entre-temps créé, il manifeste contre celui qu'il qualifie de « faux imam » pour ses bonnes relations avec la communauté juive et son soutien à la loi interdisant le voile intégral.

Déstabilisation, dénigrement…

Un an après les manifestations à Drancy, on le retrouve aux côtés du groupe islamiste – depuis dissous par les autorités – Forsane Alizza : ils font pression sur la proviseure d'un lycée de Saint-Ouen, après l'exclusion de lycéennes portant des jupes longues.

C'est « quelqu'un de sulfureux », d'« extrêmement violent verbalement », explique à l'Agence France-Presse M'hammed Henniche, secrétaire général de l'Union des associations musulmanes du 93, qui s'est confronté à lui à plusieurs reprises. « Personne ne peut le contrôler et le peu de gens qui ont essayé de travailler avec lui lui ont demandé de ne pas prendre la parole. Mais il fait ce qu'il veut », ajoute ce responsable de la mosquée de Pantin, fermée pour six mois sur décision du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Depuis des années, « il est dans la déstabilisation et le dénigrement des responsables associatifs, c'est son seul objectif », avance M'hammed Henniche. Et il sait y faire : « Il a l'intelligence, le savoir, pour détecter la chose qui va buzzer », ajoute le responsable, qu'il s'agisse de la loi sur le voile ou la vidéo d'un parent d'élève. « Il parle bien, il est à l'aise, il aime exister. »

Lire aussi Attentat de Conflans : l'assaillant aurait payé des élèves contre des informations

Dans les vidéos de lui qui ont précédé la décapitation de Samuel Paty, on le voit la barbe blanche, bien taillée, raconter calmement sa rencontre avec l'administration du collège du Bois-d'Aulne, où enseignait M. Paty. Depuis samedi, cet homme fiché S depuis des années est en garde à vue, comme quatorze autres personnes.

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Commentaires (64)

  • Timéo Danaos

    Subsides des monarchies, allocations turques, AME française ?
    Ou peut-être agent triple de ceux-là ?

  • Statler&Waldorf

    Aujourd'hui les juifs ont peur de vivre en France, (antisémitisme "français" qu'on dit) mais cette engeance islamiste et tous leurs suiveurs, rigolent sur les réseaux sociaux ou sur certains mérdias au nom de "notre liberté d'expression".

  • Marc-B

    Je sais, je sais ! Ne me remerciez pas, j’aime les belles rencontres. C’est comme un chant de Noël.