Gabriel Fauré : 10 (petites) choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur le compositeur

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Gabriel Fauré : 10 (petites) choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur le compositeur

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Gabriel Fauré, en 1880.
Gabriel Fauré, en 1880.
© Getty

Saviez-vous que Gabriel Fauré avait étudié dans une école de musique religieuse ? Qu’il adorait le piano et qu’il était sourd à la fin de sa vie ? Voici 10 (petites) choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur l'auteur du Cantique de Jean Racine ou encore d'un célèbre Requiem.

Mélodiste réputé, compositeur de la célèbre Pavane, professeur de Maurice Ravel puis directeur controversé du Conservatoire de Paris… Gabriel Fauré a désormais acquis sa place au Panthéon des grands compositeurs.

Mais résumer son oeuvre à ses mélodies et son héritage à ses prestigieux élèves, c’est oublier que le musicien a d’abord officié en tant qu’organiste d’église (et ce, durant plus de trente ans), qu’il s’est intéressé à tous les genres musicaux et qu’il a longtemps attendu avant d’obtenir la reconnaissance du milieu musical.

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Voici 10 (petites) choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur ce maître de la mélodie !

Une vie quotidienne à l'église

Gabriel Fauré est né le 12 mai 1845, à Pamiers, en Ariège. C’est son père, inspecteur des écoles primaires de province, qui détecte son talent musical et l’envoie étudier à Paris, à l’école de musique religieuse Niedermeyer.

Photographie du compositeur Louis Niedermeyer datée de 1853, année où il fonde son école de musique religieuse.
Photographie du compositeur Louis Niedermeyer datée de 1853, année où il fonde son école de musique religieuse.
- Gallica/BNF

Après 11 ans d’études, Gabriel Fauré devient organiste d’église, d’abord à Rennes puis à Paris. Longtemps, jusqu’à sa nomination au conservatoire, son nom reste associé à ses fonctions de maître de chapelle à la Madeleine, plutôt qu’à son activité de compositeur.

Aujourd’hui, c’est presque l’inverse : on connaît surtout ses oeuvres profanes... Il a pourtant composé douze pièces de musiques sacrées, dont le Cantique de Jean Racine, achevé l’année de ses 19 ans, et le célèbre Requiem, une messe qu’il a écrite « pour le plaisir », selon ses propres termes.

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Camille Saint-Saëns, le parrain

Gabriel Fauré rencontre le pianiste et compositeur Camille Saint-Saëns à l’École Niedermeyer, où ce dernier enseigne le piano. Une grande amitié se noue aussitôt entre les deux musiciens.

Saint-Saëns fait découvrir à son ami les œuvres de Schumann, Liszt et Wagner. Il encourage son talent de compositeur, le fait entrer en tant qu’organiste à l’église de la Madeleine et l’introduit dans les salons parisiens.

« Saint-Saëns, quand j'étais jeune, me disait souvent qu'il me manquait un défaut qui, pour un artiste est une qualité : l'ambition ! » Lettre de Gabriel Fauré à sa femme, en 1907

Camille Saint-Saëns au piano, en 1900.
Camille Saint-Saëns au piano, en 1900.
© Getty

Habitué des salons parisiens

Pour assurer ses revenus, Fauré traverse tout Paris afin de donner des leçons particulières de piano, en plus de son activité d’organiste. Comme beaucoup de ses contemporains, c’est dans les salons mondains qu’il a l’occasion de faire entendre ses compositions…

Saint-Saëns le fait notamment accéder aux soirées très prisées de la cantatrice Pauline Viardot, où l’on peut alors croiser George Sand, Louis Blanc et Gustave Flaubert. Bel homme au caractère jovial, Gabriel Fauré attire aussitôt la sympathie des Viardot.

Pauline Viardot, cantatrice réputée du XIXe siècle, est l'épouse de Louis Viardot, critique et directeur du Théâtre des Italiens.
Pauline Viardot, cantatrice réputée du XIXe siècle, est l'épouse de Louis Viardot, critique et directeur du Théâtre des Italiens.
© Getty

Dans les salons, Gabriel Fauré fait entendre ses mélodies. Lui est au piano, tandis que ses ami(e)s se chargent de la partie chantée. Si ceux-ci n’ont pas les grandes voix des artistes de théâtre lyrique, le contexte intimiste leur permet des interprétations raffinées et nuancées, parfois même à mi-voix, mezzo voce...

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Fervent défenseur de la musique de chambre

Dans le Paris où évolue Gabriel Fauré, à la fin du XIXe siècle, c’est le théâtre lyrique qui est prisé par le public, et non la musique instrumentale. Elle est jugée trop classique, trop académique.

Camille Saint-Saëns souhaite inverser la tendance et renouveler la musique instrumentale française. En 1871, il crée la Société nationale de musique,aussitôt rejoint par nombre de ses contemporains : César Franck, Jules Massenet, Henri Duparc... et Gabriel Fauré, dont la première sonate pour violon et piano rencontre un vif succès.

Amant déçu

1877 : Gabriel Fauré a 32 ans et est follement épris de Marianne, une des filles de Pauline Viardot. Marianne est attendrie par les sentiments du compositeur, mais reste toutefois bien timide...

La passion amoureuse de Fauré est si forte, si tumultueuse, qu’elle finit par effrayer Marianne Viardot, qui rompt son engagement peu avant la date annoncée du mariage. Le musicien sombre alors dans une longue et profonde tristesse, un désespoir qui transparaît dans son oeuvre musicale et notamment dans sa célèbre Élégie pour violoncelle et piano, composée en 1880.

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Après cette déception, Gabriel Fauré devient le don juan des salons parisiens, enchaînant les conquêtes. A 40 ans, il décide qu’il est temps pour lui de se marier et épouse, par pur arrangement, Marie Frémiet. De caractères opposés, les deux époux vivent presque toujours séparés.

Passion piano

Si Gabriel Fauré est organiste de métier, son instrument de prédilection est le piano. Excellent interprète, il envisage même pendant un temps d’entreprendre une carrière soliste. Mais il est de nature trop rêveuse et tire davantage de plaisir à partager la musique plutôt qu’à être admiré pour l’exécution d’un passage virtuose.

Ce n’est d’ailleurs jamais la virtuosité du jeu qu’il met en avant dans son oeuvre pianistique. Ses pièces pour piano accordent davantage d’importance à la fluidité du jeu et à l’expression.

Mélodiste prolifique

Grand amateur de poésie, admirateur de Victor Hugo et de Paul Verlaine, Gabriel Fauré a composé plus de cent mélodies. Et si celles-ci font aujourd’hui encore référence, c’est parce qu’elles reposent sur un parfait équilibre entre chant et piano, tout en laissant entendre des modulations subtiles et une prononciation naturelle des mots sur la mélodie.

Durant plus de 50 ans de composition, le style de Fauré évolue indéniablement. Ses premières pièces sont plutôt intimistes puis, à la fin du XIXe siècle, la partie chant se veut plus forte et expressive, inspirée par le lyrisme italien.

Fauré retrouvera par la suite l'équilibre entre voix et piano qui caractérise son oeuvre, avant d’adopter un style particulièrement épuré, dans les dernières années de sa vie.

Dans un entretien accordé au Petit Parisien en avril 1922, il confie au sujet de ses mélodies : « On les a beaucoup chantées. Pas assez pour qu’elles aient fait ma fortune, mais bien trop tout de même, puisque les confrères prétendirent qu’ayant si bien réussi dans le genre, je devais m’y consacrer pour la vie. »

Des musiques intimistes aux oeuvres pour la scène

Gabriel Fauré ne s’est pas intéressé qu’aux musiques d’église ou de salons. En 1900, il crée ainsi une oeuvre gigantesque : Prométhée. Pas moins de 400 musiciens et 200 choristes se partagent la scène des arènes de Béziers. Treize ans plus tard, il s’essaie également à l’opéra avec _Pénélop_e, mais l’oeuvre ne rencontre pas le succès escompté.

Fauré et l’orchestre, un rendez-vous manqué ? Non, et sa très célèbre Pavane, devenue un des plus grands ‘tubes’ du répertoire classique, en est certainement le meilleur exemple.

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Du professeur adoré au directeur critiqué

Gabriel Fauré reçoit enfin la reconnaissance qu’il a tant espérée en 1896, lorsqu’il est nommé professeur de composition au conservatoire de Paris. Il est ainsi le maître d’illustres compositeurs du XXe siècle : Maurice Ravel, Georges Enesco, Nadia Boulanger ou encore Charles Koechlin.

On le dit très proche de ses élèves, avec lesquels il n’hésite pas à collaborer. Sa suite Pelléas et Mélisande, composée pour une représentation spéciale à Londres, est ainsi orchestrée par Charles Koechlin.

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En 1905, Fauré est nommé directeur du conservatoire de Paris, où il entreprend une grande réforme de l’enseignement. Il fait alors l’objet de vives critiques. Sa nomination, d’abord, est contestée : il n’est pas un ancien élève du conservatoire et n’a remporté aucun Prix de Rome. Quant à l’exercice de ses fonctions, son comportement est jugé trop sérieux et sévère, allant jusqu’à causer la démission de certains professeurs.

Quand surdité rime avec nouveaux horizons

Le véritable ennemi de Gabriel Fauré en ce début de XXe siècle n’est pas la critique, c’est sa surdité.

Le musicien n’entend plus, mais il n’a pas pour autant l’intention d’arrêter de composer. Il se lance ainsi dans l’exploration d’un univers musical intérieur, donnant naissance à des œuvres d’un style nouveau, plus épuré, tel que son dernier recueil de mélodies, L’horizon chimérique, ou son Quatuor à cordes, achevé quelques mois avant sa mort, en 1924.

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